Karim Tabbou ne sera pas remis en liberté de si tôt. Contrairement aux rumeurs donnant constamment sa libération pour imminente, le militant et homme politique Karim Tabbou restera, en tous cas pour l’heure, encore en détention. C’est du moins ce qu’a affirmé hier son avocat Me Noureddine Ahmine, selon lequel la détention provisoire du patron de l’UDS (non agréé) est prolongée pour quatre autres mois supplémentaires effectifs, à compter du 26 janvier. «Je peux vous dire que le juge d’instruction a rendu une ordonnance dans laquelle il a prolongé la détention provisoire de Karim Tabbou pour une durée de quatre mois», a-t-il affirmé. Interpellé le 11 septembre dernier par les services de sécurité à son domicile, Karim Tabbou a été, pour rappel, placé en détention provisoire à la maison d’arrêt de Koléa, inculpé pour «atteinte au moral de l’Armée». Brièvement libéré le 25 septembre dernier, sur décision de la chambre d’accusation du tribunal de Tipasa, Tabbou a été arrêté de nouveau dès le lendemain puis incarcéré sur décision du tribunal de Sidi M’Hamed. Son incarcération avait soulevé un tollé et fait sortir de sa réserve son papa, très ému de la solidarité et des soutiens dont a bénéficié son fils. Son épouse, de son côté, a intégré le Hirak en manifestant chaque vendredi. Brandissant le portrait de son mari, elle revendique sa libération de manière incessante. Devenue publique, Mme Tabbou n’a pas hésité à sensibiliser l’opinion de la situation délétère de sa famille après l’incarcération de son mari. «L’absence de Karim a fortement secoué nos enfants, ils ne comprennent pas ce qui se passe et ne cessent de m’interroger sur ce qui est arrivé à leur père. Ils ne comprennent pas pourquoi il ne rentre pas le soir à la maison et psychologiquement, c’est un coup extrêmement dur pour des gamins», a-t-elle déclaré à la presse. Karim Tabbou, porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS), un parti politique non agréé qu’il a créé, avait réussi à émerger parmi les animateurs du Hirak.
Engagé dans le mouvement de contestation né le 22 février dernier, Karim Tabbou, un bon tribun, sachant manier tout autant le kabyle, la langue populaire que le français, s’est fendu en critiques acerbes à l’endroit du défunt Gaïd Salah, ancien vice-ministre de la Défense et chef d’état-major de l’Armée. Aussi et tout de suite après l’élection de Tebboune à la présidence de la République et la mise en liberté de plusieurs détenus, beaucoup avaient annoncé sa libération. Mais son frère intervenait cycliquement pour démentir l’information. Hier, Me Ahmine a confirmé le maintien de Karim Tabbou en détention pour encore 4 mois.