Dans une intervention à la radio, l’économiste et observateur de la chose politique dans notre pays, Mustapha Mikideche, s’est interrogé hier sur le devenir des organismes d’aide à la gouvernance et en particulier sur ces agences de régulation qui ont été créées à cette fin, mais qui ne jouent plus le rôle qui leur incombent en raison d’une certaine façon de penser et de pratiquer le pouvoir dans notre pays. Pourtant, les défis économiques et sociaux sont si importants que les organes internes des ministères ne peuvent appréhender seuls sans le recours à l’expertise des entités mises en place par l’Etat aux fins d’aider le gouvernement à travers des propositions et des recommandations. Les experts n’ont cessé de le rappeler : les organismes de veille, de proposition et d’évaluation doivent être redynamisés pour éviter les erreurs du passé… L’urgence est signalée.
Alors que la crise financière ne fait que se corser, le gouvernement semble remettre à plus tard les urgences économiques, le temps que les ministères finissent d’esquisser leurs projets, lesquels doivent figurer dans le plan d’action de l’Exécutif, dont un cour de pédagogie a été à cet effet donné par Abdelaziz Djerad à son gouvernement, il y a de cela quelques jours, dans le cadre d’une première réunion du nouvel Exécutif. Les ministres ont été ainsi chargés d’élaborer des plans d’actions sectoriels, chacun dans son domaine, en suivant une pédagogie, dont les contours ont été fixés d’avance, alors que des organismes d’aide à la gouvernance et au contrôle ont été créés afin de faciliter le travail de réflexion et de suivi des plans d’actions au gouvernement, dont le rôle de certains de ces organismes, à l’image du Conseil national économique et social (Cnes) a été institutionnalisé lors de la dernière révision apportée à la loi fondamentale. Dans la dernière version de la Constitution, le Cnes, faut-il le rappeler, a été considéré comme étant le conseiller du gouvernement et chargé d’offrir un cadre de participation de la société civile à la concertation nationale sur les politiques de développement économique et social. Mais pas seulement, la Constitution associe le Cnes au dialogue et à la concertation entre les partenaires économiques et sociaux nationaux, mais aussi à l’évaluation et à l’examen des questions d’intérêt national dans les domaines économique, social… Il est surtout tenu de faire des propositions et des recommandations au gouvernement. Les mêmes missions incombent au conseil nationale de l’énergie, censé penser la stratégie énergétique du pays et évaluer les politiques du domaine, ainsi qu’au conseil national des droits de l’Homme, le conseil national de la famille et de la femme, conseil national de la promotion des exportations… alors qu’au plan de l’évaluation et du contrôle a posteriori, d’autres mécanismes, non moins importants, mais exclus de l’acte d’évaluation des politiques publiques, les rapports de la Cour des comptes et de l’inspection générale des finances sont soit jetés aux oubliettes, soit reconsidérés pour des raisons inconnues et inexpliquées. Le problème est que l’action du gouvernement est souvent conçue, en amont, par les organismes internes de chacun des ministères le composant, alors qu’en aval, elle est peu ou prou contrôlée, étant donné que l’ensemble des organismes d’aide à la gouvernance et/ou de contrôle sont soit exclus soit mis en veilleuse pour des considérations purement politique. L’Etat aurait pu éviter le crash de l’industrie du montage automobile si la politique initialement mise en place par le ministère de l’Industrie et des Mines avait été soumise à l’appréciation des organismes de proposition et d’évaluation à l’image du Cnes. Les organismes de contrôle a posteriori ont été aussi tous mis à l’écart, autrement les pratiques frauduleuses et les passe-droits qui gravitaient autour du montage automobile n’auraient jamais pu exister. Le nouvel Exécutif semble perpétuer les mêmes pratiques en confiant aux ministères la confection des différents plans sectoriels, alors que des organismes d’aide à la prise de décision et à la gouvernance ont été créés et dotés d’importants moyens humains et matériels. Face aux défis économiques et sociaux, les experts n’ont cessé de le rappeler : les organismes de veille, de propositions et d’évaluation doivent être redynamisés pour éviter les erreurs du passé, où toutes les stratégies sectorielles étaient conçues par les ministères de tutelle avec les injonctions et les influences de parties tierces et externes. Les défis sont importants que les organes internes des ministères ne peuvent appréhender seuls sans le recours à l’expertise des entités mises en place par l’Etat aux fins d’aider le gouvernement à travers des propositions et des recommandations.