C’est aujourd’hui que les députés devront valider le projet de révision constitutionnelle. Si cette opération ne devra pas susciter d’oppositions compte tenu de la configuration de l’Assemblée nationale dominée par le duo FLN-RND, ce qui pose problème, c’est bien l’issue de cette révision de la loi fondamentale et la dissolution de l’Assemblée populaire nationale (APN). C’est du moins ce à quoi songent les députés, toutes tendances confondues, contactés par nos soins hier. «Pour être franc, personne n’a en tête la révision constitutionnelle, car il s’agit d’un acquis, mais l’ensemble des députés craignent, refusent et rejettent la dissolution de l’APN. Et toutes les discussions des députés tournent autour de cela », indique un député FLN. Même état d’esprit chez un autre parlementaire de la même formation politique qui estime que « nous sommes dans l’obligation d’adopter le projet de révision constitutionnelle puisqu’au FLN nous nous inscrivons en droite ligne avec l’Algérie nouvelle que veut mettre en place le Président de la République, mais cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord avec la dissolution de l’APN ». Expliquant que « ce ne sont pas tous les députés qui sont corrompus », le député du parti de Badji estime que « la dissolution de l’APN est une erreur ». Pourquoi ? « Car il faudrait que cette dissolution soit suivie d’élections législatives anticipées et ce sera un coup pour le pays », argue-t-il. Des députés du RND quant à eux sont d’emblée clairs : « Nous sommes élus pour cinq ans, je ne vois pas pourquoi notre mandat devrait être écourté ? », lance-t-il interrogatif avant d’enchainer « nous ne sommes aucunement concentrés sur la révision constitutionnelle puisque personne ne peut s’aventurer à la rejeter ». « Mais ce qui nous tracasse le plus, ce sont les annonces incessantes sur la possibilité de dissoudre l’APN », explique à Reporters un député d’Alger du parti de Tayeb Zitouni. « Nous sommes contre cette dissolution dans le fond et dans la forme », lance-t-il avant d’arguer que « nous avons été candidats à la députation, nous avons mené des campagnes électorales à travers l’ensemble du pays avec sincérité et on ne devrait pas payer pour la corruption électorale qui a eu lieu au FLN ». Chez des députés de TAJ, la colère gronde. « C’est illogique de faire partir des députés de l’Assemblée nationale pour conforter ceux qui nous accusent de corruption et de fraude », lance un parlementaire de ce groupe parlementaire selon lequel « s’il y a des gens qui ont acheté leur siège comme l’a révélé Baha Eddine Tliba, il faut juste appliquer la loi à leur égard et ne pas sanctionner toute une institution ». Même topo pour les députés du Mouvement populaire algérien : « Nous refusons de payer pour les magouilles du FLN », lance tout de go un député de cette formation avant de dénoncer « cette sanction généralisée à l’endroit de l’ensemble des députés pour des faits et comportements imputables à une poigné d’entre eux ». Par ailleurs, selon beaucoup de députés contactés, hier, une réflexion est en train d’être menée chez les parlementaires pour tenter de trouver un moyen « d’éviter » la dissolution de la chambre basse du parlement.