C’est un scénario optimiste que prévoit la Banque mondiale (BM) pour l’économie algérienne en 2023, pour peu que le cap soit maintenu pour assurer la transition en diversifiant davantage le secteur hors-hydrocarbures au profit d’une croissance durable.
Par Feriel Nourine
Maintenir le cap, c’est poursuivre dans la même démarche du premier semestre de 2022 qui a servi à la Banque mondiale d’établir son rapport sur les tendances et perspectives économiques de notre pays.
Durant cette période, l’économie algérienne a poursuivi son redressement grâce au retour de la production pétrolière à ses niveaux d’avant la pandémie et à la reprise constante du secteur des services, conjugués à une activité agricole plus vigoureuse, relève le rapport publié jeudi.
Cette tendance devrait se poursuivre durant l’année qui commence, en comptant sur le secteur hors-hydrocarbures et l’augmentation des dépenses publiques, poursuit la même source qui table sur une croissance de 2,3% durant l’exercice en cours.
Les secteurs industriel et de la construction devraient, eux aussi, voir évoluer leurs performances, selon la même source, laquelle prévoit cette évolution à la faveur des efforts consentis par les pouvoirs publics pour soutenir l’investissement, notamment à travers le nouveau code d’investissement que la Banque mondiale ne manque pas de citer, tout comme la modification de la loi sur les hydrocarbures, en 2019, pour renforcer l’attractivité du secteur, notamment à travers une baisse de la fiscalité puis, en 2020, la levée de la limite de l’actionnariat étranger à 49% dans les entreprises algériennes pour les secteurs non stratégiques, rappelle-t-elle.
Dans cet ordre de prévisions, le PIB réel devrait croître de 2,3% en 2023, emmené par sa composante hors-hydrocarbures (+3,1%) et des hydrocarbures (+0,5%), est-il attendu par la même institution. La croissance du PIB se modérerait à 1,8% en 2024, ajoute-t-elle, avant de souligner qu’en 2023, la balance des comptes courants demeurerait excédentaire (+1,2% du PIB), grâce au maintien du prix des hydrocarbures à un niveau élevé. Dans ce secteur, le rapport prévoit une stabilisation, alors que la production gazière poursuivra sa hausse, précise-t-il.
Il est, en effet, attendu que la production de brut de l’Algérie «se stabilise à son niveau pré-pandémie, atteint à l’été 2022», alors que la production gazière continuera à augmenter, «prolongeant sa bonne performance de 2022». Dans cette tendance, la production algérienne de pétrole s’établira à 1,031 million de barils/jour en 2023 et 1,022 million de barils/jour en 2024, selon les prévisions de l’institution de Bretton Woods, alors que celle du gaz se situera à 102,8 milliards m3 en 2023 et 103 milliards m3 en 2024, soit en hausse par rapport à l’année 2022 où elle était de 1,016 million de barils/jour pour le pétrole et 102,7 milliards m3 pour le gaz.
Côté exportations, la BM prévoit une baisse dans les hydrocarbures pour atteindre 22,5%, sous l’effet de la baisse modérée des prix et de celle des volumes exportés, dans un contexte de reprise de la consommation intérieure. Parallèlement, les exportations hors-hydrocarbures devraient poursuivre leur bonne performance, tandis que les importations reprendraient une tendance haussière, atteignant 24,5% du PIB, emmenées par la croissance de l’investissement, notamment celle de l’investissement public.
Il est également relevé par la même source que la croissance des réserves de change se poursuivrait en 2023 pour culminer à 13,5 mois d’importations de biens et services à la fin 2023, avant de s’infléchir en 2024.
Pour une croissance durable
Sur un autre registre, la BM met en avant l’impact du taux toujours élevé de l’inflation, estimé à 9,4 % en glissement annuel au cours des neuf premiers mois de 2022. Une situation provoquée notamment par la hausse mondiale des prix des denrées alimentaires, qui ont augmenté de 13,6 % en Algérie, selon l’institution.
Les ménages, particulièrement les plus pauvres, s’en sont trouvés affectés, et les «autorités sont intervenues en intensifiant les mesures de protection du pouvoir d’achat, principalement en rehaussant les salaires de la Fonction publique, en accordant des allocations de chômage aux jeunes primo-demandeurs d’emploi et en augmentant les subventions pour les produits alimentaires de base», relève la même source.
Or, «ce niveau de dépenses pourrait entraîner des problèmes à moyen terme en cas de chute des cours mondiaux du pétrole, et donc de réduction des recettes publiques», prévient-on, non sans insister sur les réformes structurelles décrites dans le plan d’action du gouvernement, qui visent à promouvoir l’investissement du secteur privé. Celles-ci seront essentielles pour créer des emplois, affirme-t-on dans le rapport.
«Il est impératif de maintenir le cap, souligne Kamel Braham, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie. La mise en œuvre des mesures du plan d’action du gouvernement visant la mobilisation accrue des recettes fiscales, l’utilisation plus efficace des ressources publiques et la promotion des investissements du secteur privé est essentielle pour parvenir à surmonter les difficultés de la conjoncture internationale et mettre l’Algérie sur la voie d’une croissance durable et inclusive.»
Selon le rapport, l’économie algérienne devrait croître de 2,3 % en 2023, mais les perspectives macroéconomiques restent exposées aux fluctuations des cours mondiaux des hydrocarbures. D’où la nécessité, à moyen et long terme, de faire du secteur privé hors hydrocarbures le moteur de la croissance et de la diversification de l’économie.
«La poursuite de la mise en œuvre des programmes nationaux de réforme structurelle, l’ouverture accrue au secteur privé, l’amélioration de la compétitivité de l’économie et le renforcement de l’investissement dans le capital humain sont autant de facteurs essentiels à la vitalité et à la résilience économiques de l’Algérie», soutient-on. <