Les marges de progression de la demande mondiale en gaz, notamment européenne, restent importantes jusqu’en 2030, estime BP dans son rapport Outlook 2023, publié hier. L’Algérie se positionne d’ores et déjà en alternative, voire en fournisseur fiable vers lequel les regards se tournent…
Par Hakim Ould Mohamed
La compagnie britannique BP pense que les perspectives du gaz naturel sont favorables et que le commerce du GNL devrait croître à court terme, mais les perspectives deviennent plus incertaines après 2030. A partir de cette année, l’accélération de la transition énergétique à travers le monde, notamment en Europe, en quête de réduire sa dépendance des énergies fossiles importées, devrait se traduire par une baisse de la demande de gaz naturel et de GNL. Cependant, les marges de progression de la demande mondiale, et plus particulièrement de la demande européenne, restent importantes jusqu’en 2030 estime BP dans son rapport Outlook 2023, publié hier. Du côté de l’offre, l’Algérie se positionne d’ores et déjà en alternative, voire en fournisseur fiable vers lequel les regards se tournent, alors que la demande européenne connait une croissance exponentielle sans précédent. Le défi pour les Européens, comme pour l’Algérie, consiste à amener les compagnies pétrolières et gazières à augmenter leurs investissements et leur production en Algérie afin d’améliorer la sécurité énergétique du Vieux Continent. Il y va aussi, bien évidemment, de la sécurité énergétique de l’Algérie à très long terme. Car, actuellement, le taux de croissance de la consommation locale évolue plus rapidement que celui de la production à long terme. Grâce à un hiver plutôt chaud, les Européens ont pu maintenir leurs infrastructures de stockage à des niveaux relativement confortables, mais les acheteurs européens de gaz européens seront obligés de repartir dans une course contre la montre dès cet été pour les besoins de réapprovisionnement. Les Européens sont confrontés également aux risques de ralentissement de la croissance en raison des plans de rationnement de gaz, ce qui signifie que la crise ne fait probablement que commencer. La prudence reste le maitre mot chez les gouvernements européens. Cette prudence pourrait même s’intensifier dans les mois à venir, comme Wood Mac s’y attend. Preuve en est que certains gouvernements décident d’augmenter les impôts sur les dividendes et les taxes sur les rachats d’actions. Et cela suggère que ces mêmes gouvernements veulent améliorer leur sécurité énergétique en motivant davantage la production de pétrole et de gaz et en taxant les rachats d’actions et le versement des dividendes. Dit autrement, les gouvernements ont décidé d’augmenter les impôts sur les dividendes et de taxer les rachats d’action afin que les compagnies pétrolières et gazières réinvestissent les bénéfices dans de nouvelles découvertes et nouveaux projets gaziers et pétroliers. Ces gouvernements savent qu’il y a toujours péril en la demeure malgré un niveau de stockage exceptionnellement élevé par rapport aux saisons hivernales précédentes. Une des pistes suggérées à la sécurisation des approvisionnements étant donc d’amener les majors pétrolières et gazières à investir davantage dans la production. L’autre piste, suggérée, jeudi, par le ministre de l’Energie et des mines, Mohamed Arkab, lors d’une audience accordée au Secrétaire général du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), Mohamed Hamel – avec lequel il a évoqué la situation du marché mondial du gaz ainsi que les préparatifs en cours du 7e Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement du Forum, prévu cette année en Algérie – consiste à «renforcer le dialogue entre les producteurs du gaz et les pays consommateurs en vue de garantir la stabilité et la transparence du marché à tous les intervenants dans la chaîne de production du gaz». Cela signifie que tous les acteurs du marché, producteurs et consommateurs, demeurent sur les aguets compte tenu de l’incertitude et la forte volatilité qui caractérisent actuellement les marchés de l’énergie. Dans ce contexte, qui serait favorable à l’Algérie, le pays n’a cessé de plaider en faveur de l’intensification de la production en mobilisant les compagnies autour de l’impératif de redoubler d’effort dans les domaines de la recherche, l’exploration et le développement de projets pétroliers et gaziers, afin d’améliorer la sécurité énergétique mondiale. Cela passe pour ainsi dire par la stabilité des marchés internationaux de l’énergie. La firme italienne ENI a montré la voie en signant avec Sonatrach des partenariats stratégiques portant sur l’augmentation de la production et des approvisionnements en gaz naturel. Pour pouvoir profiter pleinement de cette conjoncture de forte demande au gaz qui, selon BP, devrait perdurer au moins jusqu’en 2030, Sonatrach compte investir plus de 30 milliards de dollars dans l’exploration et la production des hydrocarbures, notamment le gaz naturel pour améliorer l’approvisionnement du marché mondial. Plusieurs projets gaziers devraient entrer en vigueur cette année et l’an prochain, notamment à Hassi R’mel, Hamra, Ohanet et Touat, et devraient améliorer la sécurité énergétique de l’Algérie et l’approvisionnement du marché mondial. Cependant, l’effort de prospection et de développement doit être partagé et les pays consommateurs, notamment européens, doivent s’engager dans des accords d’achat à long terme afin de garantir la sécurité de leurs approvisionnements. n