Plusieurs établissements scolaires dans les trois paliers ont été paralysés, hier, au premier jour de la grève à laquelle a appelé l’Intersyndicale de l’Education nationale.
Par Milina Kouaci
Les membres de l’Intersyndicale parlent d’une grève «largement suivie» sur l’ensemble du pays, annonçant une forte adhésion pour aujourd’hui et demain, deuxième et troisième jours d’un débrayage mis à exécution après l’échec de la concertation engagée la semaine dernière par le ministre de l’Education nationale, Mohamed Ouadjaout.
«Le mot d’ordre a été largement suivi», indique à Reporters Abdelouahab Lamri Zegar, porte-parole de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). Le taux de suivi sur le territoire national tourne autour de 55 à 60%, a précisé le même syndicaliste, qui fait état d’un taux d’adhésion «différent» d’une wilaya à une autre.
Dans le sud du pays, le taux de suivi dans la wilaya d’Adrar a atteint les 70 % et 76 % à Menéa. A l’ouest, Oran a enregistré un taux de suivi de 60 %, à Chlef 47%, et 57 % à Tiaret. Dans la région du centre, le taux de suivi oscille à Alger-Centre entre 50 et 57%, déclare notre interlocuteur qui souligne que les rassemblements devant les directions de l’éducation ont drainé aussi un nombre important de protestataires. Il trouve «judicieux» que le gouvernement, qui appelle à l’ouverture de dialogue avec le partenaire social, ordonne la prise en charge des revendications socioprofessionnelles des travailleurs car c’est lui qui dispose des mécanismes qui lui permettent de trouver des solutions aux revendications et éviter ainsi la perturbation et assurer la stabilité dans le secteur.
Le secrétaire général du Satef, Boualem Amoura, reproche, pour sa part, au gouvernement ses communications qui attisent davantage la colère des travailleurs au lieu de chercher à l’atténuer, et ce, pour avoir qualifié les revendications des protestataires de différents secteurs de la Fonction publique «d’irréalisables». «Même en temps d’aisance financière, on a qualifié nos revendications d’irréalisables», s’offusque M. Amoura, qui appelle les travailleurs du secteur à l’unité des rangs pour faire valoir leur plateforme de revendications.
«Nous avons eu une réponse favorable et satisfaisante à notre appel de grève», dit Boualem Amoura, lequel souligne que la Coordination des enseignants du cycle primaire a protesté hier aux côtés de l’Intersyndicale devant l’Académie de Tizi ouzou. «Nous cherchons l’union et l’unité sur des dossiers qui intéressent l’ensemble des travailleurs du secteur», ajoute le porte-parole du Satef. Toutefois, il estime que les rassemblements et actions qui se font sans couverture syndicale ne peuvent durer dans le temps, car l’autorité compétente n’a pas mis en face une représentation syndicale avec laquelle se concerter sur les doléances soulevées. Il regrette par ailleurs que les réunions de conciliation avec le ministère, tenues au lendemain du dépôt d’un préavis de grève, n’ont pas abouti.
L’Intersyndicale compte faire entendre, à travers son mouvement, des revendications liées aux conditions socioprofessionnelles notamment celles relatives au pouvoir d’achat et à la retraite proportionnelle sans condition d’âge, la revalorisation du point indiciaire et la révision du programme pédagogique.
Ce mouvement intervient au lendemain d’une action de grève initiée par trois syndicats, membres de l’Intersyndicale, à savoir l’Unpef, le Satef et le CLA, en exprimant les mêmes revendications.
Après ce débrayage, le ministre de l’Education nationale Mohamed Ouadjaout avait instruit les directeurs de l’Education à ouvrir les canaux de communication avec les syndicats et promis de régler les revendications, y compris celles qui ne sont pas de son ressort.