Bien que la reprise des activités touristiques soit encore timide, elle est bien réelle. Dès la réouverture des routes et des plages, les agences de voyages comme les infrastructures hôtelières se sont réappropriées les réseaux sociaux pour faire la promotion de leurs offres et séjours et attirer un maximum de clients.
Les destinations étrangères n’étant pas encore à l’ordre du jour, les opérateurs de voyages se rabattent surtout sur le tourisme national, en proposant des séjours à Oran, Béjaïa, Annaba et Mostaganem à des «prix compétitifs». «Depuis la réouverture des plages et des routes, nous avons lancé plusieurs voyages organisés à Annaba et Oran. La demande, certes, n’est pas très importante, mais nous avons pu constituer des groupes et les voyages se sont très bien passés, dans le respect du protocole sanitaire», assure la gérante de l’agence de voyages «Voyage du cœur», Nacera Moumen.
La non-programmation des destinations étrangères, toutefois, qui sont la source principale des revenus de ces opérateurs durant la saison estivale, affecte considérablement leur business. Ce sont ces destinations surtout qui attirent les touristes nationaux vers les agences de voyages. Quand il s’agit de produits nationaux, les touristes algériens préfèrent, pour la plupart du temps, se charger seuls des réservations sans passer par les agences de voyages. «Pour rattraper le préjudice financier causé par la crise sanitaire, les hôteliers ont lancé de vastes campagnes de publicité que les agences de voyages ne peuvent se permettre. Ces hôteliers ont réussi à attirer des clients qui effectuent des réservations chez eux sans passer par les agences», souligne le chargé de la communication de la Fédération nationale des agences de voyages (FNAV).
C’est ce qui a permis aux infrastructures hôtelières, publiques surtout, de générer des entrées confortables depuis la réouverture des plages. Le complexe «les Andalouses» à Oran et «les Hammadites» à Bejaïa affichent complets, selon les agences de voyages. Ces complexes sont investis non seulement par les agences de voyages et l’Office national algérien du tourisme (Onat), mais aussi par des particuliers. Que des particuliers occupent ces complexes durant la saison estivale est une première, selon le responsable des bungalows au complexe de Mazafran. «D’habitude, ce sont surtout les grosses entreprises, via les œuvres sociales, qui occupent les complexes publics durant la saison estivale. Mais la crise sanitaire et financière a modifié les plans des vacances de ces entreprises. Ce sont donc des particuliers, de simples citoyens, qui ont réservé chez nous. Quatre jours seulement après la réouverture des plages, tous nos bungalows étaient réservés tandis que nos appartements sont sur le point de l’être», soutient-il.
Mais pour les agences de voyages, le préjudice financier n’est pas près d’être résorbé en dépit de la reprise. «Ce n’est pas l’organisation de quelques séjours ici et là qui va nous permettre de dépasser cette crise financière. Jusqu’à présent, nous ne savons pas encore combien d’agences de voyage ont fermé, faute d’une étude sérieuse de recensement des agences de voyages sur le nombre exact de ces opérateurs», déplore le représentant de la FNAV. Il se réjouit, néanmoins, que la crise sanitaire ait permis la diminution des opérateurs «opportunistes». «Ils sont nombreux à profiter de la saison estivale et surtout de la omra pour faire des affaires, en faisant de l’ombre aux agences de voyages. Leur nombre a certes diminué depuis la crise sanitaire, mais il faudra que la omra soit annulée pendant au moins trois ans pour qu’ils disparaissent complètement !», estime-t-il. Pour lui, la saison saharienne est la seule porte de salut des opérateurs de voyages pour réellement les aider à remonter la pente financière. Pour l’instant, la date de l’ouverture officielle par les pouvoirs publics n’est pas encore fixée. Les opérateurs pensent que l’ouverture se fera probablement à la fin du mois de septembre, début octobre au plus tard. Mais les opérateurs ne comptent pas attendre l’ouverture officielle pour faire leurs offres. Certains proposent déjà des séjours à Ghardaïa et à Taghit, des destinations ne nécessitant pas le transport aérien, à la fin du mois de septembre.
Pour ce qui est des destinations comme Tamanrasset et Djanet, les plus prisées par les touristes nationaux, les agences de voyages implantées dans le Sud espèrent la réouverture du transport aérien, au niveau national du moins. «Seulement, afin que les agences de voyages puissent investir dans les produits sahariens, elles auront besoin d’une aide financière. Comme elles n’ont pas droit aux aides de 30 000 DA, on pourrait au moins leur accorder des crédits bancaires. Nous avons sollicité les pouvoirs publics sur cette question sans avoir eu encore de réponse», conclut le chargé de la communication de la FNAV. n