Chez les associations, il y a comme un air d’inflexibilité face aux déclarations de l’Exécutif d’ouvrir le dialogue avec les acteurs du champ politique, économique et associatif. Au lendemain de la déclaration du Premier ministre Abdelaziz Djerad d’« entamer une nouvelle ère basée sur le dialogue et la concertation », la réaction de deux associations « classées » dans le camp de l’opposition est à la rigidité, du moins dans le propos.

Alors que le plan d’action annoncé par le Premier ministre n’est pas encore connu, on parle déjà de « diversion pour détourner l’opinion publique et le Hirak de ses principales revendications ». Aux yeux de Fouad Ouicher, auteur de ces propos et secrétaire général de RAJ (Rassemblement action jeunesse), « l’inquiétude est de voir le pouvoir nous imposer un dialogue à sens unique à partir d’une seule feuille de route à caractère socioprofessionnel, alors qu’il doit porter avant tout sur le volet politique qui a fait bouger le peuple depuis le 22 février 2019 ».
« L’impératif, ajoute M. Ouicher, est d’aller vers des mesures d’apaisement » avant d’aller vers
«un dialogue inclusif, rassembleur et constructif». «Il faut respecter les libertés individuelles, collectives, et garantir le libre exercice politique et associatif, conformément aux conventions ratifiées par l’Algérie», ajoute le premier représentant de RAJ. « On veut aller vers un dialogue pour un Etat de droit et une justice indépendante, vers un dialogue sur la séparation des trois pouvoirs ainsi que la définition du rôle de l’armée», ajoute ce militant associatif qui ne « minimise pas les questions économiques et sociales ainsi que les problèmes qu’elles posent aux Algériens dans leur quotidien ». A la question
« avec qui le gouvernement peut-il dialoguer ? », M. Ouicher a cette réponse : dans le contexte actuel, aucune partie n’est habilitée à parler au nom du Hirak. Ce qui représente le Hirak, ce sont ses revendications ».
« Le gouvernement invite à un dialogue social, alors qu’on réclame un dialogue politique », s’exclame pour sa part le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH). Pour Saïd Salhi, « la LADDH épouse la même position que le collectif de la société civile pour une transition pacifique et démocratique. Elle exige une solution globale, un dialogue politique et non un dialogue social ». Selon lui, il y a le risque que « le plan d’action annoncé pour le dialogue ne soit qu’une diversion et une manœuvre pour contourner le dialogue politique ». Pourquoi ce manque de confiance manifeste et des questions qui anticipent négativement sur un plan dont le contenu n’est pas encore connu ? « Le gouvernement actuel est issu d’un processus politique rejeté par des millions d’Algériens. Il découle d’une solution qui nous a été imposée », rétorque M. Salhi. «Certes, il faut prendre acte de la libération provisoire des détenus d’opinion qui était une revendication centrale du Hirak. Mais, le système en place libère les détenus politique sans libérer le champ politique, il décide de son agenda », ajoute ce militant avec une certaine nuance.<