Synthèse de Feriel Nourine
Face à des indicateurs favorables à la consommation de pétrole, dont la réouverture en Chine et la reprise du secteur de l’aviation, les prévisions de croissance de la demande en 2023 sont révisées à la hausse. C’est le cas chez Morgan Stanley qui prévoit désormais une augmentation de 1,9 millions de barils par jour contre 1,4 mbj antécédemment, soit une estimation relevée de 36%. « Les indicateurs de mobilité pour la Chine, tels que la congestion, n’ont cessé d’augmenter », tandis que « les horaires de vol ont raffermi les perspectives de demande de kérosène », a déclaré hier la banque dans une note. Côté prix, c’est plutôt la révision à l baisse que vient d’opérer MS. Mettant en avant une offre de brut russe plus forte que prévu, les analystes de la banque s’attendent à un baril à 90-100 dollars contre 100-110 dollars auparavant. « Nous avions précédemment estimé une baisse d’environ 1 mb/j d’une année sur l’autre en 2023, que nous modérons à 0,4 mb/j », a déclaré la même source, faisant référence à ses perspectives de production russe en millions de barils par jour. Plus tôt ce mois-ci, Goldman Sachs a réduit ses prévisions de prix du Brent pour 2023 et relevé ses prévisions d’offre mondiale pour 2023 et 2024, la Russie, le Kazakhstan et les États-Unis étant les ajustements à la hausse les plus notables. Mais Goldman a également noté qu’une augmentation de 1,1 million de bpj de la demande chinoise cette année devrait replonger les marchés pétroliers dans un déficit en juin. Dans les séances d’échange, les prix poursuivaient hier leur baisse, plombés par les craintes d’un ralentissement de l’économie mondiale. A la mi-journée, le Brent de la mer du Nord pour livraison en avril abandonnait 1,34% à 81,94 dollars, alors que le West Texas Intermediate (WTI) pour livraison le même mois perdait 1,52% à 75,20 dollars.
Les attentes du marché « se sont modifiées pour tenir compte de la résilience de l’économie américaine et de l’inflation qui persiste », a expliqué Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades. Les indicateurs de l’activité économique PMI aux États-Unis se sont montrés plus résilients qu’attendus, ce qui pourrait pousser la Réserve fédérale américaine (Fed) à augmenter ses taux directeurs plus que prévu. Concernant le marché gazier, le contrat à terme du TTF néerlandais, considéré comme la référence européenne, s’échangeait sous la barre des 50 euros le mégawattheure (MWh), à 49,43 euros, après avoir atteint la veille 47,70 euros, son plus bas depuis près de 18 mois.
Le TTF a dévissé de plus de 85% depuis son dernier pic en août, et d’environ 35% depuis le début de l’année. Les inquiétudes autour d’un manque de gaz en Europe pour l’hiver en raison des baisses d’approvisionnement venant de Russie se sont largement dissipées. « En effet, la fin de l’hiver n’est plus qu’à quelques semaines et les installations de stockage de gaz en Europe sont encore remplies à 64% », explique Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank, contre un peu moins de 40% et 30% les deux dernières années à la mi-février.
S’il reste toujours possible que le mois de mars soit exceptionnellement froid et que les particuliers continuent de chauffer leurs habitations jusqu’en avril, il reste « fort probable que la phase de remplissage de l’hiver prochain commence au niveau confortable de plus de 50% », poursuit l’analyste. Les prix pourraient toutefois remonter l’hiver prochain, la situation actuelle étant principalement le résultat d’un hiver exceptionnellement doux en Europe, mais aussi d’une demande de gaz naturel liquéfié en Chine plus faible « pour la première fois en 40 ans » en raison de la faiblesse de son économie, fait valoir M. Fritsch. <