Entretien réalisé par Sihem Bounabi
Reporters : Tout d’abord, quelle est la situation au niveau des hôpitaux avec l’augmentation du nombre de malades Covid hospitalisés ?
Dr Youcef Boudjelal : Actuellement, il y a une augmentation du nombre de malades Covid hospitalisés. C’était prévisible dès que les statistiques du ministère de la Santé ont démontré que le nombre de cas était en augmentation continue, où maintenant, on a largement dépassé les deux cents cas par jour. En ce moment, on se dirige vers le pic de cette nouvelle vague qui risque d’arriver vers le début du mois de janvier prochain, mais cela dépend de l’évolution de la situation.
Les structures hospitalières sont-elles prêtes face au risque de saturation des services ?
Les structures hospitalières sont mieux préparées pour anticiper tous les risques de saturation. Surtout que le problème majeur qui s’est posé lors de la 3e vague, qui a été meurtrière, est le manque d’oxygène médical. Pour le moment, le problème de l’oxygène a été globalement résolu. Les tests de diagnostic de la Covid comme les PCR, les tests médicaux et biologiques de suivi et les médicaments de traitement post Covid sont également disponibles, on peut donc dire que techniquement l’Algérie est prête à accueillir ce pic. Mais reste toujours l’inconnue de l’évolution de la situation sanitaire.
Et concernant le personnel de la santé, quel est l’état des troupes avec l’arrivée de cette nouvelle vague ?
Le personnel de la santé est réquisitionné et prêt à accueillir cette nouvelle vague malgré l’épuisement de ces deux dernières années. Un épuisement physique, mais, également, moral à cause du contexte socio-économique actuel où le pouvoir d’achat des professionnels de la santé est complètement érodé et se dégrade jour après jour. Il faut savoir que malgré toutes les promesses des autorités sanitaires, les revendications des syndicats sont toujours en attente de réponses. De même l’application des mesures d’encouragement, annoncées par le Président de la République pour les travailleurs de la santé, ne sont pas encore appliquées. Pour preuve les 5e, 6e et 7e primes Covid n’ont pas été versées jusqu’à aujourd’hui. Ajoutés à cela ne serait-ce que celle de la couverture globale de 100% pour le personnel de la santé qui n’est toujours pas appliquée sur le terrain. Il y a des milliers de malades Covid dans les rangs des blouses blanches qui ne sont pas remboursés à 100% par la Sécurité sociale. Malgré toutes ces conditions difficiles, le personnel de la santé est mobilisé pour accomplir sa mission.
Quel serait l’impact de la propagation du variant Omicron sur l’évolution de la situation sanitaire en Algérie, sachant que l’Angleterre a enregistré douze morts des suites des complications à la contamination à ce variant ?
Il faut savoir que le variant Omicron a perdu de son pouvoir pathogène même s’il reste très contagieux. Le nombre de décès dû au variant Omicron reste un taux relativement bas par rapport à celui des personnes contaminées par ce même variant en Angleterre.
Si l’Omicron devient le variant dominant en Algérie, il y aura certainement moins de risques de décès par rapport au variant Delta, qui est toujours présent en force, plus meurtrier et qui a des pouvoirs pathogènes supérieurs d’où l’importance de renforcer la campagne de vaccination et le respect strict des mesures barrières.
Le Pr Mahyaoui a annoncé qu’aujourd’hui jeudi sera tranchée la question de l’éventualité de la vaccination des enfants de 12 à 17 ans, quel est votre avis à ce sujet ?
Je pense que c’est une bonne chose, car les différentes études scientifiques ont démontré qu’un grand nombre de contaminés par le coronavirus sont des enfants. Les études scientifiques ont également prouvé l’efficacité des vaccins pour cette catégorie d’âge, et de ce fait, à mon avis, c’est une bonne mesure de protection pour les enfants. Il faut savoir que dans certains pays du Golfe et même européens, la vaccination a été élargie aux enfants de moins de 12 ans, soit à partir de 5 ans, pour renforcer la protection de la population contre les formes compliquées de la contamination au coronavirus, car la vaccination reste la meilleure solution pour se protéger contre le coronavirus.
Quel commentaire faites-vous de la campagne de vaccination anticovid ?
Malheureusement, la vaccination dans notre pays est au ralenti à cause de la réticence des Algériens à se faire vacciner. On espère vraiment un sursaut de conscience de la part de la population pour qu’elle aille se faire vacciner. C’est la meilleure manière de se protéger et de protéger sa famille et ses proches. On remarque également un relâchement total du port du masque et du respect de la distanciation physique, sincèrement, on ne comprend pas cette inconscience. Je pense qu’il devrait y avoir des campagnes de sensibilisation plus efficaces avec une communication plus ciblée pour que la population comprenne l’urgence de se faire vacciner et respecter les mesures barrières.