Prévue aujourd’hui, la rencontre nationale qui devait regrouper, à Alger, des activistes et différentes composantes du Hirak, prélude à la tenue d’une conférence inclusive, a été reportée par les initiateurs, faute d’une autorisation de l’administration.
Les animateurs, dont les acteurs de l’initiative de la société civile pour le changement ayant tenu une conférence nationale en 2019, des collectifs d’étudiants, des journalistes, des avocats et autres activistes, expliquent que « la conférence inclusive ne vise pas à représenter le Hirak, ni à le structurer ou le transformer en un pôle politique, mais espère coordonner entre les acteurs présents au sein du Hirak pour concrétiser ses revendications ». Un objectif qui passe par deux étapes. La première étant justement cette rencontre prévue aujourd’hui. Pour la deuxième étape qui interviendra plus tard, ce sera « une continuité à la rencontre du 20 février, pour arriver à une feuille de route consensuelle qui répond aux revendications du Hirak populaire et pacifique, pour une transition démocratique ».
Hier, les initiateurs se sont dits « surpris »
par « l’absence d’autorisation » de la part des services de la DRAG de la wilaya d’Alger, malgré un « accord des responsables du complexe sportif (Salle Harcha». « Ce qui nous a contraint à reporter cette rencontre qui devait regrouper des centaines d’activistes du Hirak de tous les coins du pays », affirment-ils, rappelant au passage l’interdiction d’organiser une conférence de presse le 16 février à l’hôtel El Biar.
Dans une déclaration, ces militants ont dénoncé avec force des « comportements autoritaires qui vont à l’encontre du discours officiel qui vante un Hirak béni et fait croire à une levée des entraves et une facilitation du travail associatif et politique ». « Cela prouve que le régime reste fidèle à ses pratiques autoritaires, exploitant des lois scélérates qui empêchent les Algériens de jouir de leur droit à la réunion », assènent-ils.
Malgré ce report donc, ils affirment maintenir leur « détermination » à continuer le chemin dans cette initiative, à travers laquelle ils espèrent « contribuer au combat pacifique jusqu’à satisfaction des revendications légitimes du Hirak ».
Saïd Salhi, vice-président de la LADDH qui intervenait le matin au forum de RAJ, a accusé le pouvoir de « travailler de manière insidieuse pour vider le Hirak de sa substance politique ». « Mais il faut continuer à marcher et surtout à porter des initiatives politiques », a-t-il plaidé, ajoutant que « durant la première année, le Hirak a libéré la parole, pour la deuxième année, nous devons libérer l’espace public et l’espace institutionnel ».
Pour la rencontre reportée de ce 20 février, elle devait être sanctionnée, selon ses initiateurs par deux documents : « La déclaration du 22 février et un engagement ». En ce qui concerne la déclaration, « elle aura comme point de départ les slogans du Hirak pour le définir et tracer ses spécificités, ses principes notamment le pacifisme et l’unité ». Elle aura aussi à énumérer ses revendications notamment « pour une rupture avec le système politique en place ». Un certain nombre de principes devaient y figurer pour consacrer le peuple comme seule source du pouvoir, à travers une transition démocratique permettant la construction de l’Etat de droit et des libertés.
« Pour cela, le Hirak du 22 février se poursuit comme un devoir national », écrivent les animateurs pour, ajoutent-ils, consacrer « la volonté populaire », « les droits de l’homme, les libertés collectives et individuelles » ainsi que
« l’égalité entre citoyens devant la loi et une justice indépendante », outre « le droit à une presse libre ».
Quant au document d’« engagement », il devrait insister entre autres sur « la libération des détenus d’opinion sans condition, la levée des entraves sur le Hirak à travers les wilayas et l’accès aux médias publics et privés ».