Par Bouzid Chalabi
Les artisans boulangers seront, à partir du mois de mars prochain, redevables vis-à-vis de la fiscalité uniquement sur les bénéfices réalisés dans leur activité. C’est ce que vient de décider le chef de l’Etat. C’est là un geste fort envers les boulangers qui, depuis des années, sont dans le pétrin en dépit des doléances adressées aux pouvoirs publics restées sans réponse jusqu’ici. Cette décision qui épargne aux boulangers d’autres taxes sur leur activité est fortement saluée par cette catégorie professionnelle.
En effet, pour le président du Club des artisans boulangers, affilié à l’Association nationale des commerçants algériens (ANCA), Omar Ameur, «cela témoigne de la ferme volonté du premier responsable du pays de trouver des solutions à nos doléances». Ce dernier, approché hier par Reporters, se dit «tout à fait satisfait de cette initiative car cela témoigne d’une volonté de répondre favorablement à nos principales doléances. De plus, en apprenant du Président de la République que d’autres décisions à notre égard vont suivre, nous restons optimistes pour le devenir de notre profession, plongée dans le marasme depuis des années». Du côté de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), suite à l’impossibilité de joindre le président de la Fédération des artisans boulangers, affiliée à l’UGCAA, Youcef Kalafat, c’est pratiquement le même son de cloche.
Notons que des boulangers de la capitale, approchés par Reporters sur le lieu même de leur activité, n’ont pas caché à l’unanimité : «Nous avons commencé à voir le bout du tunnel.» L’un d’eux lâchant même : «En plus du satisfecit que nous procure cette mesure de n’être redevable que de l’impôt sur le bénéfice que nous réalisons, cela va redonner espoir à des centaines de boulangers qui envisagent de baisser rideau après que leurs récurrentes doléances, dont la principale, l’augmentation de la marge de bénéfice sur la baguette fournie, sont restées jusqu’ici lettre morte». Un autre affirmera : «Cette mesure traduit au moins une chose, le gouvernement a réalisé que nos revendications sont tout à fait légitimes d’autant qu’ils se sont aperçus de l’impératif de ne laisser en vigueur que l’impôt sur le bénéfice réalisé au vu des très faibles dividendes que nous tirons de notre activité. Nous sommes d’ailleurs conscients que la décision d’augmenter le prix de la baguette de pain nécessite du temps. Mais à travers cette mesure, c’est déjà un pas franchi vers la fin de notre calvaire.»
Il convient de rappeler que les boulangers sont de plus en plus inquiets, depuis le 1er janvier dernier. Et pour cause. Ils font face à une nouvelle augmentation des prix des intrants, notamment du tarif de la levure devenu exorbitant, selon les professionnels, passant de 500 DA à 750 DA les 250 grammes. Face à ces hausses, Youcef Kalafat avait affirmé à l’occasion d’une sortie médiatique que «la hausse des prix des matières premières va conduire les boulangers à la faillite».
Le président de la Fédération des artisans boulangers avait même averti : «Si des mesures d’urgence ne sont pas prises, c’est la fin d’activité de nombreuses boulangeries, tandis d’autres patrons vont devoir envisager de réduire les quantités d’huile et de levure nécessaires et utiles pour une bonne fournée. Soulignons enfin que les dures conditions de travail des boulangers ont fini par conduire des centaines de boulangeries à baisser rideau avec pour cause principale, le travail à perte. Pour se faire une idée dans ce sens, sur 6 500 boulangeries en activité, elles ne sont plus que, selon les dernières estimations, 3 600 à travers tout le territoire. <