Le coronavirus continue d’« infecter » les écoles où le nombre de cas positifs signalés parmi les enseignants, les élèves et le personnel administratif se multiplie. En raison de la progression de la Covid-19, plusieurs écoles ont été fermées et élèves et enseignants ont dû s’absenter. Résultat des courses, les cours ratés s’accumulent et les parents s’inquiètent.

PAR MILINA KOUACI
Dans une déclaration à la Radio nationale, le directeur de l’éducation d’Alger-Est, Nadir Khensous, a indiqué que le nombre d’élèves atteints de coronavirus dans les écoles rattachées à sa circonscription a dépassé 500 cas, 440 chez les enseignants et 128 chez les travailleurs et le personnel administratif. Raison pour laquelle, l’Unpef appelle à la suspension des cours pour une période de 10 à 15 jours. Pour le président dudit syndicat, Sadek Dziri, la situation sanitaire est « compliquée » et implique de fermer les écoles momentanément pour contenir la situation. « Le nombre de contaminations est conséquent. Cette vague n’a presque épargné aucune école », dit-il. Sans avancer aucun chiffre, notre interlocuteur estime que tous les établissements des trois paliers « sont touchés par l’épidémie ». « La situation est préoccupante et exige des décisions urgentes permettant de s’y adapter », poursuit Sadek Dziri. Ce dernier appelle à la suspension des cours pour une durée déterminée afin d’arrêter la chaîne de transmission. Ce qui importe à l’heure actuelle est de préserver la vie des écoliers et du personnel de l’éducation, insiste-t-il, appelant à la mise à la disposition des écoles les moyens humains et matériels qu’il faut pour appliquer rigoureusement le protocole sanitaire.
Contrairement à M. Dziri, le responsable du bureau régional d’Adrar du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation (Sate) Houari Hicham souhaite maintenir les écoles ouvertes. « Il ne faut pas priver les élèves de leurs droits à l’éducation », indique-t-il. Il indique que le Sate a demandé au ministère d’augmenter l’effectif des enseignants afin de ne pas se heurter à un retard dans l’avancement du programme scolaire et aussi sauver l’année pédagogique. « Le volume horaire des élèves a diminué avec l’application du mode d’enseignement par alternance de groupe. La solution est dans l’ouverture de nouveaux postes budgétaires », afin de garantir une année pédagogique sereine.
Lorsqu’un enseignant est atteint par le coronavirus, le directeur de l’établissement où il exerce n’a pas le droit de chercher un remplaçant, étant donné que la loi permet à l’enseignant de s’absenter lorsqu’il est atteint de la Covid. Elle ne permet en parallèle de faire appel à un contractuel que lorsque la période d’absentéisme dépasse 15 jours.
Idem pour les élèves contaminés. Ils ont dû s’absenter pour une période de 10 à 15 jours en raison de la contamination du coronavirus. Ils sont contraints de se confiner pour ne pas infecter leurs camarades, mais les parents s’inquiètent quant au rattrapage des cours. En effet, le président de l’Organisation nationale des parents d’élèves (ONPE) a exprimé son « appréhension » quant au non-achèvement du programme scolaire. « Les élèves seront doublement pénalisés. Outre les conséquences sanitaires, le ministère a mis en place un plan exceptionnel en diminuant le volume horaire des matières enseignées, mais les programmes sont chargés », indique M. Benzina. D’ailleurs, a-t-il ajouté, ce plan ne permettra pas l’avancement des cours. Mais pour le président de l’Unpef, l’enjeu ne consiste pas à terminer le programme scolaire, mais « à sauver des vies », d’autant que les questions des examens porteront sur les cours dispensés en classe. Après la reprise, « les élèves auront droit inéluctablement à une révision générale afin de sauver l’année scolaire et garantir l’équité des chances», suggère M. Dziri.

Protocole sanitaire inappliqué
En dépit des assurances de la tutelle, le protocole sanitaire n’est pas appliqué dans les écoles par « manque de moyens de lutte  », disent des syndicats du secteur. Ces derniers ont constamment appelé à la mise en place des moyens humains et matériels pour prévenir la propagation de la Covid-19 dans les écoles. « Le protocole sanitaire n’est pas appliqué », dénonce le président de l’Unpef. Outre le manque de moyen, « on constate un relâchement dans l’observation des gestes barrières », regrette le président de l’Unpef.
Il en est de même pour le secrétaire général du Conseil des lycées d’Algérie (CLA), Zoubir Rouina, pour qui « la situation est catastrophique » dans les écoles. Il indique que les familles algériennes ne peuvent se permettre d’effectuer un test de détection à leurs enfants, ce qui augmente les risques d’infecter autrui.
Il appelle à ce propos la tutelle à mettre à la disposition des écoles des moyens de dépistage de coronavirus afin de limiter la progression de l’épidémie, tout en lui imputant la responsabilité de « la situation qui prévaut dans les écoles ». n