Le débat dans le secteur énergétique reste dominé, depuis quelques années, par la nécessité de relancer celui de la pétrochimie dans lequel l’Algérie accuse un retard important par rapport à son expérience, les infrastructures réalisées il y a des décennies, et au potentiel qu’elle requiert. Un ministre du secteur, Abdelmadjid Attar, déclarait il y a près de deux ans, quand il était aux affaires, que notre pays est dans ce domaine engagé dans une «course contre la montre».

Synthèse de Kahina Sidhoum
Son explication était qu’il va falloir y aller le plus rapidement possible, non seulement parce que les plus-values à gagner sont importantes, mais parce que dans un peu plus d’une décennie, une part de plus en plus importante des hydrocarbures liquides sera destinée à l’industrie pétrochimique. Il avait indiqué que Sonatrach, seule ou en partenariat avec des opérateurs internationaux du secteur, disposait pour la relance du secteur d’un «important» portefeuille avec 8 projets (en dehors des phosphates) d’un montant d’investissement estimé entre 16 et 21 milliards de dollars en fonction de certaines options pour le méthanol.
Parmi les projets cités par l’ancien ministre, la production du méthanol, la déshydrogénation du propane et la production de polypropylène, entre autres. La logique, avait encore expliqué le ministre, est que l’Algérie est en situation de rentabiliser son secteur pétrolier à travers le développement d’activités pétrochimiques nécessaires au secteur industriel à différents niveaux dans le pays.
Parmi les annonces phares de M. Arkab, le lancement de la réalisation d’un projet de deux unités, pris en charge par Sonatrach, pour la production de substances pétrochimiques nécessaires à l’industrie nationale, à savoir une unité de production de 200 000 tonnes/an de méthyl tert-butyl éther dans la zone industrielle (ZI) d’Arzew en sus d’un complexe de production de 100 000 tonnes/an d’alkylbenzène linéaire au niveau de la ZI de Skikda.
Jeudi 11 août, un haut responsable de l’activité «raffinage et pétrochimie» à Sonatrach indiquait, pour sa part, que le groupe énergéticien algérien a affecté – pour la séquence quinquennale 2022-2026 – une enveloppe de 11 milliards de dollars. Miloud Amara a indiqué, lors d’une intervention à la Télévision publique, que ce montant est prévu dans le cadre d’un budget d’investissement global de 40 milliards de dollars. Les 11 milliards de dollars mobilisés, a-t-il expliqué, sont destinés au financement d’une stratégie orientée vers l’approvisionnement du marché national en matières premières pétrochimiques pour l’industrie, en général, et les PME-PMI, en particulier, mais également pour réduire l’importation et les transferts en devise.
Le directeur de la Division Exploitation Pétrochimie, Hacène Lama, a précisé sur le même plateau que Sonatrach possède actuellement sept complexes pétrochimiques comptant plus de 3 000 employés permanents, dont deux détenus à 100% par le groupe, et cinq autres réalisés dans le cadre de partenariats.
Ces infrastructures, a-t-il ajouté, ont permis de valoriser près de 5 milliards de m3 de gaz naturel au cours de l’année et d’exporter plus de 1 milliard de dollars en produits pétrochimiques en 2019. Ce chiffre, a-t-il prévu, devrait être multiplié par deux en 2022. Outre les MTBE (Méthyl tert-butyl éther), la production de l’alkyle-benzène linéaire (LAB), le complexe de craquage du naphta et du gaz de pétrole liquéfié (GPL) avec une capacité de production de 1 million de tonnes/an qui sera réalisé au niveau de la zone industrielle de Skikda, le responsable a rappelé également le projet de réalisation, en Turquie, d’un complexe pétrochimique de transformation du propane en polypropylène, dans le cadre d’un projet d’investissement à l’étranger pour le groupe Sonatrach
Pour sa part, le responsable de la division «Raffinage et Pétrochimie», M. Amara, a considéré que le développement de la pétrochimie permettra à la Sonatrach de valoriser les produits hydrocarbures fabriqués localement dans ses complexes et ses raffineries et d’économiser la monnaie en devise, citant, à titre d’exemple, que la Sonatrach a dégagé, en 2021, près 170 millions de dollars pour l’importation du MTBE.
Concernant la réalisation à Skikda d’une unité de production de l’essence linéaire utilisé dans la fabrication des détergents, M. Amara a fait savoir que ce projet est en cours de réalisation et que le contrat sera signé en mars 2023 après achèvement de la phase de sélection du partenaire, précisant que le délai de réalisation a été fixé à 36 mois. <