PAR NAZIM B.
Le verdict dans le procès en appel de l’ex-directeur de la résidence d’Etat dite «Sahel», Hamid Melzi et ses co-accusés, dont les anciens Premiers ministres Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, a été rendu hier par la Cour d’Alger.
Verdict duquel ressort un allègement de la peine retenue en première instance contre Melzi et une confirmation des peines infligées à Ouyhia et Sellal, condamnés par ailleurs dans d’autres affaires. Melzi a été ainsi condamné à 3 ans et demi de prison au moment où le pôle économique et financier du Tribunal de Sidi M’hamed l’avait condamné, en première instance tenue au mois de septembre dernier, à une peine de 5 ans de prison ferme et une amende de 8 millions de DA.
Placé en détention provisoire depuis mai 2019, Hamid Melzi est poursuivi pour plusieurs chefs d’accusation, notamment pour blanchiment d’argent, transfert de biens provenant de la criminalité, abus de fonctions pour l’acquisition d’indus privilèges, incitation d’agents publics à exploiter leur influence outre la conclusion de contrats en violation des dispositions législatives et réglementaires en vigueur. Cependant, la Cour d’Alger a confirmé, hier, les jugements rendus en première instance à l’encontre d’Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal. Il faut souligner que le jugement rendu en première instance à l’encontre des deux autres accusés, à savoir Bekhouche Allache, ex-Directeur général d’Air Algérie, et Fouad Cheriet, ex-directeur de la Résidence El Mithak, a été annulé. L’ex- Directeur général d’Algérie Télécom, Ahmed Choudar, a été condamné, faut-il le rappeler, à un an de prison avec sursis et une amende de 200 000 DA. La même juridiction a également confirmé les jugements rendus en première instance à l’encontre des personnes morales (sociétés de Melzi et de ses fils), avec dédommagement du Trésor public avec un montant de 100 millions de DA. En ce qui concerne Ahmed Ouyahia, il a été condamné à une peine de 6 ans de prison ferme assortie d’une amende d’un million DA, alors que Abdelmalek Sellal s’est vu infliger une peine de 5 ans de prison ferme, assortie d’une amende d’un million de DA. Les fils Melzi, Ahmed, Salim et Mouloud, ont été condamnés, quant à eux, à une peine de 2 ans de prison ferme, assortie d’une amende de 8 millions DA, et son quatrième fils Walid, à une année de prison ferme ainsi qu’une amende d’un million DA. Aussi, les sociétés des fils Melzi doivent s’acquitter, in solidum, d’une amende de 32 millions de DA et leur père condamné à verser au Trésor public une amende de 20 millions de DA à titre de dommages et intérêts avec le gel de tous ses comptes bancaires.
Enfin, l’ex-directeur d’Air Algérie Bekhouche Allache a été condamné à 2 ans de prison, dont un avec sursis et une amende de 500 000 DA ; l’ex-Directeur général d’Algérie télécom, Ahmed Choudar à an de prison ferme, assortie d’un million DA et l’ex-directeur de la résidence officielle El Mithaq, à un an de prison avec sursis et une amende de 200 000 DA.
A rappeler que les poursuites judiciaires contre Hamid Melzi et ses coaccusés ont débuté en mai 2019 par le placement sous mandat de dépôt du gestionnaire des luxueuses résidences d’Etat, dont Club-des- pins et Moretti. S’en est suivie une longue enquête de près de deux ans qui aurait établie, selon l’accusation et plusieurs sources de presse, que Hamid Melzi se serait rendu coupable de «favoritisme» avec l’aval de l’ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia. Les faits concernent plus précisément l’attribution d’un projet de construction de 380 logements pour les résidences à une entreprise chinoise pourtant classée troisième lors de l’appel d’offres. La transaction aurait entraîné une perte de près de trois milliards de dinars au Trésor public. Et dans le même temps, l’enquête, des indications et le procès ont laissé entendre que Hamid Melzi était à la tête d’un patrimoine «injustifié» de plus de 80 millions de dinars inscrit sur un compte au niveau de l’agence CPA de Aïn Benian. Mais la descente aux enfers de Hamid Melzi avait commencé dès le 25 avril 2019, soit quand la présidence informait par un simple communiqué de la «fin de fonction» du responsable en tant que Directeur général de l’Etablissement public Sahel sur lequel il a régné pendant de longues années, ce qui lui avait permis de tisser des «liens» avec de hauts responsables de l’Etat. Un prélude à une mise sous mandat de dépôt le 7 mai de la même année, sur ordre du juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed.
Le nom de Hamid Melzi a été cité en juillet 2019 lors de l’audition par la Cour Suprême de l’ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia.