Par Hamid Bellagha
Deux organisations, deux visions différentes. L’Opep et l’AIE n’ont pas, en effet, la même analyse concernant la croissance mondiale et le marché du pétrole, fort perturbés depuis plus de six mois pour les raisons que l’on connaît.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole ne voit pas un avenir teinté de rose et envisage la baisse de la croissance économique mondiale et de la demande pétrolière pour cette année, après une précédente révision à la baisse en mai. Peut-être la fameuse récession dont personne ne veut prononcer le nom, mais qui a conduit, quand même, plusieurs banques centrales européennes, asiatiques et américaines à baisser le taux directeur de leurs banques centrales.
Le cartel pétrolier étaye son analyse par les risques pesant sur l’économie mondiale comme les tensions géopolitiques et les problèmes d’approvisionnement existants, l’installation de la pandémie de la Covid-19 dans la durée, les tendances inflationnistes, les paliers de dette souveraine dans un grand nombre de régions de la planète et, comme souligné plus haut, le raffermissement monétaire des banques centrales aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Japon et dans la Zone euro.
D’un verre donc à moitié vide, l’Agence internationale de l’énergie passe à un autre à moitié plein, mais, cette fois, uniquement pour la consommation mondiale de l’or noir. L’AIE prévoit, au contraire, une augmentation de la croissance de la demande mondiale de pétrole, non pas suite à une croissance économique, mais plutôt à cause, ou grâce, c’est selon, du gaz devenu très cher, la main de Poutine y étant pour beaucoup.
L’augmentation de la demande pétrolière a ainsi été revue par l’AIE, en promotion de 380 000 barils par jour et devrait parvenir à 2,1 millions de barils/jour sur l’ensemble de cette année. L’analyse de l’AIE se base sur les prix du pétrole qui ont baissé de 30 dollars depuis les sommets historiques du mois de juin, en raison d’un accroissement de l’offre et des appréhensions sur la décroissance économique mondiale. Les cours du gaz et de l’électricité ont franchi des caps et de nouveaux records, engageant la permutation du gaz par le pétrole dans plusieurs pays. Une sorte de saute-mouton entre les deux énergies fossiles.
Ces deux analyses mettent l’accent sur les incertitudes qui pèsent sur l’économie mondiale qui réagit plus aux bruits de bottes qu’aux courbes prévisionnelles des meilleures analystes économiques. Car après le conflit russo-ukrainien, toujours en cours, c’est la région du détroit de Taiwan qui risque d’affoler les compteurs des énergies fossiles avec la crise ouverte entre la Chine et l’ancienne Formose.