L’inflation a commencé à refluer en septembre. La hausse des prix à la consommation a reculé à 8,7% en glissement annuel (septembre 2022/septembre 2021), contre 9,8% en août dernier, en moyenne annuelle, selon les dernières estimations publiées par l’Office national des statistiques (ONS). Ces données accréditent l’hypothèse d’un ralentissement de l’inflation après plusieurs mois de hausse ininterrompue.

Par Hakim Ould Mohamed
Le rythme d’inflation annuel (octobre 2021 à septembre 2022/octobre 2020 à septembre 2021) a, en effet, baissé à 9,4%, contre 9,5% en août en glissement annuel. Un repli attendu au lendemain de l’opération de désinflation menée par la Banque d’Algérie au moyen d’un réajustement à la hausse du cours de change du dinar par rapport aux deux principales devises, mais qui demeure faible par rapport à l’ampleur de l’érosion qu’a connue le pouvoir d’achat des Algériens durant ces dernières années. Cette baisse des prix à la consommation serait due à la décrue des prix sur les marchés mondiaux au troisième trimestre de l’année en cours, même si ces derniers restent élevés par rapport aux prix observés à la même période de l’année dernière. La Banque mondiale a indiqué plus tôt cette semaine qu’au troisième trimestre de 2022, les prix du blé, à titre d’exemple, ont chuté de près de 20%, mais restent supérieurs de 24 % à leur niveau d’il y a un an. En théorie, une baisse des prix des produits importés se traduit par une baisse des coûts de la production et un repli des prix à la consommation. Le reflux de l’inflation serait dû à l’appréciation de la monnaie nationale par rapport au dollar et à l’euro, dont le réajustement à la hausse a été entamée en juillet, mais aussi à une baisse des prix des produits de base sur les marchés mondiaux au troisième trimestre de l’année. Cependant, malgré ce reflux, la fièvre demeure élevée et participe à l’érosion du pouvoir d’achat des ménages. Conscient de cette fonte de grande ampleur du pouvoir de vivre des Algériens, l’Exécutif consacre un long chapitre dans son projet de budget pour 2023 aux mesures à caractère social, dont la revalorisation des salaires et des pensions de retraite, la révision à la hausse de l’allocation chômage et un dégel des embauches dans les secteurs de la Fonction publique. Ces mesures viennent en complément des dispositions introduites dans la loi de finances de l’actuel exercice, se rapportant essentiellement à la baisse de l’IRG-salaire, à la hausse du point indiciaire de la Fonction publique, à la défiscalisation des revenus de moins de 30.000 dinars et à l’institution d’une allocation chômage au profit des demandeurs d’emplois. Pour stabiliser les prix à la consommation, le chef de l’Etat avait instruit son gouvernement de mettre en place un mécanisme permettant à l’Etat de prendre en charge le différentiel des prix à l’importation et ceux appliqués aux transformateurs des produits alimentaires. La baisse de l’indice des prix à la consommation et du taux d’inflation en glissement annuel vient d’être confirmée par l’ONS. La moyenne annuelle permet de constater le mouvement structurel des prix qui n’obéit pas à des facteurs de conjoncture. Cependant, en variation mensuelle, l’ONS a indiqué que l’indice brut des prix à la consommation de la ville d’Alger enregistre une hausse de 0,9% en septembre 2022 par rapport au mois précédent, soit une variation de moindre ampleur que celle relevée au même mois de l’année écoulée (+2,0% en septembre 2021 par rapport à août 2021). «Cette tendance à la hausse (+0,9%) qui intervient pour le deuxième mois consécutif (quoiqu’elle reste inférieure à celle observée au mois précédent +1,9%), traduit les évolutions des prix selon les catégories de produits», explique l’ONS dans son dernier bulletin statistique. Dans le détail, les prix des biens alimentaires marquent une croissance de 0,9% au mois de septembre dernier, induite aussi bien par l’évolution des prix des produits agricoles frais que par celle des produits alimentaires industriels. L’augmentation des prix des produits agricoles frais (+1,3%) est due essentiellement par celles observées au niveau des fruits (+21,0%), de la viande de poulet (+4,1%) ainsi que de la viande rouge (+4,0%). La variation des prix des produits alimentaires industriels (+0,6%) s’explique par le relèvement des prix d’un certain nombre de produits, notamment, le lait fromage et dérivés (+1,7%) ainsi que le café thé infusion (+2,1%), fait constater l’Office national des statistiques. Par ailleurs, les prix des produits manufacturés affichent un accroissement de 1,2%, par contre, ceux des services se caractérisent par une relative stagnation. Corrigé des variations saisonnières, l’indice des prix à la consommation enregistre, pour ce mois de septembre 2022, une hausse de près de 0,6% par rapport au mois précédent, souligne l’ONS. n