Pour l’Algérie, il y a sans doute beaucoup d’argent à prendre dans la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), dont l’entrée en vigueur est prévu pour le mois de juillet 2020. Pour peu que la crise politique se dissipe et que l’économie nationale puisse renouer avec ses ambitions d’une production made in Algeria destinée aussi à l’export, de nombreuses entreprises nationales, entre publiques et privées, peuvent, en effet, trouver leur compte dans un marché régional assurément plus ouvert, aussi bien par sa proximité que par les critères rendus nettement plus souples et plus attractifs, grâce notamment à l’élimination des droits de douane sur le commerce intra-africain. La zone qui permettra aux entreprises africaines, y compris algériennes, de négocier plus facilement sur le continent, de répondre aux demandes croissantes du marché et de profiter de ses avantages et de son potentiel estimé à 3 000 milliards de dollars. Les différentes manifestations économiques, organisées l’année dernière dans des pays africains, ont d’ailleurs donné un aperçu sur le plus d’échanges commerciaux et de rentrées supplémentaires en devises que pourrait apporter au pays la Zlecaf, notamment à partir des pays limitrophes comme la Mauritanie, le Niger ou le Mali, où plusieurs conventions ont été conclues entre opérateurs algériens et ceux de ces pays. Inscrites dans le cadre d’une stratégie, qui fait de l’Afrique une destination privilégiée où des entreprises algériennes ambitionnant d’exporter leurs produits, ces conventions sont appelées à être relayées par d’autres qui viendraient intensifier les opérations commerciales entre l’Algérie et les autres pays du continent. Dans cette perspective, les entreprises algériennes pourront compter sur des projets régionaux structurants et indispensables pour la facilitation des échanges, notamment entre le Maghreb et l’Afrique sub-saharienne, à l’exemple de la route transsaharienne, tout indiquée pour l’acheminement de marchandises vers ces deux zones. Par ailleurs, l’Algérie planifie la création de zones économiques spéciales dans les espaces frontaliers de son grand-Sud pour parvenir à une meilleure intégration économique avec le reste du continent africain, a indiqué hier le ministre du Commerce, Saïd Djellab. « Dans le but notamment de mettre en valeur la diversification du tissu industriel national, le gouvernement algérien prévoit la mise en place de zones économiques spéciales dans les espaces frontaliers du Grand-Sud algérien pour faire de ces régions un point d’intégration économique africaine », a indiqué M. Djellab dans une allocution prononcée à l’occasion de la tenue, à Alger, de la Conférence nationale sur la Zone de libre-échange continentale africaine. En attendant l’entrée en vigueur de cette zone, les échanges commerciaux de l’Algérie avec les pays africains ont déjà réalisé une hausse de 7,43% durant les sept premiers mois de 2019, après avoir atteint 2,02 milliards de dollars, contre près de 1,88 md usd à la même période de 2018. Dans ces échanges, 1,24 md usd appartient aux ventes algériennes, contre 718,32 millions usd d’achats. En 2018, ces échanges avaient atteint 3,5 milliards de dollars, soit 1,3 milliard de dollars en termes d’importations (3% du total des importations algériennes) et 2,2 milliards de dollars en termes d’exportations (5 % du total des exportations algériennes). Toutefois, aussi bien pour l’année dernière que pour les 7 premiers mois de l’année en cours, les flux commerciaux entre l’Algérie et l’Afrique restent dominés par ceux avec les pays d’Afrique du Nord (Tunisie, Maroc, Egypte), à hauteur de plus de 80% des échanges avec l’ensemble du continent. Autrement dit, le commerce de l’Algérie avec les autres pays africains a encore un long chemin à parcourir. <