Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil de l’Ordre des médecins, a encore une fois soulevé l’urgence de trouver des solutions à la problématique de l’hémorragie des médecins algériens vers l’étranger.
Par Sihem Bounabi
Il appelle à l’application des décisions du président de la République Abdelmadjid Tebboune, lors du dernier Conseil des ministres, notamment celles concernant la réhabilitations des ressources humaines avec la publication de la révisions des statuts particuliers et la mise en place d’hôpitaux spécialisés tout en assurant une gestion moderne et efficace.
S’exprimant dans l’émission matinale d’ Echourouk TV, Dr Mohamed Bekkat Berkani confie que «les décisions de président de la République ont notamment été prises après des enquêtes et des inspection sur le terrain qui ont permis de faire le diagnostic de la situation, premièrement sur les difficultés que rencontrent les ressources humaines du secteur, deuxièmement sur la situation des hôpitaux en ce qui concerne l’état des infrastructures ou des équipement et du matériel disponible et, troisièmement, sur la question de la disponibilité des médicaments».
Il commente ainsi les décisions du président de la République en soulignant qu’«en tant que médecins, on salue les décisions du président de la République et nous les considérons comme positives, d’autant plus qu’elles légitiment les revendications des médecins quant à l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles. On estime qu’elles ont été prises afin d’assurer une amélioration globale de la situation».
A propos de la nécessité de la spécialisation des hôpitaux, le président du Conseil de l’Ordre des médecins souligne qu’«il est important d’aller vers la spécialisation des hôpitaux car nous avons remarqué que les malades se dirigent tous vers le même hôpital dans les grandes villes, dans la capitale, à Oran ou Constantine. S’il y a avait des hôpitaux spécialisés, cela diminuerait la pression sur les hôpitaux». Il ajoute que le véritable problème des hôpitaux algériens est une question de gestion. En soulignant que «l’Algérie a donné tous les moyens, mais il y a un manque d’efficacité pour assurer la transparence quant à l’état des équipements et le suivi du malade à travers la gestion électronique du dossier médical.
Quand à la problématique des infrastructures vieillissantes de la majorité des hôpitaux algériens, construit sous formes pavillonnaires, il souligne qu’une véritable réflexion doit être portée sur les projets des nouvelles infrastructures de santé en se basant sur une conception moderne des hôpitaux où les services de consultations et d’exploration soient concentrés dans une seule et même structure afin de faciliter le parcours des malades.
Dr Mohamed Bekkat Berkani tient à mettre en exergue l’importance de remédier rapidement aux dysfonctionnements du secteur de la santé publique en soulignant : «Même si le secteur privé peut contribuer à la prise en charge des malades et même dans les pays capitalistes, le secteur de la santé publique est le pilier, une ligne rouge à ne pas franchir. C’est à l’Etat de prendre en charge la situation sanitaire du pays et la santé des citoyens.»
A propos de la révision des statuts particuliers des professionnels de la santé, il rappelle que «cela fait des années que les syndicats réclament la révision des statuts particuliers. Il est temps de les concrétiser et de les appliquer sur le terrain», ceci d’autant plus que la volonté politique est là et réaffirmée par le président de la République, que la mouture présentée à la Fonction publique a été validée d’un commun accord entre les syndicats et le ministère de la Santé. Aujourd’hui la balle est dans le camp de la Fonction publique pour répondre favorablement aux attentes des professionnels de la santé qui ont leurs spécificités contrairement à d’autres secteurs».
Il tient également à rappeler que cela fait des années que les professionnels demandent la création d’une fonction publique spécifique au secteur de la santé afin d’être en diapason avec les spécificités particulières du secteur et répondre réellement aux attentes des travailleurs de la santé publique.
Le président du Conseil de l’Ordre des médecins précise que la réhabilitation de la dignité des médecins passe par l’amélioration des conditions sociales, notamment par une augmentation réelle des salaires. Quant à l’amélioration des conditions professionnelles, elle concerne notamment la progression de carrière mais également les conditions de travail en donnant les moyens aux médecins de faire leur travail notamment en termes d’équipements et d’équipes médicales.
Il se désole ainsi du fait qu’«on constate que malgré toute leur bonne volonté, les médecins se retrouvent confrontés à des problèmes qui les dépassent, comme le manque de matériels, de maintenance des équipement dans certains hôpitaux, à l’exemple du matériels de radio qui ne fonctionne pas, une salle d’opérations chirurgicales obsolète». Ajoutant que c’est le cumul de tous ces problèmes qui ont poussé les médecins algériens à quitter le pays pour aller travailler à l’étranger».
Il affirme à ce sujet que les médecins algériens sont très demandés en France mais également en Allemagne et dans d’autres pays. Il y a à peine une semaine, la France, afin d’attirer les médecins algériens pour combler son manque de personnel médical, a accordé de nouvelles facilitations de procédures administratives pour les médecins algériens, notamment une carte de résidence de 4 ans en plus de leur offrir de meilleures conditions de travail. Pour rappel, Dr Mohamed Bekkat Berkani avait alerté, récemment sur les ondes de la Radio nationale que «dans la seule région d’Alger, nous avons une trentaine de demandes de départs par semaine. C’est une véritable hémorragie !» n