Plusieurs ouvrages, notamment beaucoup de romans, ont été publiés ces dernières semaines. En voici quelques-uns des titres disponibles en librairie

«Le jour où Pelé» Abdelkader Djemaï
Les éditions Barzakh viennent de publier le roman d’Abdelkader Djemaï intitulé «Le jour où Pelé», dans lequel il raconte un personnage qui réalise son rêve de voir jouer l’un des plus grands footballeurs de tous les temps et son idole absolue, mais qui perd de sa candeur et de son innocence lorsqu’il voit le monde changer autour de lui. Il y a exactement 53 ans, le 17 juin 1965, trois ans après l’indépendance de l’Algérie, Pelé et la mythique Seleçào débarquent à Oran pour disputer un match amical contre l’Equipe nationale, en présence du président Ahmed Ben Bella. C’est une ville encore traumatisée par les années de guerre et les exactions de l’OAS, mais ivre de toute sa nouvelle liberté, que le lecteur découvre à travers les yeux du jeune Noureddine. Le temps d’un match, l’adolescent va passer par tout le spectre des émotions. Jusqu’au dénouement final qui ne voit pas seulement la victoire des Brésiliens, mais aussi le coup d’État du colonel Boumediène. En l’espace de trois jours, Noureddine aura grandi et perdu un peu de son innocence. Abdelkader Djemaï est né en 1948 à Oran et vit en France depuis 1993. Considéré comme un des plus importants écrivains algériens de langue française, il est l’auteur d’une œuvre prolifique. Parmi ses romans, parus au Seuil (France) et aux éditions Barzakh (Algérie) : «Le Nez sur la vitre» (2004), «Gare du Nord» (2009), «La Dernière nuit de l’Émir» (2011).

«L’Amant imaginaire» Taos Amrouche
Les éditions Frantz-Fanon ont publié le 28 avril dernier l’ouvrage de Taos Amrouche intitulé «L’Amant imaginaire» de Taos Amrouche, accompagné d’une préface de l’universitaire Afifa Bererhi. Roman de la passion, «L’amant imaginaire» se présente sous la forme d’un journal qui débute en octobre 1952 et s’achève en août 1953 et où la part de l’écrit épistolaire est particulièrement présente. C’est la mécanique impitoyable d’une femme qui s’invente dans un monde qui la refuse. Alternant absurde, indifférence et révolte, Taos Amrouche écorche sa condition de femme, de Berbère, et se livre à travers des réflexions désabusés sur l’écriture, le rêve, l’amour, l’altérité et l’identité, la mort. Ce roman est l’expression vivace d’un attachement à l’origine en son état d’innocence et de pureté, ce que Jean Amrouche, le frère de Taos, appelle «l’esprit d’enfance». Il est à noter que les éditions Frantz-Fanon ont publié deux autres romans de Taos Amrouche. Il s’agit de «Solitude, ma mère» accompagné d’une préface d’Ahmed Cheniki (journaliste, essayiste, spécialiste du théâtre et professeur à l’université de Annaba), et de «Jacinthe noire» accompagné d’une préface de Yamilé Ghebalou, professeur de littérature à l’université d’Alger. Prix : 900 DA.

«Confessions d’un écrivain pas tenté» Samira Merbah
Les éditions Casbah ont publié récemment le roman de 128 pages, «Confessions d’un écrivain pas tenté» de Samira Merbah, dans la collection «Lettres». Née en 1978, Samira Merbah vit et grandit au sein de sa famille à Alger jusqu’en 1995, année où, le baccalauréat en poche, elle part vivre en Belgique et y effectuer ses études supérieures. Ayant achevé sa formation d’ingénieur industriel, elle travaille dans ce pays durant de nombreuses années, ce qui lui permet de s’intéresser à différents secteurs d’activité, parmi lesquels la sidérurgie, le pharmaceutique et l’informatique. En 2007, elle quitte la Belgique et s’installe au Québec, où elle travaille et réside actuellement. Sa formation scientifique ne l’empêche pas d’aimer la littérature et de vouloir partager cette passion en s’adonnant à l’écriture littéraire. Dans ce premier essai, un récit de fiction, elle tente de poser un regard sur notre époque et de rendre compte de ces questionnements existentiels qui demeurent au centre des préoccupations d’un grand nombre de nos contemporains. Ce roman est une invitation à une réflexion sur l’existence, le bonheur, les rapports humains. Prix : 750 DA.

«‘Âan ikhwanouna  al-jarha» Traduction du roman de Joseph Andras
Les éditions Barzakh viennent de publier «‘Âan ikhwanouna al-jarha», la traduction arabe du roman «De nos frères blessés» de Joseph Andras. Cette traduction de qualité est signée le poète, traducteur et journaliste Salah Badis. Le roman de Joseph Andras relate l’arrestation, l’interrogatoire, la détention, le procès d’Iveton. Il évoque également son enfance dans son pays, l’Algérie, et s’attarde sur sa rencontre en France avec Hélène, qui deviendra son épouse. La violence extrême des ultimes semaines de son existence est mise en perspective avec le bonheur du passé, comme pour rappeler que Fernand Iveton est simplement un homme qui aura aimé et espéré… «Un roman percutant, tendu par la nécessité de la justice et cinglant comme une sentence». Ce roman paru aux éditions Actes Sud en France et aux éditions Barzakh plante le décor à Alger durant l’année 1956. Fernand Iveton- ouvrier communiste anticolonialiste rallié au FLN- a trente ans quand il pose une bombe dans son usine à Belcourt. Il est dénoncé et interpellé avant que la bombe n’explose. Il n’y a ni blessés, ni morts. Il est pourtant condamné à la peine capitale et sera exécuté le matin du 11 février 1957, restant dans l’Histoire comme le seul Algérien d’origine européenne guillotiné de la Guerre d’Algérie.

«La vérité attendra l’aurore» Akli Tadjer
Paru en mars dernier aux éditions JC Lattès, le roman «La vérité attendra l’aurore» d’Akli
Tadjer vient de paraître aux éditions Casbah. Mohamed, narrateur et personnage principal du roman, est un quadragénaire triste et seul, quand bien même comblé par son métier d’artisan-ébéniste au passage du Grand-Cerf à Paris. Ayant mis en vente l’appartement de ses parents à Gentilly, il retourne dans ce lieu où il a vécu des jours heureux et tristes. Ses souvenirs ressurgissent et notamment un douloureux épisode de sa vie : la disparition de son frère Lyes, en Algérie dans les années 1990. Tombés tous deux dans un piège tendu par les Combattants de l’Islam, seul Mohamed est parvenu à s’enfuir. Vingt-cinq ans plus tard, il reçoit sur son compte Facebook un étrange message de Houria, une jeune femme qui habite Alger… Outre une histoire de l’émigration qu’il raconte à travers la vie quotidienne d’une famille en France dans les années 1980/90 et celle de la période de la «décennie rouge» en Algérie, Akli Tadjer dresse un portrait tendre, lucide et sans concession de l’Algérie d’aujourd’hui. Prix : 900 DA.

«Le Livre d’Amray» Yahia Belaskri
Les éditions françaises Zulma (qui éditent notamment la revue de littérature et de réflexion «Apulée») ont publié récemment le nouveau roman de Yahia Belasrki intitutlé «Le Livre d’Amray». Amray est né avec la guerre, entre le souffle du chergui et les neiges des Hauts-Plateaux. Mais bientôt son monde vacille et les amis d’enfance quittent le pays. Resté là comme en exil, Amray, fils de fières et nobles figures de résistance, Augustin, la Kahina ou Abd el-Kader, part lui aussi chercher plus loin ses horizons. «Roman de toutes les premières fois, premier amour, premières folies, premiers combats, «Le Livre d’Amray» est une charge ardente contre tous les intégrismes, un chant vibrant d’amour pour une terre qui n’est jamais nommée, une Algérie rêvée et rendue à la vie –un chant d’espoir au monde», peut-on lire dans la présentation de l’éditeur. «On m’a dit que je naissais au monde, que les montagnes reculeraient devant mes aspirations, que les plaines donneraient plus de blé qu’elles n’en ont jamais produit et que les matins s’offriraient à mes pas juvéniles. Que ne m’a-t-on dit pour me laisser croire que j’étais un homme libre !», écrit l’auteur. Né à Oran en 1952, Yahia Belaskri a notamment publié «Si tu cherches la pluie, elle vient d’en haut» (Prix du roman Ouest-France Étonnants Voyageurs 2011), «Les Fils du Jour» (Prix Beur FM Méditerranée 2015), et «Abd el-Kader, le combat et la tolérance» (2016). Son œuvre est publiée en Algérie principalement aux éditions Apic.

«Récits et témoignages  de militants de la Fédération du FLN de France» Karim Younes
Les éditions Chihab ont publié en avril dernier le nouvel essai de Karim Younes intitulé «Récits et témoignages de militants de la Fédération du FLN de France». Dans cet ouvrage Karim Younes met en exergue certains aspects historiques de la guerre de Libération nationale, à travers des faits vécus par des personnages quelque peu oubliés ou dont la participation à la cause nationale n’a pas bénéficié de l’éclairage mérité. L’auteur ne revendique pas la qualité d’historien, mais bien celle d’auteur engagé. Il fait vivre son récit à travers le militant Mohand Arezki Aït Ouazzou, un des chefs de zones de la Fédération du FLN de France, le combat de ce héros parmi les héros constitue la matrice de la narration.
C’est donc un roman de guerre couplé avec la biographie d’un acteur, toujours vivant. Un acteur, au sens premier du terme : celui qui agit, apporte des témoignages de vie, d’action militante, de participation à la lutte de libération nationale, un acteur des années interminables de détention et de souffrance et enfin, de son activité intense au sein de la Fédération. À travers ce récit, l’auteur exhume le souvenir de nombreux héros. Certains ont disparu, d’autres sont encore en vie. Ils ont un point d’ancrage commun : l’amour de la patrie. Karim Younes est l’auteur de plusieurs essais ; «Récits et témoignages de militants de la Fédération du FLN de France» est le septième. Prix : 1300 DA.