Douze personnes sont mortes dans un terrible accident de la circulation entre deux bus de transport de voyageurs qui a fait de nombreux blessés également. Le carnage relance le débat sur la dangerosité des routes où le nombre de victimes est alarmant.
Drame sur nos routes. C’est une hécatombe qui a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche quand 12 personnes ont trouvé la mort et 46 autres ont été blessées dans un accident sur la RN 03 reliant les communes d’Astil à El Oued et celle d’Oumach de la wilaya de Biskra.
L’accident s’est produit vers 02H du matin lorsque deux autocars, desservant les lignes Ouargla-Jijel et Sétif-Ouargla sont entrés en collision, a expliqué le directeur de la Protection civile à El Oued, Ahmed Baoudji, qui a imputé l’accident à «l’excès de vitesse». Les corps de victimes ont été transférés à la morgue de l’hôpital d’El M’gheir et les blessés, dont certains se trouvent dans un état grave, ont été évacués vers la même structure alors que d’autres ont été transférés à l’établissement public hospitalier de Biskra. La direction de la Protection civile a fait état de la mobilisation de 14 ambulances et 4 engins d’interventions pour la prise en charge des victimes. Le drame a suscité la compassion et la solidarité des Algériens dès la diffusion de la triste nouvelle sur les réseaux sociaux où sont exprimés des appels à la prudence. Les citoyens ont mis en évidence l’irresponsabilité des conducteurs des transports publics qui abusent de vitesse et foulent au pied le code de la route en ne se souciant point de la vie des voyageurs qu’ils mettent en péril jusqu’à produire l’irréparable.
Suite à cet accident, deux ministres de l’Exécutif Djerad, celui de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, et celui de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, se sont rendus sur les lieux de l’accident «pour s’enquérir de la prise en charge des victimes et porter assistance à leurs familles».
Le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a présenté ses condoléances aux familles endeuillées par l’accident, souhaité un prompt rétablissement aux blessés et a chargé le Premier ministre de prendre toutes les dispositions nécessaires pour la prise en charge des blessés et porter assistance aux familles des victimes, ont indiqué les services du Premier ministre dans un communiqué. Selon certaines études «l’Algérie est classée troisième à l’échelle mondiale en matière de décès dus aux accidents de la circulation, et ce, à raison d’1 accident toutes les 20 minutes et 1 décès toutes les 3 heures».
Le Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR) avait indiqué, fin décembre, que
3 049 personnes avaient trouvé la mort et 29 095 avaient été blessées dans 21 109 accidents enregistrés au niveau national lors des onze premiers mois de l’année 2019. Selon le CNPSR, les jeunes conducteurs âgés entre 22 et 30 ans sont impliqués dans 5 781 accidents, soit 27,39%, suivis par la tranche d’âge 25-29 ans avec 3 738 accidents, soit 17,71%. Le facteur humain est à l’origine de 90% des accidents de la route, dus principalement à l’excès de vitesse (17,31%), manque de concentration dans les zones urbaines (15,32%), négligence des piétons (6,71%), défaut de maîtrise du véhicule (6,28%) et dépassements dangereux (5,79%), a-t-elle précisé. Selon les statistiques avancées par le CNPSR, l’état du véhicule n’est à l’origine que de 2,13% des accidents contre 1,38% en raison de l’état des routes.
Par ailleurs, les véhicules touristiques ont la part du lion dans ces accidents, avec plus de 60% des cas enregistrés durant la même période, suivis des motos (15,29%) et des poids lourds (7,55%), selon la même source. Le directeur du CNPRS, Ahmed Naït El Hocine, estime également que «nonobstant le changement de certaines lois et le durcissement des pénalités et amendes dans le domaine des routes, les résultats restent insuffisants». Il a relevé, dans ce sens, que le ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales s’emploie à créer une autorité dans le domaine de la sécurité routière, qui disposera de toutes les prérogatives en matière de sécurité routière, notamment la formation et l’examen des permis de conduire, la sensibilisation ainsi que le suivi des contrevenants au code de la route. «Les statistiques sur lesquelles nous nous appuyons sont basées sur des rapports préparés par les services de sécurité et traduits en justice. Ces statistiques montrent que 95 % des accidents sont liés à des facteurs humains», a-t-il affirmé. Parmi eux, ce même responsable cite la vitesse excessive qui représente, selon lui, environ 20 %, le manque de contrôle du véhicule et le non-respect de la distance de sécurité, qui est la première cause des accidents. Et de poursuivre que «25 % des auteurs des accidents de la circulation sont titulaires d’un permis de conduire de moins de deux ans».
Le ministère de l’Intérieur a décidé de la création de la délégation nationale à la sécurité routière dans le but de mettre en œuvre la politique nationale de prévention et de sécurité routières, dans sa partie opérationnelle. Le Décret exécutif n° 19-303 du 10 novembre 2019 définit la nature, les missions, l’organisation et le fonctionnement de la délégation nationale à la sécurité routière. n