Le ministère de l’Education nationale a tenu, samedi, une rencontre avec l’ensemble des partenaires sociaux consacrée à la présentation des conclusions et des recommandations retenues par la Commission chargée de la révision du statut particulier des corps spécifiques du secteur. Plusieurs syndicats expriment leurs réserves et affirment que leurs propositions n’ont pas été prises en compte.

PAR MILINA KOUACI
Le président de l’Organisation nationale des professeurs de l’éducation (Onpe) ne cache pas sa déception. Il regrette que la totalité de la mouture du nouveau texte de loi n’ait pas été communiquée. Il estime que selon les bribes dont le partenaire social a pris connaissance, «ses revendications n’ont pas été prises en compte».
«Contrairement à ce que nous a promis le ministre, la commission nous a exposé ses conclusions et quelques axes de ce que sera le nouveau statut particulier et non la mouture dans son intégralité», indique à props le président de l’Organisation nationale des professeurs de l’éducation. Il poursuit : «La majorité de nos propositions n’ont pas été prises en considération», laissant entendre que «le prochain texte n’améliore pas la situation des enseignants, alors que ce dossier a été ouvert à cet effet». «Le ministère aurait pu prendre en considération une ou deux revendications du corps enseignant qui est en colère», dit-il. Il cite en particulier l’«unification» de la classification et la réduction du volume horaire. «Cela va se répercuter sur le cours de l’année scolaire et la stabilité du secteur». Ce dernier demande au ministère de «revoir» le projet de loi avant de le soumettre à la Fonction publique et à la commission ad hoc du gouvernement.
M. Chihoub reproche, par ailleurs, l’attitude du ministère qui garde le silence sur les classifications. «Nous avons constaté des points positifs dans le projet de loi comme la définition des missions de chaque catégorie, mais la question de la classification n’a pas été soulevée», regrette M. Chihoub. Le syndicaliste indique toutefois que les enseignants du cycle primaire passeront de la catégorie 11 à la 12 en application du décret présidentiel 266-14, fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires, ainsi que la nomination d’un personnel de soutien scolaire pour s’acquitter des tâches extrapédagogiques dans le même cycle suite à la décision du président de la République d’intégrer des jeunes de pré-emploi dans le secteur de l’éducation avant mai dernier.
Pour leur part, les directeurs des écoles primaires se réuniront prochainement pour décider des actions à entreprendre dans l’objectif de faire valoir leurs revendications. Mécontent, le Syndicat national des directeurs des écoles primaires (Snadep) a qualifié les rencontres de concertations entre les syndicats autonomes et la commission en charge du dossier de «poudre aux yeux». Le Snadep estime que le directeur est exclu des «promotions dans sa carrière professionnelle» auxquelles il avait droit dans le statut particulier de 2012. Ainsi, le syndicat n’exclut pas l’éventualité de se constituer dans une Intersyndicale de directeurs pour satisfaire leurs revendications.
Quant au Conseil national des directeurs des lycées (CNDL), il met à nouveau en garde contre «l’incapacité de la prochaine loi à corriger les dysfonctionnements qui ont touché certaines catégories du secteur». Le secteur selon le CNDL n’est pas loin de connaître des «perturbations» qu’il impute à sa tutelle.
Dans tous les cas, le nouveau statut particulier ne va pas «améliorer» le pouvoir d’achat des travailleurs, estime le partenaire social. Pour ces raisons, les syndicats exigent l’ouverture du dossier des primes et indemnités.
Il y a lieu de rappeler que le dossier a été ouvert suite à une instruction du président de la République. Le ministère a installé une commission pour recueillir les propositions des syndicats autonomes. Depuis son installation, 34 rencontres bilatérales ont été organisées avec différents syndicats représentant toutes les catégories des travailleurs de l’éducation. Les concertations sur l’élaboration de ce statut ont pris fin le 18 août dernier. <