Le lait pasteurisé en sachet subventionné continue de faire parler de lui. En effet, la direction du commerce de la wilaya d’Alger a découvert récemment une laiterie de la place qui s’adonnait à des pratiques illégales depuis 2019 en détournant ainsi près de 1 million de litres vers un autre circuit que celui auquel il est destiné. Le ministre du Commerce Kamel Rezzig, qui a confirmé l’information sur sa page facebook, révèle en outre deux autres cas similaires. « L’une publique et l’autre privée implantées à l’ouest et au centre, privant ainsi par leur pratique illégale les personnes aux revenus modestes de lait en sachet », s’est-il insurgé. Ceci étant, on peut vite déduire par cette mise en évidence de telles dérives sur la poudre de lait, destinée exclusivement à la production de lait en sachet, car subventionné par les pouvoirs publics pour être vendu sur les étals au prix fixe de 25 DA le sachet, que la matière première importée à coups de milliards de dollars est détournée mais sans connaître les quantités exactes. Et du coup, une question s’impose. Les laiteries doivent-elles prouver que les volumes de poudre de lait reçus de l’Office national interprofessionnel du lait (Onil), selon un système de quota mensuel, sont utilisés dans leur intégralité à la production de LPS ? Il faut croire que cette exigence manque de rigueur sinon comment expliquer que les laiteries mises en cause se sont adonnées à des pratiques illégales pendant une si longue période sans être inquiétées. Faut-il souligner que le pot-aux-roses a été découvert seulement après que le ministre s’est engagé à livrer bataille aux laiteries suite à la pénurie de lait en sachet qui s’est installée dans la durée. Le ministre du Commerce a déclaré sur sa page Facebook que « nous n’aurons aucune pitié contre les laiteries, qu’elles soient publiques ou privées, s’adonnant à des pratiques illégales. Et si, jusqu’ici, nous avons été tolérants pendant plus de trois semaines, désormais nous avons décidé leur fermeture et d’ester en justice leurs propriétaires ». Et de lancer : « Les sanctions ne s’arrêterons pas avant que le secteur ne soit définitivement assaini de toutes ses brebis galeuses. » Notons que selon des sources proches de l’Onil, « les quotas destinés aux 127 laiteries tous secteurs confondus du pays n’ont jamais, durant l’année précédente, été revus à la baisse, comme cela a été dit par certains patrons de laiterie pour justifier leur baisse de production de lait en sachet ». Sur ce dernier point, le ministre avait, lors d’un point de presse, tenu à faire savoir que « la pénurie du lait subventionné n’est pas due à la diminution des quantités de poudre de lait importées ou tout autre problème lié à l’approvisionnement des laiteries, mais en raison d’une mafia qui s’est incrustée dans le marché de la distribution ». Notons que les déclarations du ministre n’ont pas laissé indifférents les distributeurs au point où ils ont porté à la connaissance des médias et de la rue les raisons qui les ont poussés à cesser leurs activités. Allant même jusqu’à durcir le ton si leurs doléances, liées surtout à la marge bénéficiaire, ne sont pas prises en compte.
Il est utile de rappeler enfin que la crise du lait en sachet existe depuis plusieurs années, mais aucun gouvernement n’a réussi jusque-là à asseoir une véritable organisation de la filière. Devant ce constat, le ministre du Commerce actuel crie haut et fort depuis son installation qu’il est décidé à mettre de l’ordre dans la production et la distribution du lait subventionné. Comme il a menacé les « responsables de la crise, les qualifiant même de mafia du lait en sachet ». Face à ces avertissements, des voix se sont élevées suggérant qu’il aurait été peut-être préférable d’écouter tous les intervenants afin de faire un diagnostic précis, avant d’évoquer l’existence d’une «mafia du lait», rendant encore plus inextricable une situation qui perdure depuis des années et jetant l’opprobre sur des intervenants dont la culpabilité n’est pas, pour l’instant, avérée. « Une analyse approfondie de la situation permettrait de déterminer avec plus d’exactitude le degré de responsabilité de chacune des parties concernées » avancent à l’unanimité de nombreux acteurs du secteur.