C’est aujourd’hui que le Premier ministre Abdelaziz Djerad répondra aux préoccupations des députés en rapport avec le plan d’action du gouvernement. Cette réponse intervient au terme de deux jours de débats durant lesquels les députés se sont illustrés par des interventions pour le moins ambivalentes.

En ce sens que tout en critiquant le gouvernement, les députés l’ont également assuré de leur soutien. Les députés, qui ont quelque peu soigné leur vocable, ont néanmoins eu des interventions au contenu similaire à celles dont ils ont habitué l’opinion. A quelques exceptions près. Et l’intervention la plus illustrative à ce propos est sans doute celle de Abdelhamid Si-Affif, député FLN de Mostaganem : « Votre plan d’action que nous allons soutenir, pèche par manque de vision et d’échéanciers » avant de « féliciter » le nouveau chef de l’Etat. Idem pour Salah Eddine Bekhili, député du RND qui a lancé lors de son intervention : « Nous allons vous accompagner, mais nous allons être des soutiens conseillers. » Il enchaînera en évoquant les subventions de l’Etat : « Au lieu de créer une polémique sur le lait, il est temps de cibler les subventions », a-t-il noté tout en s’interrogeant sur les raisons qui font « qu’un smicard paie le sachet de lait au prix subventionné, au même titre qu’un fortuné ? ». « Il est plus qu’opportun de sortir de cette situation », a-t-il préconisé. Ce n’est par ailleurs pas les députés du FLN et du RND qui ont brossé un tableau angélique du plan d’action du gouvernement. C’est également le cas des députés du Mouvement de la société pour la paix dont le patron a été reçu récemment par le Président de la République. Nasredine Hamdadouche a d’entrée qualifié le plan d’action « de bon », avant d’appeler à « la poursuite de la lutte sincère contre la corruption ainsi que la consolidation des mécanismes de contrôle et de reddition de comptes ».

Lutte contre la corruption et la bureaucratie au menu des interventions
Le député a également appelé au « changement des mentalités et des comportements ». Mohamed Naomi, député de Djelfa, a lancé quant à lui : « Votre plan peut être sincère, mais pèche par une absence de données chiffrées. » Le député n’a pas manqué d’appeler le gouvernement a éclairer l’opinion sur les sources de financement de son plan d’action. De son côté, le tonitruant député FLN d’Alger Lyes Saâdi a dénoncé la prise en charge des malades « fortunés » à l’étranger et des responsables tout en laissant les malades ayant un faible revenu social entre les mains d’un système de santé déficitaire : « Vous voulez nous laisser mourir alors que vous aurez forcément une prise en charge à l’étranger en cas de maladie », a-t-il lancé. Le député n’a pas manqué à ce sujet de qualifier la prise en charge du cancer dans notre pays comme étant « insuffisante ». « Je regrette d’avoir entendu le ministre de la Santé dire depuis quelques jours que l’Etat n’avait pas suffisamment de moyens pour acquérir des molécules neuves pour lutter contre le cancer », a-t-il lancé en colère. Quant à Abdelmadjid Dennouni, député FLN, il a appelé à l’impératif d’uniformiser la réglementation fiscale. « Il faut mettre fin à l’instabilité fiscale », a-t-il lancé, regrettant le fait que « les autorités demandent trop aux opérateurs économiques qui activent dans la légalité, alors que ceux qui travaillent dans l’informel sont épargnés ». Selon lui « plus de 50% de l’activité économique sont dans l’informel. Alors, le gouvernement a choisi la facilité, imposer ceux qui ont des registres du commerce ».
Par ailleurs, beaucoup de députés se sont contentés de recenser des préoccupations sans écorner le gouvernement. C’est ainsi que plusieurs d’entre eux ont appelé à la consolidation des mécanismes à même d’assurer la transparence et à la poursuite de la lutte contre la corruption. Le député Kada Ouafi a expliqué dans ce cadre que « le plan d’action du gouvernement revêtait une importance urgente pour traiter les dysfonctionnements actuels ». « Il faudrait le consolider par des mécanismes à même d’assurer la transparence dans l’ensemble des domaines pour l’édification d’une forte société qui se réfère à la Loi seule », a-t-il lancé. Le député Berramdane Nazih, tout en estimant que ce plan « renferme de bonnes intentions », a appelé à « la lutte contre la bureaucratie, le renforcement de l’indépendance de la Justice et le contrôle de la gestion des affaires publiques ». De son côté, le député Ahmed Sadok a mis en avant, à son tour, la nécessité de « poursuivre la lutte contre la corruption et la fraude, d’adopter la transparence et la sincérité, en vue d’en finir avec les dysfonctionnements du passé ».