PAR MILINA KOUACI
Le statut particulier des travailleurs de l’Education nationale continue d’être une source de discorde entre la tutelle et son partenaire social, notamment les syndicats enseignants. Le Cnapeste interpelle les hautes autorités à intervenir en «urgence».
Après que les syndicats ont pris connaissance, samedi dernier, des propositions retenues pour la révision du statut particulier des corps spécifiques de l’éducation, régissant et codifiant la vie et les parcours professionnels des corps relevant du secteur de l’Education, les réactions de ces derniers se suivent et ne se ressemblent pas. Et pour cause, ceux représentant le personnel administratif ont applaudi, tandis que le mécontentement est global parmi les syndicats enseignants. Ces derniers estiment que le ministère de tutelle n’a pas réagi à leurs appels ni à leurs doléances et que les instructions du président de la République visant à améliorer la situation socioprofessionnelle de l’enseignant n’ont pas été prises en considération. Les censeurs, quant à eux, indiquent que 80% de leurs revendications ont été prises en charge, et celles des conseillers de l’orientation et de la guidance scolaire ont été toutes prises en charge. Les censeurs peuvent être promus au poste de directeur d’établissement scolaire dans les trois cycles, en participant à des concours professionnels internes ou en s’inscrivant sur les listes de qualification. Le poste de censeur a été créé dans les cycles primaires et moyens.
Sauf que la colère gronde parmi les syndicats enseignants qui ont, en effet, dénoncé la non-remise de la copie du projet de loi qui sera soumis à la commission ad hoc du gouvernement. C’est le cas du Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l’Education (Cnapeste) qui a qualifié, dans un communiqué rendu public, la démarche de la tutelle de «dépassement» et une «atteinte aux droits des enseignants». Le Cnapeste rappelle que la tutelle s’est engagée le 25 octobre 2021, date de la mise en place de la commission chargée de la révision du statut particulier, de remettre aux syndicats la copie finale après 4 mois. Un engagement qui n’a pas été concrétisé, 13 mois depuis l’installation de cette commission regrette le syndicat. Il exprime son «étonnement» sur l’attitude des responsables du ministère qui mettent le partenaire social devant «le fait accompli en lui imposant un projet de loi qui n’a pas été étudié ou enrichi», met en garde le syndicat.
Le Cnapeste impute ainsi au ministère de l’Education «l’entière responsabilité des conséquences des décisions centrales qui manquent de la légitimité du terrain». Il interpelle à ce propos, les hautes autorités à intervenir en urgence pour mettre un terme à ces pratiques qui mèneront inéluctablement au pourrissement du secteur, tout en réclamant une copie du projet de loi pour son enrichissement et sa concertation au niveau du syndicat.
Selon des syndicats autonomes, les enseignants du cycle primaire passeront de la catégorie 11 à la 12 en application du décret présidentiel 266-14, fixant la grille indiciaire des traitements et le régime de rémunération des fonctionnaires ainsi que la nomination d’un personnel de soutien scolaire pour s’acquitter des tâches extrapédagogiques dans le même cycle suite à la décision du président de la République d’intégrer des jeunes de pré-emploi dans le secteur de l’éducation avant mai dernier. Les enseignants formateurs qui représentent 10% du personnel enseignant auront la possibilité d’accéder au poste de directeur dans les trois cycles après concours professionnel.
De son côté, le chargé du Conseil national autonome des directeurs de lycées a qualifié l’attitude du département de Belabed de «fuite en avant» expliquant qu’après plus d’une année de l’ouverture du dossier du statut particulier des travailleurs du secteur tout le monde s’attendait à ce qu’une copie détaillée soit présentée. Mais au final, déplore le CNDAL, le ministère s’est contenté de présenter un exposé synthétisé de ce qui a été fait par la commission chargée du dossier, accusant le même département de ne pas vouloir dévoiler plus de détails sur la question des classifications. Selon le syndicat, le ministère a jeté la balle à la Fonction publique pour mettre les fonctionnaires du secteur devant le fait accompli après l’approbation du Premier ministre à ce projet et son apparition dans le Journal Officiel, mettant en garde contre «l’incapacité» de la nouvelle mouture à corriger les dysfonctionnements ayant porté atteinte à certains corps de l’éducation notamment celui des directeurs de lycée, ce qui provoquera, a-t-il prévenu, des perturbations dans le secteur.
Le Conseil des lycées d’Algérie (CLA) regrette, pour sa part, qu’aucune promotion n’est ouverte pour les enseignants du secondaire. « Si le projet de loi est maintenu tel quel est, il en découlera l’exode des enseignants vers les fonctions administratives», ironisent des enseignants. <