Les prix du pétrole sont à leur plus haut niveau en raison de la guerre Russie-Ukraine. Une bouffée d’oxygène pour l’économie nationale. La moyenne des prix du baril au cours du premier semestre 2022 pourrait se situer entre 80 et 90 dollars. Les contrats de pétrole sur les marchés internationaux portent, aujourd’hui, sur le mois de mai, soit à des prix supérieurs à 100 dollars.
Cette tendance haussière aura à l’évidence des répercussions positives sur l’économie nationale. Elle permettra d’abord de supporter la facture des importations en hausse en raison de la flambée des matières de base, notamment alimentaires sur les marchés internationaux. Elle atténuera la pression sur les réserves de change puisque les recettes des exportations tirées des hydrocarbures seront en hausse. La moyenne des prix du pétrole au cours du premier semestre sera sans doute supérieure de 20 dollars à la moyenne de 2021, ce qui donne, selon les estimations des spécialistes, un gain d’un minimum de 6 milliards de dollars en six mois. Cette situation est d’autant plus favorable qu’à l’effet-prix s’ajoute l’effet-volume. L’Algérie pourrait produire en avril plus d’1 million de barils/jour de pétrole contre 990 000 barils/jour en mars. En somme, la fonte des réserves de change sera derrière nous au moins pour les six premiers mois de l’année en cours. Ce qui donne un répit à l’économie nationale pour enclencher les réformes et donner plus de moyens financiers pour accélérer la relance économique à travers la réalimentation du fonds de régulation des recettes. Cette amélioration de la situation financière pourrait faire également augmenter les liquidités bancaires, favorisées par la hausse des dépôts de Sonatrach à la BEA, sa banque domiciliataire du fait de l’augmentation de ses recettes tirées de ses exportations. Cette hausse de la valeur des exportations aura également pour incidence l’atténuation des difficultés de trésorerie rencontrées par Sonatrach en 2020 pour financer certains projets majeurs. Si la loi sur les hydrocarbures venait à être appliquée, Sonatrach se verrait déchargée en grande partie du poids de financement des projets dans l’amont dans la mesure où le financement durant la phase d’exploration serait entièrement à la charge du partenaire étranger.
Avec cette bouffée d’oxygène, restera ainsi au pays à s’attaquer aux vulnérabilités de l’économie algérienne, sa dépendance chronique aux prix du pétrole, l’énorme déficit de son budget, une industrie et une agriculture extraverties (dépendantes de l’extérieur), l’archaïsme de son secteur bancaire et financier, la désorganisation de son marché intérieur et de son commerce extérieur. Les spécialistes ne cessent de le répéter : il faudra appliquer une véritable politique de substitution aux importations en vue d’édifier une industrie intégrée avec des incitations plus importantes pour décourager l’acte d’importation et encourager les projets qui s’inscrivent dans ce créneau. Alors on pourra dire sans se tromper que l’année 2022 sera effectivement l’année de la relance de l’économie. La modernisation du secteur des finances ainsi que la neutralisation de la nocivité de l’administration face à des projets d’investissement créateurs d’emplois et de richesses, vecteur de l’intégration de l’industrie nationale, l’amélioration du climat des affaires seront les moteurs de cette relance de l’économie. Il faudra aussi accélérer la promulgation des cahiers des charges et l’agrément des sociétés, l’application du partenariat public-privé et le financement des projets par la Bourse.
En tout état de cause, cette tendance à la hausse des prix du pétrole le permet. L’urgence est d’agir pour éloigner notre dépendance aux hydrocarbures définitivement en empruntant les sentiers vertueux de la croissance forte et durable. Quant à la paix sociale, cette situation donne à l’Etat des moyens financiers plus importants pour répondre aux préoccupations des citoyens. Enfin, cette tendance à la hausse des prix au-delà de 100 dollars le baril est suspendue à la fin proche ou lointaine de la guerre Russie-Ukrane. n