Ce constat, établi par l’Agence internationale de l’énergie et par le Professeur Nouar Tabet, constitue une nouvelle justification de la nécessité pour l’Algérie d’accélérer le développement de l’énergie solaire et de préserver les richesses hydrocarbures pour les générations futures.

Voici une bonne nouvelle pour les promoteurs des énergies renouvelables et les partisans d’un modèle énergétique moins carboné, plus respectueux de l’environnement, nombreux aujourd’hui en Algérie : l’électricité produite via le solaire à travers des centrales photovoltaïques est trois fois moins chère que l’électricité produite à partir de centrales électriques à cycle combiné, utilisant le gaz dans le cycle de production de cette énergie. Tel est le constat du Professeur algérien Nouar Tabet, enseignant et chercheur à l’Université de Sharjah aux Emirats arabes unis, lors de la journée d’étude sur l’économie d’énergie, organisée mardi dernier conjointement par le Conseil national économique et social (Cnes) et Sonelgaz.
Cette conclusion est établie à travers deux exemples concrets de prix du solaire, l’un produit dans des installations photovoltaïques au Maroc, le second dans celles d’Abou Dhabi. Le prix du kilowattheure à partir des installations photovoltaïques de Ouarzazate au Maroc ou celles d’Abou Dhabi est trois fois moins cher que l’électricité vendue par Sonelgaz à 4 dinars aux ménages et dont le prix de revient du kilowattheure est estimé à 12 dinars. Le kilowattheure produit en particulier par le solaire dans les installations de l’Emirat, Abou Dhabi faisant partie des Emirats arabes unis, d’une capacité de production de 1 000 MW est en moyenne de 1,35 cent de dollar américain, a-t-il souligné. Ce constat est également dressé par l’Agence internationale de l’énergie qui souligne que l’électricité solaire est actuellement la moins chère de toutes les énergies. A Ouarzazate, ce sont des installations CSP (solaire thermique) de plus de 500 MW et une installation photovoltaïque de 72 MW, à comparer avec la capacité de l’Algérie qui est actuellement de 400 MW seulement à partir de l’énergie solaire. Nouar Tabet relève également que le photovoltaïque est six fois moins cher que la filière CSP. La difficulté pour le photovoltaïque est le problème de stockage de l’énergie. L’installation ne peut produire la nuit, c’est ce qu’on appelle le problème d’intermittence, d’où la nécessité d’un mix gaz-solaire qui consiste le jour à utiliser les panneaux photovoltaïques et la nuit le gaz pour produire l’électricité. Le CSP, a nuancé le Professeur, n’a pas ce problème de stockage. Il peut produire la nuit. Pour régler ce problème d’intermittence, on peut utiliser les batteries mais elles sont chères actuellement. En dépit de cet inconvénient, le photovoltaïque s’avère moins cher que le solaire thermique, a-t-il ajouté. Et la tendance mondiale est à la diminution des prix des batteries. Ce qui ravive l’espoir que le coût des batteries devienne moins onéreux, réglant ainsi de manière définitive le problème d’intermittence et rompant ainsi la dépendance du photovoltaïque avec une autre source d’énergie pour produire l’électricité la nuit.
Deux ans sans aucun nouvel appel d’offres en Algérie !
Contacté sur le sujet, Boukhalfa Yaici, Président du cluster solaire, observe que le coût de production du kilowattheure peu cher dans le parc solaire d’Abou Dhabi est dû à un environnement très favorable au développement de cette énergie : terrains et raccordements gratuits, durée du crédit à 20-25 ans.
Les banques en Algérie n’accordent, elles, qu’un délai de remboursement de 7 à 8 ans. Le coût du kilowattheure retenu par l’appel d’offres de 200 MW, clôturé en 2018 en Algérie, est de 8 dinars. Ce coût de production très bas, outre le Maroc, est également constaté au Portugal. Le spécialiste déplore le grand retard que connaît le programme de développement des énergies renouvelables dans le pays. Le dernier appel d’offres en matière d’énergie solaire pour une capacité de 200 MW remonte à novembre 2018 : 150 MW pour les opérateurs locaux, 50 MW par Sonelgaz. Soit aucun nouvel appel d’offres lancé en l’espace de deux ans. A ce rythme, en combien d’années peut-on atteindre l’objectif du gouvernement Djerad de réaliser une capacité de 4 000 MW d’ici à 2024 ? Le Président du cluster ajoute que sur ces 200 MW de capacité de production d’énergie solaire, 100 MW n’ont pas trouvé preneurs. Pour les 50 MW remportés par le consortium Condor-Elsewedy, ce groupement n’a pas encore obtenu un accord de la Sadeg, filiale de Sonelgaz, sur le prix du kilowattheure, a-t-il précisé. Ce qui fait que les travaux de la centrale photovoltaïque de Condor-Elswedy ne sont pas encore lancés. Seul Sonelgaz a en cours de réalisation les 50 MW d’énergie solaire au titre du programme d’hybridation des centrales électriques au Sud du pays. L’expert reconnaît qu’il existe une volonté des pouvoirs publics de développer les énergies renouvelables. Mais celle-ci tarde à se concrétiser sur le terrain par, en particulier, la déclinaison du programme année par année et de la démarche à court et moyen termes pour parvenir à l’objectif susmentionné. Boukhalfa Yaici observe, à cet égard, que la nouvelle feuille de route en matière de développement des énergies renouvelables esquissée n’est, de surcroît, pas encore adoptée en Conseil des ministres. <