La coordination des professeurs de l’enseignement primaire (PEP) a appelé à l’observation, hier, d’une journée de grève. Selon cette coordination, le taux de suivi de cette journée d’arrêt de cours est estimé à « plus de 50% ». C’est ce qu’a confirmé à Reporters le coordinateur de cette nouvelle structure syndicale pour l’instant informelle, Bachir Kouas.

D’après ce responsable, « la journée de grève était prévue depuis le 6 décembre dernier au lendemain de la déclaration de l’ex-ministre du secteur Abdelhakim Belabed sur une série de mesures » prises « en réponse aux revendications soulevées par les professeurs d’enseignement primaire (PEP) relatives aux volets pédagogique et socioprofessionnels ». Rien de ce qui avait été dit par l’ancien ministre n’a été appliqué, a expliqué M. Kiouas, rappelant que le débrayage d’hier s’inscrit dans la déclaration d’octobre dernier quand la coordination a décidé d’observer des mouvements de protestation cyclique. « C’est une action qui a été décidée pour riposter au dernier communiqué de la tutelle (en date du 5 décembre ndlr) qui a prétendu répondre positivement à nos revendications, alors que ce n’est pas le cas », s’est offusqué M. Kiouas
Selon lui, la question de la précarité des enseignants engagés en tant que contractuels doit être réglée en priorité : « On veut aller vers une école de qualité qui ne peut avoir lieu avec la contractualisation d’une bonne partie des enseignants. Les contractuels sont doublement exploités et marginalisés », a-t-il estimé. Par ailleurs, les enseignants du primaire réclament la modification du statut particulier, de sorte à reclasser les enseignants du secondaire, du moyen et du primaire au même grade de base, l’application du décret présidentiel 266-14 avec effet rétroactif et la création de nouveaux grades d’enseignants pour les matières scientifiques, littéraires et l’éducation physique, ainsi la diminution du volume horaire. Ils demandent également la restitution du droit à la retraite anticipée et sans condition d’âge, la régularisation de la situation des enseignants formés après le 3 juin 2012, afin de leur permettre de bénéficier des différentes promotions et enfin la révision des programmes pédagogiques pour, notamment, alléger le poids des cartables.
Point d’orgue de la journée d’hier, des enseignants du primaire ont observé leur premier sit-in de l’année devant l’annexe du ministère de l’Education nationale à Alger. Ces professeurs sont venus de plusieurs wilayas du pays pour appeler le nouveau ministre de l’Education nationale, Mohamed Oudjaout qui a pris ses fonctions le 4 janvier dernier, à prendre en considération leurs préoccupations, notamment « la révision des programmes et curricula pour améliorer la qualité de l’enseignement et alléger le cartable de l’élève, l’unification des critères de classification par la valorisation des diplômes pour garantir l’égalité des chances et le relèvement des salaires des enseignants du primaire pour améliorer leur pouvoir d’achat ». Sur place, certains d’entre eux ont insisté sur « la réduction du volume horaire, le droit à la promotion systématique au grade de professeur principal au bout de cinq ans d’exercice et de professeur formateur au bout de dix ans, ainsi que le droit à la retraite proportionnelle par l’inscription du métier d’enseignant parmi les métiers pénibles ». D’ici là, la coordination a annoncé avoir décidé d’observer un sit-in de protestation, mercredi prochain, avant « de reprendre la grève, lundi, périodiquement jusqu’à satisfaction des revendications ».

Les contractuels et enseignants du primaire font cause commune
Fait notable, au sit-in organisé hier, la participation des enseignants contractuels pour demander au ministère d’ouvrir la porte du dialogue et ouvrir le dossier de titularisation des enseignants contractuels, sachant que « le ministère a affirmé qu’il n’était pas concernés par la titularisation et l’intégration décidées récemment par le gouvernement, en dépit de leur expérience ». Cela indique, selon les observateurs du secteur, que la Coordination et les « corps communs » font cause commune. Une donnée nouvelle alors qu’on apprend que les syndicats du secteur ont été conviés à une réunion avec le ministre, mardi prochain, pour prendre note de leurs préoccupations.
Il y a lieu de rappeler que dans son communiqué du 5 décembre le ministère de l’éducation nationale a déclaré n’avoir « ménagé aucun effort pour écouter les PEP et interagir avec eux en matière d’amélioration et facilitation de l’action pédagogique ». « L’application des dispositions du décret présidentiel 14-266 de 2014 requiert la modification et la complétion des dispositions du décret exécutif n° 08-315 d’octobre 2008 relatif aux personnels du secteur de l’Education », avait-il indiqué. Il s’agit de mettre seulement « les dernières retouches » sur ce projet devant entrer en vigueur au plus tard le 31 mars 2020, avait-t-il précisé.
Concernant l’unification des fiches pédagogiques, le ministère de l’Education avait rappelé que « des équipes nationales spécialisées sont en cours de composition pour élaborer des fiches pour tous les niveaux d’enseignement en vertu d’une circulaire rendue publique le 2 décembre courant, des équipes qui seront supervisées par le Centre national des documents pédagogiques (CNDP), et encadrées par le Conseil national des programmes (CNP), l’inspection générale de pédagogie (IGP) et la direction de l’enseignement fondamental ».
Le ministère s’était engagé à « rembourser les enseignants ayant dispensé, en dehors des heures officielles, des cours de soutien aux élèves souhaitant perfectionner leurs compétences notamment ceux de fin de cycle primaire ». Il avait fait état de « la régularisation de la situation des professeurs formateurs en continuant à adopter le système de promotion automatique aux grades de professeur principal et professeur formateur dans les trois paliers d’enseignement ». Parmi les mesures prises au profit des enseignants, la tutelle a promis de procéder à « la régularisation de la situation des professeurs n’ayant pas finalisé leur formation en 2008 et 2012, et celle des professeurs adhérant aux grades en voie de disparition ».