Sujet d’actualité, le dossier du montage et de l’importation de véhicules s’est naturellement invité à l’entrevue entre le président de la République et les représentants de médias nationaux, mardi soir.

Par Feriel Nourine
Alors que les acteurs du secteur et les citoyens n’arrivent pas à comprendre ce qui se passe autour d’un dossier, qui traîne depuis au moins deux années, sans qu’aucun déblocage n’ait été opéré par ceux qui en ont la charge, Abdelmadjid Tebboune a affirmé qu’il sera tranché avant la fin du premier trimestre, c’est-à-dire dans un mois et demi au maximum.
Comme pour justifier le grand retard pris dans son traitement, le chef de l’Etat n’a pas hésité à qualifier ce dossier de «très complexe», faisant référence notamment à l’expérience du montage de véhicules qui n’avait pas tardé à tourner à l’échec. Il rappellera à ce propos qu’«un seul opérateur nous a fait perdre plus de 3,5 milliards de dollars». Le Président rappellera aussi que «le montage escompté devrait, à l’inverse de l’importation déguisée pratiquée auparavant, permettre d’amorcer une véritable industrie où les taux d’intégration ne doivent pas être inférieurs à 30 ou 40%».
A propos de l’importation de véhicules, Abdelmadjid Tebboune a relevé «la possibilité» d’importer à condition que «les concessionnaires comprennent que les anciennes pratiques ne sont plus tolérées». Sur ce registre, il citera le cas de la non-garantie des pièces de rechange par une grande firme européenne qui commercialisait ses véhicules en Algérie. Selon le Chef de l’Etat, la garantie d’un service après-vente sera «obligatoire dans le nouveau cahier des charges» qui interdira l’importation à toute personne ne disposant pas de contrats ou de locaux pour garantir ce service. Or, ces conditions, et bien d’autres, étaient déjà contenues dans le cahier des charges élaboré sous l’ère de l’ex-ministre de l’Industrie Ferhat Aït Ali, puis dans le texte qui est venu le réviser en mai 2021. De plus, la révision attendue du prochain cahier des charges concerne d’autres points que ceux ayant trait au service après-vente.
Les opérateurs qui attendent leur agrément, notamment ceux dont la commission de recours a validé les dossiers après leur rejet par le comité chargé de leur suivi, disent avoir rempli toutes les conditions imposées par le cahier des charges. Ce qui ne les dispense pas d’une longue attente qui dure depuis de nombreux mois, alors que les hauts responsables concernés développent un discours hésitant, parfois même contradictoire, qui ne fait qu’ajouter au flou entourant le dossier des importations de véhicules neufs. Après avoir interpellé le président de la République, puis le Médiateur de la République dans l’espoir de trouver une solution au blocage auquel ils sont confrontés depuis plusieurs mois, ces derniers ont décidé de jeter l’éponge.
Après la sortie du ministre de l’Industrie, la semaine dernière devant l’APN, faisant l’apologie de l’industrie automobile et reléguant l’importation dans la case des projets non prioritaires, le Groupement des concessionnaires automobiles (GCA) a adressé, jeudi dernier, une lettre à ce dernier l’informant que les opérateurs qui ont souscrit à l’agrément pour l’activité d’importation de véhicules ont décidé de suspendre leur activité, de libérer leurs effectifs, mais aussi de suspendre le paiement des charges fiscaux et parafiscaux, dont l’IRG. «Chaque opérateur débourse mensuellement 500 millions de centimes pour le paiement des charges, la location et les salaires des employés depuis plusieurs mois (depuis août 2020) sans toutefois décrocher l’agrément. La situation est intenable et le grand perdant dans cette histoire, ce sont, nous autres, opérateurs et le simple citoyen qui n’arrive pas à avoir une voiture», s’exclame le GCA.
Concernant l’activité d’industrie automobile, le groupement considère que cette option a besoin de temps et que l’implantation de constructeurs étrangers en Algérie ne pourrait s’opérer avant 2026. Ceci s’explique par l’espace-temps qu’il faudra s’offrir pour les discussions et pour l’installation d’usines à 40% de taux d’intégration, tel que fixé par les pouvoirs publics, souligne la même source, avant de prévenir contre une démarche à la va-vite qui ferait vivre au pays la même expérience lors des «importations déguisées». n