Les walis sont mis devant leurs responsabilités. C’est ce que suggère de comprendre la rencontre, prévue aujourd’hui, qui va réunir le gouvernement et les walis. Elle intervient dans un contexte de promesse d’un nouveau mode de gouvernance en rupture avec celui ayant prévalu durant les années Bouteflika.
Programmée juste après la présentation et l’adoption par la chambre basse du Parlement du Plan d’action du gouvernement, la rencontre peut visiblement constituer une étape pour une meilleure explication de la feuille de route de Djerad et les outils de sa mise à l’œuvre avec l’objectif de se débarrasser des plans de développement locaux, synonymes de programmes de financement.
Au-delà des concepts qui domineront les travaux de cette réunion, étalée sur deux jours, et des recommandations qui seront retenues à son issue, l’enjeu c’est davantage la mise des walis devant leurs responsabilités et plus que jamais tenus à réussir leurs missions sur plus d’un front.
Il s’agit, en effet, d’œuvrer à réunir les conditions optimales pour enclencher le développement local exigé par les populations et promis par les officiels, d’autant plus que faire des territoires locaux une rampe de lancement de l’essor économique national peine à se concrétiser malgré les potentialités existantes. Le premier magistrat du pays avait exhorté, à cet effet, le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales à l’effet de trouver une solution « aux zones enclavées pour leur assurer les services nécessaires en termes d’eau, d’électricité et de routes…»
C’est dans la même finalité qu’il a également instruit les walis à « réaliser un recensement global des zones d’ombre où vivent des citoyens défavorisés ».
«Je vis la réalité du citoyen et je n’accepterai jamais qu’il y ait un citoyen de première zone et un autre de deuxième ou de troisième zone. Les fruits du développement doivent s’étendre à toutes les régions et à l’ensemble des citoyens», a signifié le président Tebboune dans ce qui traduit un pressing sur les walis afin de rompre avec les pratiques en vogue au niveau local. Un souci de performance à lire également à travers le dernier mouvement partiel opéré dans le corps des walis au moment où ceux qui ont préservé leurs postes croisent les doigts avec l’espoir de ne pas se faire évincer prochainement.
Par ailleurs, la convocation aujourd’hui des walis coïncide avec l’annonce d’une instruction validant le transfert des prérogatives d’attribution du foncier industriel du wali au comité d’assistance à la localisation et à la promotion des investissements et de la régularisation du foncier (Calpiref), ce qui signifie pas moins l’échec des walis sur ce registre. Surtout que la justice a rattrapé des attributions sur fond de pots-de-vin et de passe-droits.
Transparence dans la gouvernance
La réunion gouvernement-walis se veut également une étape importante pour l’Exécutif de Djerad qui mise à insuffler un nouveau mode de gestion des affaires publiques. Surtout que cette gestion reste marquée par une succession d’affaires de corruption, ponctuées par la mise en détention provisoire de certains walis, qui au hasard de promotion, sont devenus ministres dans les gouvernements successifs de l’ancien président déchu. C’est ainsi que l’on retrouve aujourd’hui des ministres en prison, Abdelwahid Temmar, Mohamed Hattab, Nouria Zerhouni, Abdelmalek Boudiaf, Abdelghani Zaâlane et Mohamed El Ghazi, pour des faits commis alors qu’ils étaient walis. D’autres anciens walis ont été également rattrapés par la justice à l’image d’Abdelkader Zoukh, de Ghelaï Moussa (Tipasa) dans ce qui représente depuis une tache noire pour la collectivité locale appelée plus que jamais à redorer son blason et soigner l’image ternie de la représentation de l’Etat au niveau local. A l’évidence, l’éclatement de nombreuses affaires de corruption, dans lesquelles sont directement impliqués des walis, a mis davantage ces derniers devant leurs responsabilités afin que la gestion des affaires publiques au niveau des wilayas ne reste pas synonyme de détournement des deniers et du foncier publics et de largesses aux puissances locales.