Face à une demande estimée à 50 000 tonnes/mois et une offre insuffisante, l’Etat table sur l’importation de viande fraîche à travers l’office public Alviar, mais aussi sur l’approvisionner du marché en viandes du Sud du pays, du Mali et du Niger. Objectif, assurer des prix raisonnables en prévision du Ramadan, mais aussi le restant de l’année en cours.

Par Khaled Remouche
Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et de l’environnement (Apoce), contacté par Reporters, indique que le ministère de l’Agriculture programme l’importation de viande fraîche, en prévision du Ramadan et pour le restant de l’année en cours, à partir d’Amérique latine, notamment d’Argentine, pour parer au déséquilibre enregistré entre l’offre locale et la demande.
Il convient de rappeler que l’appel d’offres concernant ces quantités de viande a été lancé en décembre dernier. Dans le cahier des charges prévu, il est spécifié, ajoute-t-il, que le prix de la viande importée cédée au consommateur ne doit obligatoirement pas dépasser 1 200 DA le kilogramme. Cela s’effectuera à travers 500 points de vente principalement de l’office public des viandes Alviar, mais aussi d’autres offices publics, rapporte le président de l’Apoce.
L’Etat se charge donc de cette opération d’approvisionnement en viande dans un contexte de flambée des prix de la viande ovine et bovine où le kilogramme dépasse depuis plusieurs mois les 2 000 dinars et au moment où ce déséquilibre entre l’offre et la demande en viande n’est pas bien cerné. «Nous ne connaissons pas aujourd’hui avec exactitude le nombre de têtes de bovins et d’ovins. Nous attendons les résultats du recensement de ce cheptel», effectué par le ministère de l’Agriculture avec le concours des wilayas, observe Mustapha Zebdi. «Avec ces chiffres, nous pouvons savoir si le déséquilibre entre l’offre et la demande est important ou non», ajoute-t-il.
Bien que l’importation de cheptel vivant et abattu en Algérie en vue d’approvisionner le marché en viande soit toujours autorisée, indique le premier responsable de l’Apoce, le gouvernement table sur un programme supplémentaire d’importation pour mettre à disposition des ménages de la viande à des prix raisonnables à partir du mois de Ramadan, caractérisé par une hausse de la demande sur ces protéines. Tout simplement, parce que la viande à partir du cheptel vif importé et abattu localement est cédée à partir de 2 000 dinars chez les détaillants. Le président de l’Apoce reconnaît que la filière viande rouge reste désorganisée et précise qu’elle est dominée par l’informel. «Les transactions de manière générale s’effectuent sans bons de vente ou factures. Il n’y a pas comme dans d’autres filières agricoles de façon générale de traçabilité. La majorité des intervenants dans cette filière ne recourent pas au circuit formel, la carte de l’agriculteur ou de l’éleveur pour bénéficier de la subvention et des aliments de bétail à des prix subventionnés». Le système de distribution de la viande s’en trouve ainsi impacté.
«Il existe certes de grands abattoirs modernes en Algérie, mais leur rendement reste insuffisant», souligne Mustapha Zebdi. Il relève que certains éleveurs procèdent à l’abattage de la brebis, conséquence, à notre sens, de ce déséquilibre entre l’offre et la demande parce qu’elle coûte moins cher. «C’est une catastrophe», commente-t-il à propos de ce recours à ce genre de cheptel.
Une demande domestique estimée entre 500 000 et 600 000 tonnes/an
A noter que la demande domestique en viande est estimée entre 500 000 et 600 000 tonnes/an, soit 40 000 à 50 000 tonnes/mois. Le nouveau système de distribution pour approvisionner le marché au cours du mois de Ramadan et le restant de l’année à des prix ne dépassant pas 1 200 dinars table sur l’office public Alviar sous la tutelle du ministère de l’Agriculture pour importer de la viande fraîche en quantités importantes selon le ministre, pour couvrir le marché mais également sur les quantités acheminées par cet office du Sud du pays ainsi que la viande de bovin à partir du cheptel importé du Mali et du Niger et abattu à Tamanrasset.
Cette solution est une nouvelle mise à l’épreuve de la capacité des structures de l’Etat à approvisionner le marché en quantités et à des prix raisonnables. Les précédentes opérations ont connu un flop. Cependant, cette fois, les moyens semblent plus importants pour atteindre cet objectif. Selon plusieurs acteurs de la filière, ils préconisent pour que ce remède soit durable la suppression des droits de douane et de la TVA qui représentent 46% sur le cheptel importé pour être abattu localement et le plafonnement des marges bénéficiaires si on veut céder la viande ovine et bovine à des prix ne dépassant pas 1 200 dinars. n