Le nouveau ministre du Commerce, Kamel Rezig, a pris ses fonctions hier à l’issue d’une cérémonie de passation des consignes avec son prédécesseur Saïd Djellab. Bekkai Aissa a été installé lui aussi en tant que ministre délégué chargé du Commerce extérieur. Lors de cette cérémonie organisée au siège du ministère du Commerce en présence des cadres et des responsables de ce département, Kamel Rezig a indiqué que « le travail sera commun entre le ministère du Commerce et le ministère délégué en charge du Commerce extérieur en vue d’activer les dossiers soumis ». Si les missions du nouveau ministre du Commerce semblent être d’ores et déjà connues, dont l’impératif de « garantir aux citoyens la disponibilité des produits et veiller à leur qualité à travers l’activation du rôle des laboratoires », celles du ministre délégué au Commerce extérieur restent pour le moins confuses, si ce n’est le suivi de certains dossiers relatifs à l’adhésion de l’Algérie à certaines entités économiques régionales et mondiales. Il s’agit, entre autres, des préparatifs pour l’intégration de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) en juillet prochain et, probablement, la reprise des pourparlers avec l’Union européenne au sujet de la révision de l’Accord d’association entrée en vigueur en septembre 2005. Il sera question également, pour le ministre délégué au Commerce extérieur, d’accélérer le soutien aux exportations hors hydrocarbures dans le cadre d’une stratégie nationale sur laquelle se sont penchés des experts économiques durant un an et demi et qui est fin prête. Autant de dossiers et défis auxquels sera confronté Bekkai Aissa, alors que l’autre chapitre qui relève de ses prérogatives, non moins important, porte sur la régulation du commerce extérieur au moyen de la lutte contre la surfacturation. Sur cette question, le nouveau ministre délégué au Commerce extérieur aura assurément la lourde tâche de traduire les ambitions du chef de l’Etat en matière de régulation du commerce extérieur et de la lutte contre certains fléaux qui gravitent autour de l’acte d’importation, dont la surfacturation. Durant sa première conférence post-élection, Abdelmadjid Tebboune avait déclaré que 20 à 25% de ka facture alimentaire sont dus à la surfacturation des importations et que l’une des batailles à mener pour ramener la facture à des niveaux soutenables consiste à lutter contre le phénomène de la majoration des importations. Le président avait donné le ton et la désignation d’un ministre délégué au commerce extérieur serait une expression on ne peut plus claire d’une volonté de remettre de l’ordre dans ce secteur. Eprouvées par plus de cinq années de crise, les finances publiques s’enfoncent dans le rouge, faute d’un baril de pétrole plus rentable. Depuis la mi-2015, les précédents gouvernements se sont mis à couper dans la facture des importations à coups de plusieurs restrictions et mesures d’encadrement dont les résultats restent pour le moins mitigés, voire insignifiants. Peu après son élection, Abdelmadjid Tebboune avait tenu à préciser que sa politique en matière de régulation du commerce extérieur consiste à « ne rien interdire, mais à réguler nos importations afin de protéger nos recettes (en devises) ». De ce fait, l’on peut aisément comprendre que le nouvel Exécutif se prépare à une nouvelle bataille contre les importations inutiles, dont les précédentes se sont traduites par la mise en place courant 2015 des premières licences d’importations, celles-ci élargies ensuite à une cinquantaine de biens et consommables, l’interdiction pure et simple à l’importation de plus de 800 produits, la mise en place dès janvier 2018 d’une nouvelle artillerie réglementaire, administrative et bancaire de lutte contre les importations inessentielles ainsi que l’institution, en fin, d’une surtaxe appelée « le droit additionnel provisoire de sauvegarde » incluse dans la loi de finances 2019. Il sera désormais question de passer à une régulation plus intelligente au moyen de lutte contre la surfacturation qui, de l’avis des experts, pèse pour près d’un tiers dans la facture globale d’importation.