Par Sihem Bounabi
L’ambassade d’Algérie en France a récemment publié un communiqué sur les conditions d’acheminement des dons vers l’Algérie, suscitant l’incompréhension et le doute sur le soutien à l’élan de solidarité de la communauté algérienne à l’étranger et plus spécifiquement la diaspora installée en France.
En effet, dès la publication du communiqué, les réseaux sociaux se sont enflammés et sa diffusion est devenue virale pour dénoncer une «bureaucratie incompréhensible au moment où l’urgence est de sauver des vies».
L’ambassade d’Algérie en France a annoncé, en effet vendredi dernier, que les opérations de solidarité visant la lutte contre la propagation de la pandémie de la Covid-19, initiées par les membres de la diaspora algérienne, sont désormais soumises à «une autorisation d’acheminement de dons».
Elle précise que «les initiateurs d’opération de collecte et d’acheminement de dons sont tenus de prendre attache avec les représentations consulaires territorialement compétentes à l’effet de solliciter la délivrance de l’Autorisation d’acheminement de dons». Le dossier de demande d’autorisation doit comporter les indications suivantes : l’identité des donateurs (associations, collectifs, particuliers), agrément, le cas échéant, la liste du matériel médical (concentrateurs d’oxygène), des consommables et des produits pharmaceutiques collectés, comportant les indications sur le volume, le poids et la valeur. Le communiqué ajoute, également, que «le ministère de la Santé est le seul et unique destinataire des dons recueillis», soulignant que c’est la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) qui «se charge de la répartition du matériel médical, des consommables et produits pharmaceutiques collectés selon son évaluation des besoins au niveau national».
S’agissant du déplacement en Algérie des praticiens de la santé dans le cadre du bénévolat, l’Ambassade invite les professionnels et praticiens de la santé désireux de se rendre au pays pour contribuer, au sein des structures sanitaires, à la prise en charge des malades atteints de la Covid-19, à se rapprocher de la représentation consulaire dont ils relèvent afin de manifester leur engagement et d’être portés sur la liste des volontaires.
L’ambassade souligne que la répartition des personnes volontaires au niveau des infrastructures sanitaires relève du ressort exclusif du ministère de la Santé. Elles seront contactées par les représentations consulaires pour notification de la destination et période retenue pour leur mission.
Les volontaires trouveront à leur arrivée à Alger le moyen de transport adéquat pour rejoindre leur lieu d’affectation, de même qu’ils seront informés de leurs conditions de travail et de séjour, selon le communiqué.
Suite à toutes ces mesures considérées comme lourdes et bureaucratiques et sans explications de la part des pouvoirs publics, la plupart des commentaires expriment un sentiment d’incompréhension face à ce qu’ils considèrent comme des entraves à des initiatives citoyennes qui ont permis de mobiliser toute une communauté pour venir au secours de leurs frère et sœurs algériens qui font face à une 3e vague marquée par une propagation rapide du coronavirus et l’afflux continue vers les hôpitaux en manque notamment d’oxygène conduisant à des pertes humaines. Une incompréhension et une colère face à ce qui est considéré comme un camouflet à la mobilisation des émigrés qui ont déployé une grande énergie afin de fédérer toutes les ressources humaines et matérielles, contribuant ainsi à sauver des malades Covid.
En effet, face aux nouvelles macabres où des familles sont endeuillées par le décès de plusieurs de leurs membres et les incessants appels de détresse en quête d’oxygène ou de Lovenox sur les réseaux sociaux, la diaspora a réussi à insuffler un véritable souffle d’espoir et d’entraide en ces temps difficiles.
Après avoir salué cette mobilisation, et l’annonce des pouvoirs publics d’un couloir vert pour les appareils et produits thérapeutiques contre la Covid-19, applaudis, les citoyens ne comprennent pas ces nouvelles conditions. n