Le gouvernement a, une nouvelle fois, écarté la possibilité du retour au régime de retraite anticipée en raison de la situation financière de la Caisse nationale des retraites (CNR). Cependant, les syndicats de la Fonction publique continuent de réclamer d’instituer la retraite proportionnelle qu’ils considèrent comme un « acquis social » qu’il faut préserver. La suppression de la retraite anticipée a fait, en effet, l’objet d’importants mouvements de protestation dans plusieurs secteurs depuis son abrogation en 2016.
PAR MILINA KOUACI
Réagissant à une question du député Ali Mouilhi, lors d’une plénière, jeudi dernier, à l’Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Youcef Cherfa, a fait part une nouvelle fois de l’impossibilité d’un éventuel retour de la retraite sans conditions d’âge pour le moment et dans le contexte actuel. « Le retour à la retraite proportionnelle sans condition d’âge, mesure exceptionnelle à la base, n’est pas de mise pour le moment » au regard de la situation financière de la Caisse nationale de retraite (CNR).
Le ministre explique, comme ses prédécesseurs, que la CNR est confrontée à un déficit financier dû au manque de cotisants. « La CNR enregistre 1,92 cotisant pour un seul retraité, alors que l’équilibre financier de la Caisse requiert 5 cotisants pour un seul retraité », ajoute le ministre.
Il rappelle que la retraite proportionnelle sans condition d’âge a été instituée en 1997 en raison des conditions socioéconomiques prévalant dans le pays à cette époque et suite à l’application du programme du FMI, qui a entraîné la fermeture de nombreuses entreprises et le licenciement d’un grand nombre de travailleurs. Le ministre du Travail rassure que « l’Etat demeure attaché à ses principes et ses valeurs sociales ».
Nonobstant, le déficit de la CNR est un argument qui ne convainc pas les syndicats autonomes qui comptent soulever encore cette revendication au gouvernement ainsi qu’au ministère du Travail. « C’est l’une des revendications principales des travailleurs de la Fonction publique », dit Boudjemaa Chihoub, secrétaire général de l’Organisation nationale des professeurs de l’Education (ONPE). Les travailleurs des différents secteurs exigent de rétablir la retraite proportionnelle, notamment le corps enseignant. « Nous avons une rencontre bilatérale avec le ministre de tutelle dans le cadre des rencontres consacrées à la révision du statut particulier du personnel du secteur de l’Education. Et nous allons saisir l’opportunité pour exprimer notre attachement à la revendication consistant à rétablir la retraite anticipée », dit M. Chihoub. A ses yeux, aucun syndicat de la Fonction publique ne lésinera à défendre ce dossier auprès de sa tutelle et auprès du ministère du Travail.
Concernant les enseignants, le secrétaire général de l’ONPE indique que « les enseignants ne peuvent travailler jusqu’à 60 ans ». « Le métier de l’enseignement est éprouvant. On ne peut tolérer de travailler 30 ans pour partir en retraite », clame notre interlocuteur. Si le gouvernement maintient sa position, « nous demanderons d’instituer une mesure spéciale pour le corps enseignant en lui permettant de partir en retraite après 25 ans de service », poursuit M. Chihoub, qui n’omet pas de rappeler que le métier de l’enseignant ferait partie des métiers à haute pénibilité; une nomenclature qui permet de bénéficier de la retraite anticipée.
Sur un autre volet, il fait savoir que les syndicats autonomes constituant la Confédération des syndicats algériens (CSA) se réuniront durant les vacances scolaires pour débattre des questions d’actualité, notamment, la chute du pouvoir d’achat, l’augmentation des salaires et les actions à entreprendre afin d’arracher leurs droits. La CSA réclame l’amélioration du pouvoir d’achat, la création d’un Observatoire national du pouvoir d’achat et de l’indice de la cherté de la vie afin de garantir un équilibre du pouvoir d’achat et de préserver la dignité des salariés, le droit au départ à la retraite anticipée.
« Nous avons demandé une augmentation conséquente des salaires et celle du point indiciaire à 100 DA. Si l’augmentation est infime, il y aura possibilité de recourir à la protestation », conclut Boudjemaa Chihoub. n