Par Sihem Bounabi
Six morts et quatre disparus suite au naufrage de leur embarcation. La ville de Baïnem s’est réveillée, hier matin, avec la funeste nouvelle d’un nouveau drame de l’émigration clandestine au large des côtes algériennes. En effet, six migrants sont morts après le naufrage de leur embarcation, tôt dans la matinée, près de la plage du Grand Rocher à Hammamet sur la côte ouest d’Alger. Six autres personnes blessées, dont une femme enceinte, ont été secourues par les Garde-côtes algériens et transférées à l’hôpital de Baïnem pour recevoir les soins nécessaires. Selon les images transmises en direct sur la chaîne de télévision privée Ennahar, qui a rapporté l’information, des recherches menées par les Garde-côtes et les éléments de la Protection civile se poursuivent pour retrouver d’autres migrants qui étaient dans le bateau et qui sont portés disparus. Selon les premières informations recueillies, l’embarcation de fortune, à bord de laquelle se trouvaient 16 ressortissants de divers pays d’Afrique subsaharienne, âgés entre 20 et 30 ans qui tentaient de traverser la Méditerranée, a chaviré vers 4 heures du matin près de Baïnem, à quelques kilomètres à l’ouest du centre d’Alger. Les migrants sont partis de la plage du Grand Rocher à bord d’une simple embarcation qui devait mettre entre 16 et 18 heures pour rallier Alicante, en Espagne. Les embarcations de fortune surnommées « Bouti » sont à l’origine de plusieurs drames ces derniers mois à cause de la surcharge et de la négligence des passeurs en mer qui mène inévitablement à la tragédie. Ce drame au large des côtes de Baïnem rappelle tristement celui qui s’est déroulé au mois de mai dernier au large des côtes de la wilaya de Tipasa où onze harraga algériens ont trouvé la mort et cinq autres ont été portés disparus, endeuillant la ville de Fouka d’où était originaire la plupart d’entre eux. A bord de cette embarcation, il y avait également 16 personnes, dont des enfants et des femmes. Bien que de nombreuses tentatives de traversée clandestine de la Méditerranée avec des « Bouti » se soient souvent terminées en drame, cela ne semble pas dissuader les candidats à l’émigration clandestine qui nourrissent un trafic humain et qui enrichissent les réseaux des passeurs au détriment de la vie humaine. En effet, selon ce que rapportent les médias, pour réserver une place sur ce genre d’embarcation, il faut débourser entre 200 000 et 300 000 dinars, ce qui est plus abordable que pour une place sur un bateau de type « Sari » (rapide) ; des zodiaques rapides et plus sûrs pour la somme faramineuse de 900 000 dinars. Pour lutter contre ce phénomène, l’Algérie procède régulièrement à des opérations de démantèlement de réseaux de passeurs et des mises en échec de traversées clandestines. Ainsi, du 27 juillet au 2 août dernier, les Garde-côtes ont procédé au sauvetage de 147 individus à bord d’embarcations de construction artisanale, alors que 39 immigrants clandestins de différentes nationalités ont été arrêtés à travers le territoire national, selon le bilan opérationnel de l’ANP. Selon le MDN, durant le premier semestre de cette année, soit entre le 1er janvier et le 2 août 2022, les garde-côtes ont déjoué des tentatives d’émigration clandestine, et secouru 2 352 personnes. En 2021, il y a eu 6 426 opérations menées et en 2020 plus de 8 000 candidats à l’émigration clandestine à partir des côtes du littoral algérien ont été interceptés. En décembre dernier, l’Ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne (UE) en Algérie, Thomas Eckert, avait annoncé le chiffre de 14 000 personnes qui ont rejoint, à partir de la côte ouest algérienne et du Maroc, l’Espagne, durant les neufs premiers mois de l’année 2021. n