Synthèse de Feriel Nourine
Une nouvelle fois, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a révisé à une légère baisse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour les années 2022 et 2023.
«La prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2022 est révisée à la baisse de 0,1 million de barils/jour (mb/j) pour s’établir désormais à 2,5 mb/j», selon l’Opep dans son dernier rapport mensuel, publié hier. Ce rapport prend en considération la situation qui prévaut actuellement en Chine où les autorités tiennent à leur stricte politique zéro-Covid. L’organisation garde, en outre, un œil sur les incertitudes économiques et géopolitiques.
Si la demande au deuxième trimestre a finalement été légèrement revue à la hausse, tirée par des chiffres plus hauts que prévu parmi les principaux pays consommateurs de l’OCDE, la demande pour les troisième et quatrième trimestres a été «révisée à la baisse en raison de la politique zéro-Covid en Chine, d’incertitudes géopolitiques persistantes et d’une activité économique plus faible», indiquent les auteurs du rapport.
Pour 2023, l’Opep est également un peu moins optimiste qu’elle ne l’était en octobre, tablant désormais sur une croissance de la demande à 2,2 mb/j (en baisse de 0,1 mb/j). «La croissance de la demande de pétrole devrait être mise à l’épreuve par les incertitudes liées à l’activité économique, les mesures d’endiguement de la Covid-19 et les développements géopolitiques», estime l’Opep.
Dans une étude sur la situation des stocks mondiaux, l’Opep a observé «le passage apparent d’un déficit à un excédent en termes d’approvisionnement en pétrole», en raison d’une inversion de tendance au cours des deuxième et troisième trimestres.
«Au cours des trois premiers trimestres de cette année», la constitution observée des stocks mondiaux a montré que «le marché mondial du pétrole a connu un excédent d’approvisionnement d’environ 0,3 mb/j par rapport à la demande mondiale totale de pétrole». «Ce surplus de l’offre a été confirmé par de faibles cycles de raffinage de brut, qui sont un indicateur de la performance de la demande de pétrole», a indiqué l’Opep.
Depuis le début de l’année, l’Opep estime que les stocks mondiaux de pétrole ont crû de 158 millions de barils pour atteindre près de 8,1 milliards de barils en septembre 2022.
Dans son précédent rapport, l’organisation s’était penchée sur l’évolution de la demande mondiale à long terme. Celle-ci se maintiendra dans une tendance haussière jusqu’en 2035, et passera de 96,9 millions de barils par jour (mb/j) en 2021 à 109,5 mb/j d’ici 2035, puis se stabilise à 109,8 mb/j au cours de la décennie suivante, prévoit la même source.
Pendant les premières années, «la croissance sera tirée par la Chine», selon le rapport, qui voit ensuite l’Inde prendre le relais, alors que la progression de la demande en Chine devrait ralentir, voire légèrement décliner, dans les années 2040.
Outre l’Inde, cette demande sera soutenue par l’Afrique et d’autres pays d’Asie, régions «où le progrès économique, l’urbanisation, l’industrialisation et l’expansion du parc automobile seront le plus rapide».
Plus encore que le transport routier et la pétrochimie, le transport aérien sera le premier vecteur d’augmentation de la demande, selon l’Opep, qui voit progresser la demande pour toutes les énergies, qu’elles soient fossiles ou renouvelables, à l’exception notable du charbon.