Par Feriel Nourine
Face à la campagne de démolition de constructions illicites à travers plusieurs régions du pays, le président de la République à décider de donner des orientations qui permettraient de gérer ce dossier dans une approché étudiée, sous la houlette du ministère de l’Intérieur.
Lors du Conseil des ministres tenu lundi, Abdelamadjid Tebboune a enjoint les responsables concernés de «soumettre la démolition des constructions illicites habitées à un plan étudié minutieusement, préparé par les walis qui doivent le soumettre au ministre de l’Intérieur qui se prononcera de manière définitive après épuisement de toutes les voies de règlement administratif et réglementaire», indique un communiqué de la Présidence de la République.
Parties de Bordj El Bahri, à Alger, en décembre dernier, les démolitions de constructions illicites n’ont pas tardé à gagner d’autres communes de la capitale avant de s’étendre à d’autres wilayas du pays dont Tipasa, Oran, Souk Ahras et Jijel ou encore Béjaïa où des promoteurs immobiliers et des privés n’ont pas hésité à élever des bâtisses de plusieurs étages sans respect pour les normes de construction et d’urbanisme, et mettant en danger réel les acquéreurs des logements acquis après des années de travail et d’économies auxquels il faut souvent ajouter des prêts bancaires synonymes d’endettement.
Pis, nombreux parmi ces promoteurs agissent sans permis de construire, bénéficiant dans bien des cas de la complicité d’élus locaux et d’autres intervenants dans le circuit de la promotion immobilière.
C’est d’ailleurs ce qui a été souligné dans les communiqués des circonscriptions administratives concernées par la campagne de démolitions. Celles-ci sont inscrites dans le cadre de la lutte contre les constructions anarchiques sans permis de construire par des promotions immobilières imaginaires, et en raison du non-respect des règles de l’urbanisme et de construction, explique-t-on, précisant qu’il est question de préserver la sécurité des éventuels acquéreurs.
En fait le problème des constructions illicites a de tout temps constitué un casse-tête pour les pouvoirs publics. Il avait commencé avec des maisons individuelles avant de se manifester au niveau de cités entières. Mais ce sont surtout les habitations précaires qui faisaient parler d’elles, tout comme les clôtures illégales opérées au détriment des biens immobiliers et terrains appartenant à l’Etat.
Depuis quelques années, ce sont les promotions immobilières qui ont pris le relais, érigeant des constructions dont une grande partie ne répond pas aux normes en vigueur sur plusieurs aspects.
Cependant, ce type de dossier a toujours été difficile à gérer, exigeant une intervention inspirée de la réalité du terrain. D’où l’intervention du chef de l’Etat, connu pour avoir cumulé des longues années dans le secteur de l’habitat. Les instructions qu’il a données lundi semblent, en effet, s’inscrire dans un souci d’éviter la confusion entre rapidité et précipitation et de conserver ce qui peut être légalement récupéré parmi les constructions inscrites dans la campagne de démolitions initiée par les pouvoirs publics.
Ceci d’autant que les principales victimes dans cette affaire risquent d’être les acquéreurs de logements qui ont déjà payé les promoteurs immobiliers et qui n’ont quasiment aucune chance d’être remboursés par des vendeurs d’arnaque.n