PAR NAZIM B.
L’Algérie a réagi aux propos d’un responsable au sein de la Commission européenne, qui a reproché aux autorités algériennes des « mesures coercitives » contre l’Espagne, dans le sillage de la crise diplomatique entre Alger et Madrid, née suite au changement brusque dans la position de l’Espagne sur le Sahara occidental en mars 2022.
Un responsable au ministère des Affaires étrangères a, en effet, considéré que le directeur général adjoint pour le commerce à la Commission européenne, Denis Redonnet, « entretient sciemment la confusion entre les dimensions politique et commerciale ». Ce dernier a fait part de la « préoccupation » de l’Union européenne en se référant à de prétendues « mesures coercitives » prises par le gouvernement algérien à l’encontre de l’Espagne, selon le diplomate algérien.
« Bien entendu, ce responsable ne dit mot sur l’attitude obstructionniste du gouvernement espagnol qui bloque l’adoption des priorités du partenariat, négociées et finalisées depuis de nombreux mois, dans le cadre de la politique européenne de voisinage », a riposté le responsable au MAE. « Tout comme il reste muet sur l’attitude irresponsable de ce même pays, l’Espagne, qui instrumentalise de manière abusive la règle du consensus pour bloquer la convocation du Conseil d’association, organe politique statutaire chargé d’évoquer toutes les questions, tant politiques, économiques que commerciales », a poursuivi le même responsable, pour qui « ces gesticulations et pressions de l’Espagne sont contre-productives et ne nous impressionnent guère ».
Il faut relever que ce n’est pas la première fois que la position de l’UE sur la crise entre Alger et Madrid provoque le mécontentement des autorités algériennes, puisqu’en date du 11 juin 2022, l’Algérie avait dénoncé le parti-pris de Bruxelles en faveur de l’Espagne.
Par ailleurs, et avant la réaction aux propos du directeur général adjoint pour le commerce à la Commission européenne, le Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Amar Belani, a reçu, mercredi, l’ambassadeur et chef de la délégation de l’Union européenne à Alger, Thomas Eckert. « Les deux parties ont passé en revue les prochaines échéances prévues dans le cadre de l’agenda des relations bilatérales et nombre de questions internationales et régionales d’intérêt commun », selon un communiqué du MAE.
Sur le plan bilatéral, M. Belani a affirmé à son interlocuteur que « l’Algérie nouvelle sous l’égide du Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, est déterminée et soucieuse d’établir avec l’Union européenne un partenariat fructueux et mutuellement bénéfique, un partenariat basé sur un traitement d’égal à égal, au mieux des intérêts communs », selon la même source.
S’agissant du Sahara occidental, M. Belani a réaffirmé la « position inaliénable de l’Algérie qui considère la cause sahraouie comme étant une question de décolonisation qui ne saurait être résolue qu’à travers l’application de la légalité internationale et des principes pertinents de l’ONU et de l’UA ».
Le diplomate algérien a affirmé, lors de cet entretien, que les « mesures unilatérales et les manœuvres éhontées menées par le Royaume du Maroc, de connivence avec certaines parties internationales bien connues, en vue de saper le processus de décolonisation au Sahara occidental, sont vaines et ne changeront en rien le fait que le peuple sahraoui soit déterminé à poursuivre son combat légitime pour arracher son droit inaliénable et imprescriptible à l’autodétermination ».
Le 11 janvier dernier, la presse espagnole a fait part de la visite qu’effectuera le vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, en Algérie « prochainement » avec l’objectif de trouver une solution à la crise entre Alger et Madrid. Le voyage de Borrell en Algérie devrait se faire «le plus tôt possible, dans les prochaines semaines ou les prochains mois» avec l’objectif de chercher «des formules de rencontres», selon Ximo Puig, président de la région autonome de Valence. n