Le programme de distribution d’eau potable va-t-il être assoupli dans les semaines à venir, soit à partir du mois de ramadan qui arrive ? La question continuera sans doute à se poser, même si le président de la République a décidé d’évacuer des tiroirs le dossier de dessalement d’eau de mer à l’occasion du Conseil des ministres tenu dimanche.
En effet, Abdelmadjid Tebboune a remis sur la table des priorités le programme portant sur ce dossier en instruisant les responsables concernés de «procéder à un examen, une évaluation et une définition du véritable volume de consommation quotidienne de l’eau potable», indique le communiqué de la Présidence. En ce sens, le chef de l’Etat a fixé à un mois pour cette étude dans le cas des wilayas d’Alger, Oran et Constantine. Il s’agit de «revoir le plafond de production et de distribution, car le véritable chiffre indiciaire actuel est exagéré», juge-t-on, citant l’exemple de la capitale où ce chiffre a été estimé à 1 250 000 mètres cubes pour 4 millions de citoyens.
Visiblement, si Abdelmadjid Tebboune a rebondi sur ce programme, c’est qu’il a constaté que les promesses faites pour lancer des projets de dessalement d’eau afin de réduire du programme l’approvisionnement des citoyens de ce liquide précieux n’ont pas été atteintes à ce jour. L’on se rappelle, effet, que pour le seul cas d’Alger, wilaya la plus touchée par la sécheresse, et la procédure de rationnement qui s’en est suivie depuis l’été dernier, pas moins de quatre stations de dessalement d’eau de mer devaient entrer en service durant les seuls mois de juillet et août derniers, avec une capacité de 37 500 m3/jour «en vue de renforcer le service public d’eau à Alger et ses environs», avait alors annoncé le ministère des Ressources en eau dans un communiqué.
On avait parlé de ces stations, des visites avaient été effectuées sur les chantiers, alors que la crise d’eau faisait parler d’elle à travers un programme de distribution que les Algérois découvraient et consommaient dans la douleur. Mais depuis déjà plusieurs mois, on n’entend plus parler de ces projets ni de leur état d’avancement réel, alors que de nombreuses communes d’Alger continuent à vivre le calvaire de l’eau à travers une distribution mettant à sec les robinets des ménages pendant plusieurs jours, alors que lorsque l’eau est lâchée, c’est pour faire un petit tour de deux à trois heures sur quarante-huit heures.
Est-ce la raison qui a poussé le président de la République à commander un nouveau programme dès le mois du Ramadan et en prévision de la saison estivale ? C’est, en tous les cas, ce que pourrait supposer le communiqué à ce propos. «Le Président a ordonné d’œuvrer le plus rapidement possible à fournir toutes les capacités foncières et les conditions appropriées afin d’achever les projets des cinq stations de dessalement d’eau de mer, dont la réalisation avait été programmée lors des précédentes réunions du Conseil des ministres», lit-on sur le document. Lequel précise qu’il est question de «mettre en place un nouveau plan de distribution de l’eau garantissant un approvisionnement régulier, à partir du mois de Ramadan et en prévision de la saison estivale».
La pression mise par le chef de l’Etat devient plus qu’indispensable en cette période où la sécheresse se fait de plus en menaçante à travers une météo avare en pluie et, partant, des barrages dont les stocks s’épuisent sans moyens de se renouveler. Et ce n’est sans doute pas le taux de remplissage de ces barrages, communiqué la semaine dernière par le ministère des Ressources en eau, qui va rassurer. Celui-ci affichait tout juste 37,66 % de fin janvier à début février, soit des volumes nettement en deçà des besoins des consommateurs. Parmi ces derniers, ceux qui dépendent des barrages de la région du centre restent toujours les plus pénalisés par le déficit pluviométrique, avec un taux insignifiant de 18,33% contre 22,80 % dans l’Ouest du pays et la région du Chellif, 18,33 %, alors que la région est nettement mieux lotie avec un taux de 61,92%.
Dans l’attente d’averses qui tardent à se manifester dans l’ensemble des régions du pays, notamment le Centre et l’Ouest, le dessalement d’eau de mer refait donc parler de lui en termes d’urgence et en tant que solution au stress hydrique qui frappe le pays depuis l’année dernière. Une solution durable pour un pays constamment menacé par la sécheresse, faut-il le souligner.