Les élèves devraient reprendre le 30 janvier, mais la suspension des cours depuis jeudi dernier pour une période de dix jours n’a pas estompé pour autant l’anxiété et les appréhensions, à la lumière de la poursuite des contaminations à la Covid. Ira-t-on vers un nouveau report en l’absence d’une amélioration de la situation sanitaire ? «La décision revient au Comité scientifique de suivi de l’évolution de coronavirus et non au ministère de l’Education», estime le Satef.
PAR MILINA KOUACI
En dépit de l’affirmation et des instructions et orientations données par la tutelle aux responsables des directions de l’Education pour désinfecter les écoles, la situation sanitaire «ne serait pas rassurante».
D’ailleurs, dans le secteur de l’Enseignement supérieur, la plupart des responsables d’établissement et de centre universitaires ont décidé de suspendre l’activité pédagogique en présentiel jusqu’au début du mois de février prochain en raison de la flambée des cas de Covid-19, tout en maintenant les cours en ligne. Une mesure qui s’inscrit dans le cadre des mesures adoptées face à la situation sanitaire. Les dates des examens du premier semestre seront reprogrammées.
Dans le secteur de l’Education, «nous allons reprendre dans la même situation que nous avions laissé les écoles, il y a une semaine», prévoit Boualem Amoura, secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l’éducation et de la formation (Satef). Il indique que cette période de suspension des cours n’a pas été exploitée pour la désinfection des écoles ou en produits d’entretien et de lutte contre le coronavirus. «La réouverture des écoles se fera dans les mêmes conditions que lorsque la tutelle avait annoncé la fermeture», souligne-t-il. Alors que l’Inspecteur central du ministère de l’Education nationale Boualem Benlaouer a annoncé la reprise des cours le 30 janvier, le secrétaire général du Satef estime que la tutelle est dépassée. «La décision revient au Comité scientifique de suivi de l’évolution de coronavirus et non au ministère de l’Education». Il fustige toutefois, le Comité scientifique qui, à ses yeux, s’est «empressé» de fermer toutes les écoles alors qu’elles ne sont pas toutes touchées avec la même gravité. «Certes, il y a des foyers de contaminations, mais il y a des régions où le nombre de contaminations est insignifiant, comme les écoles de Tamanrasset», souligne M. Amoura. Pis encore, la décision de suspendre les cours n’a pas été accompagnée de mesures strictes afin de casser la chaîne de transmission du virus.
Comme le Satef, le secrétaire général du syndicat autonome des travailleurs de l’Education (Sate) Mohamed Belamri estime que la décision de reprise doit être prise au niveau du Comité scientifique. «Un pédagogue ne peut prendre une décision pareille. C’est le Comité scientifique qui est seul habilité à décider de la prolongation de la suspension des cours».
«Nous constatons que dans les cafés et les transports publics, les mesures barrières ne sont pas respectées», dénonce M. Belamri. S’agissant de l’application du protocole sanitaire, il explique que les écoles ne disposent pas des mêmes moyens, notamment ceux du cycle primaire qui sont «otages» des Assemblées communales.
30 % d’avancement dans l’application du programme
La rentrée scolaire 2021/2022 a eu lieu le 21 septembre. Outre les jours fériés, les élèves ont eu droit, exceptionnellement, à trois semaines de vacances d’hiver au lieu des deux semaines habituelles. Et jeudi dernier, le Comité scientifique a annoncé la suspension des cours pour dix jours, en raison des cas de contaminations à la Covid-19 dans le milieu scolaire. «Si le Comité scientifique décide de reconduire la suspension des cours, les conséquences seraient exécrables», dit Boualem Amoura.
«Le niveau de l’Ecole algérienne est très bas et ne cesse de se dégrader», regrette le secrétaire général du Satef. «Il a été décidé de fermer toutes les écoles sans réflexion. Nous avons perdu beaucoup de temps et les conséquences sont désastreuses», poursuit M. Amoura, qui indique que le «taux d’application du programme varie entre 30% et 35 %».
A ce rythme, «nous irons inévitablement vers le seuil réclamé annuellement, par les élèves. Les nouveaux bacheliers accéderont à l’université avec des connaissances très minimes et nous allons empirer, par ricochet, le problème de l’Ecole algérienne et s’éloigner du principe et de l’objectif d’une école publique de qualité», soutient Boualem Amoura.
En revanche, le Sate estime que les écoles sont en mesure de rattraper les cours perdus. «Si on annule les devoirs des deux trimestres restants, nous allons gagner du temps qu’on consacrera à la dispensation des cours», souligne Mohamed Belamri. <