La caravane organisée la semaine dernière par l’Association nationale des commerçants et artisans, dans plusieurs wilayas du Sud algérien, a montré combien la question du développement local est importante et combien il est nécessaire de trouver les bonnes réponses.

Selon tous les opérateurs et acteurs de la vie socioéconomique dans ces régions, ces réponses doivent être l’émanation du « génie » local et à partir des capacités et atouts dont disposent ces territoires, dont la plupart ont une vocation agricole, mais qui cherchent à développer également des activités en aval de ce secteur, notamment par la création d’unités de transformation et de conditionnement des produits de la terre. Ainsi que par la recherche des meilleurs moyens pour lancer ou relancer ce qui est considéré comme la ressource durable de cette partie de l’Algérie, le tourisme saharien.
Pour le président de l’ANCA, qui a résumé l’essentiel des échanges qu’il a eus durant cette caravane avec les commerçants, artisans, agriculteurs et opérateurs, intervenant dans différentes filières dans ces régions sahariennes, « il serait illusoire de parler de développement national sans parler de développement local » et d’agir de sorte que les collectivités locales, à commencer par les communes, parviennent à s’organiser de façon à générer leur propre dynamique. « Une fois cette dynamique lancée, il y a lieu de créer le lien nécessaire entre ces régions et celles de tout le pays.
Pour ce qui est du Sud, le « lien est à créer avec le Nord ». Et d’expliquer que ces « régions, qui disposent d’un petit marché pour écouler leurs produits, ont besoin de rayonner vers celles plus peuplées et là où il y a le plus grand nombre de consommateurs ».
Cela suppose, explique Hadj Tahar Boulenouar, une bonne connaissance de ces territoires et de leurs spécificités socioéconomiques et une politique d’aménagement du territoire suffisamment cohérente et efficace pour que ces spécificités soient préservées et exploitées pour devenir un produit économique exportable vers d’autres wilayas du pays et, pourquoi pas, vers des destinations étrangères dans le cadre des activités de l’export.
« Encourager la production nationale passe par la mise en valeur et la promotion de la production et des richesses locales », a-t-il insisté en parlant des « produits agricoles », du « tourisme », de l’« artisanat » et « de l’ensemble des activités connexes qui peuvent être créées à partir d’investissements originels ». C’est certes le travail du gouvernement et de ses administrations centrales, mais c’est aussi et surtout le travail des responsables des collectivités locales. « Les élus et les fonctionnaires de l’Etat, les walis ont une responsabilité cruciale dans cette affaire de développement », a ajouté le président de l’ANCA.
Un discours qui a pris tout son sens lors de la visite de l’étape d’Adrar où les agriculteurs de la région, faute de moyens sérieux pour créer le lien économique et commercial nécessaire avec les régions du Nord, bradent leur potentiel productif. « Par manque d’unités de transformation des produits de la terre, les agriculteurs du Sud limitent leur production aux seuls besoins locaux », a-t-il dit lors de sa rencontre avec les opérateurs de la région.
Il en est de même pour l’équipement industriel local, a-t-il poursuivi, en pointant l’aberration qu’« une wilaya comme Adrar compte uniquement 6 chambres » de froides, de conservation et de conditionnement alors qu’on a un périmètre du territoire connu pour ses cultures, notamment maraîchères et un climat chaud qui rend indispensables les chambres froides.
Toujours en ce qui concerne le problème de l’équipement, une visite dans une unité de pasteurisation de lait, dont la matière première, le lait en poudre, est 100% importée, nous a appris, sur les lieux, que le lait de cette unique usine est distribué dans 8 communes seulement sur les 28 de la wilaya, faute de moyens de transport dont les coûts sont importants, compte tenu de l’étendue géographique de la wilaya. Et ce qui est valable pour les produits agro-alimentaires et alimentaires l’est aussi pour les produits artisanaux et touristiques dont le développement reste freiné en l’absence de politique de promotion.
Et l’ANCA de proposer de « cartographier » ces régions du Sud pour bien les connaître et en faire des territoires économiques pertinents. Un travail qui passe par les collectivités et par l’Etat « qui doivent faciliter les activités des opérateurs qu’ils soient agriculteurs ou autres, et également les procédures pour commercialiser leurs produits à l’intérieur et à l’extérieur du pays ». « Les régions du Sud peuvent être une plateforme d’un grand marché destiné aux pays africains », a affirmé Hadj Boulenouar à Adrar comme dans d’autres villes du Sud comme Biskra où de nombreux opérateurs se sont plaints que la filière de la datte reste prisonnière de l’informel.

Quid du tourisme ?
Pour Omari Touhami, directeur de tourisme de la wilaya d’Adrar, « le Sahara algérien est un vrai trésor sur terre », mais qu’il faut préserver. « Nous proposons aux touristes pratiquement tous les types de tourisme, archéologique, saharien, scientifique, d’aventure, de recherche pour lesquels nous avons une clientèle, mais on souhaite qu’elle soit plus importante pour qu’elle devienne une réalité économique, et cela passe par la création de nouvelles structures et la formation de la ressource humaine », a-t-il déclaré à Reporters. Pour promouvoir le secteur du tourisme, selon l’interlocuteur, il faut des garde-fous pour protéger ce patrimoine naturel par des politiques d’anticipation et de préservation. Il a affirmé que sa direction a eu des promesses de la part du ministre de l’Environnement de lutter contre la dégradation de l’environnement saharien.