Les créances non performantes des banques dues au non-paiement de leurs dettes par les entreprises ont atteint des seuils problématiques. Le chef de l’Etat a indiqué, hier, à l’ouverture de la rencontre gouvernement-wali, que les créances bancaires de certains investisseurs ont atteint 1 216 milliards de dinars. Impensable !

A ce montant s’ajouteront bien évidemment les milliards de dollars d’impôts impayés, dont une bonne partie est déclarée irrécouvrable par l’administration fiscale. Le Président Abdelmadjid Tebboune, qui évoquait les créances bancaires de certains investisseurs, a laissé entendre que celles-ci ont dépassé 1 000 milliards de dinars en janvier 2020. Plus précisément, s’était-il ressaisi, « en janvier dernier, certains investisseurs devaient un montant de 1 216 milliards DA aux banques ».
Le chef de l’Etat a laissé entendre que ces créances étaient héritées de la gestion des deniers publics par les précédents gouvernements et qu’elles sont dues aux avantages dont bénéficiaient certains hommes d’affaires réputés proches des cercles de décision. « Le passé récent tragique a provoqué une hémorragie des fonds de l’Etat, en devises et en dinars, c’est pourquoi les citoyens s’interrogent aujourd’hui sur les méthodes à même de garantir les financements », a ajouté le Président Tebboune. « Le financement existe mais les remboursements ne sont pas effectués », a affirmé le Président de la République. Outre les crédits accordés par les banques publiques à certains investisseurs et qui n’ont jamais été remboursés, les procès organisés jusqu’ici, impliquant les hommes d’affaires cités dans le dossier automobile, ont levé le voile sur des pertes en milliards de dinars infligées au Trésor public sous formes d’indus avantages fiscaux et/ou de fuite et d’évasion fiscales. Le Procureur de la République avait admis que le dossier de montage automobile impliquant d’anciens ministres et des hommes d’affaires a révélé des faits « catastrophiques » à l’origine de lourdes pertes pour le Trésor public. Le représentant du Trésor public les avait estimées à 128 983 650 708 de DA (plus de 128 milliards et 983 millions de DA). Ces pertes sont reprochées à trois opérateurs poursuivis dans l’affaire, à savoir Mazouz Ahmed, Larbaoui Hassan et Bairi Mohamed. Le Président de la République a évoqué, hier, une autre facette des pertes infligées à l’Etat par la gestion pour le moins catastrophique des deniers publics par les précédents gouvernements. Outre les pertes infligées au Trésor public, c’est au tour des banques d’estimer les dégâts qui se chiffrent, selon le chef de l’Etat, à 1 216 milliards de dinars en crédits non remboursés. Sur sa lancée, le Président Abdelmadjid Tebboune s’est engagé à remédier à cette situation en suggérant la production de textes réglementaires incriminant la fuite et l’évasion fiscales. En effet, le chef de l’Etat a annoncé à la même occasion la préparation d’une loi criminalisant le non-paiement des impôts. « Une loi criminalisant le non-paiement des impôts est prévue, à l’instar de ce qui est en vigueur dans plusieurs pays à travers le monde, dont les Etats-Unis où le non-paiement des impôts est considéré comme un crime économique », a déclaré le Président Tebboune à l’ouverture de la rencontre gouvernement-walis. « Certains prétendent être parmi les plus riches de ce pays, alors qu’ils figurent en bas du classement des contribuables, tandis que le fonctionnaire, lui, s’acquitte de ses impôts par retenue sur salaire », a soutenu le Président. Cependant, outre les montants colossaux des créances bancaires, dont le Premier magistrat vient de communiquer les chiffres, correspondant à plus de 10 milliards de dollars, et les restes à recouvrer en fiscalité, dont le montant avait atteint 10 000 milliards de dinars, des gisements entiers de contribuables ne s’acquittant pas de leurs obligations auprès du fisc, de la Cnas et de la Casnos, activant dans les circuits invisibles de l’économie, continuent à travailler sans qu’ils ne soient jamais inquiété. Là aussi, la question de l’équité et de la justice devant l’impôt se pose avec acuité.