Il est indéniable que 2019 a été une année compliquée pour les chefs d’entreprise. Mais ce sont ceux des secteurs du bâtiment et des travaux publics (BTPH) qui en ont le plus pâti. Et pour preuve, du côté de la Confédération des entrepreneurs privés on n’a cessé d’enregistrer des cessations d’activités. Certains participants à la 4e édition «des débats du Forum» avec pour thème «les dispositions fiscales dans la loi de finances 2020», qui s’est tenue mardi dernier, ont révélé à l’auditoire tout ce dont ils endurent pour pouvoir se maintenir en activité, non sans lâcher que «si les choses n’évoluent pas dans le positif, ils se verront contraints de mettre la clé sous le paillasson avec tout ce que cela engendre comme dommages collatéraux. Ils pourraient même ne plus reprendre du service si les pouvoirs publics ne décident pas d’un moratoire de leur charge fiscale d’une année ou deux et l’étalement du principal sur une période d’une année à trois années, selon le degré d’endettement de l’entreprise».
Ils suggèrent également que le dispositif de rééchelonnement de leurs dettes fiscales soit réactivé car il a été déjà mis en œuvre en 2012. Comme ils demandent à ce que le rééchelonnement des dettes fiscales inclut aussi bien la dette du principal et l’annulation des pénalités». Ces derniers demandent également que le même dispositif soit appliqué pour les dettes parafiscales au niveau des caisses de sécurité sociale.
Selon l’ex-ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa, qui a pris part au débat, «si le secteur du BTPH est le plus sinistré cela résulte du fait que toutes les entreprises sont grandement, sinon entièrement, dépendantes de la commande publique en nette décroissance ces deux dernières années». Toujours à propos de la situation critique que traverse le BTPH, le Forum des chefs d’Entreprise ( FCE) révèle pour sa part, dans son dernier rapport de conjoncture qui concerne tous les secteurs d’activités, rendu public mardi à l’issue des débats, les contraintes que rencontrent les entreprises du BTPH. Le rapport fait ressortir en substance que «les entreprises du BTPH subissent de plein fouet les effets de la chute drastique de la commande publique dans le secteur et les délais exorbitants dans le paiement des factures soumises aux maîtres d’ouvrages, c’est-à-dire les factures en attente de paiement par les différents trésoriers publics». Du coup, selon les auteurs du rapport, «l’ensemble des entreprises ont vu leur situation financière se dégrader, conduisant les plus vénérables à cesser leur activité». Pis encore, «ces retards de paiement des factures qui persistent depuis plus d’une année mettent les entreprises, même les plus solides financièrement, dans une situation de crise de leur trésorerie provoquant jusqu’à la cessation des paiements des salaires de leurs employés, l’arrêt des chantiers et également la libération du personnel en congé sans solde illimité. En clair, pour les auteurs, «cette situation hypothétique sérieusement la survie et la pérennité des entreprises dans leurs secteurs d’activités respectifs. Ceci dit, au niveau de la Confédération des entrepreneurs privés, on espère que les pouvoirs publics vont se pencher sérieusement pour trouver des solutions de sortie de crise «car il s’agit avant tout de sauver des milliers de postes d’emplois», ont averti à maintes occasions les membres du bureau de la Confédération.