Après deux ans de pandémie Covid-19 meurtrière, des hôpitaux sous pression, des restrictions sanitaires, l’année 2022 qui s’achève a été marquée incontestablement en Algérie par une accalmie qui a vu le nombre de contaminations grandement baisser, les masques qui étaient légion ne sont plus de mise. Une année marquée aussi par la réouverture progressive des frontières aériennes, terrestres et maritimes, ainsi que de tous les espaces publics et les commerces sans aucune restriction sanitaire.
Par Sihem Bounabi
L’année 2022 a également été marquée, en particulier ces derniers mois, par une volonté politique d’améliorer les conditions socioprofessionnelles des professionnels de la santé à travers la reprise du dialogue et la révision des statuts particuliers de tous les corps de la santé publique. Une amélioration qui pourtant tarde à se concrétiser sur le terrain, raison pour laquelle les attentes des professionnels restent très fortes pour 2023.
A propos de l’améliorations de la situation épidémiologique en 2022 , docteur Mohamed Yousfi, président de la société algérienne d’infectiologie et président du syndicat national des spécialistes de la santé publique (SNPSSP), souligne que «l’année 2002 a permis à l’humanité de souffler après avoir vécu deux années très difficiles».
Il précise ainsi que «l’année 2002 a été marquée par l’apparition de la souche mutante Omicron, qui est beaucoup moins virulente, malgré sa forte contagion, ce qui a permis l’accalmie de la pandémie et donc de domestiquer le virus», «contrairement à l’année 2021 marquée par les énormes dégâts causés par les variants Beta et surtout le Delta qui a fait un grand nombre de victimes que cela soit en nombre de décès, de complications, de handicaps à cause des séquelles du Covid long. Mais aussi en termes de répercussion sur le système de santé.»
Ainsi en 2022, malgré le fait qu’il y a eu certes plusieurs vagues d’omicron au mois de janvier 2002 ou encore l’été dernier, «maintenant même si le virus circule toujours, il est à l’image des autres virus comme celui du virus de la grippe», estime l’infectiologue.
Dr Mohamed Yousfi tient également à mettre en exergue que l’année 2022 a également permis la reprise presque normale des différentes autres activées de la santé en dehors du Covid du fait que la situation épidémiologique permettait de prendre en charges les malades hors Covid surtout que les lits d’hospitalisation des services transformées en unités Covid ont été libérés.
Vigilance de mise pour 2023
Pour l’année 2023, le président de la société algérienne d’infectiologie ajoute que malgré cette accalmie, «il faudrait rester toujours vigilant». «En tant que spécialistes, nous avons déjà alerté sur le fait que l’ère des épidémies et des pandémies n’est pas révolue, notamment à cause des bouleversements environnementaux et climatiques qui chamboulent la faune et la flore et qui ont pour conséquences l’apparition régulière d’épidémies virales»
Il affirme ainsi qu’«il y aura d’autres épidémies et d’autres virus qui risquent d’apparaitre. Il faut être en état d’alerte et impérativement prendre les devants. L’agence sanitaire doit jouer son rôle de surveillance de la situation épidémiologique et de veille sanitaire régulière en coordination avec les instances internationale de la santé.»
Concernant les conditions socioprofessionnelles, le président du SNPSSP confie que «les chose se sont aggravées ces dernières années et encore plus suite à la pandémie de la Covid avec un pouvoir d’achat qui s‘est effondré, une inflation galopante, mais les travailleurs de la santé ont relevé le défi de faire face à la pandémie malgré toutes les difficultés rencontrées». Il tient ainsi à souligner qu’«il faut saluer et rendre hommage à ces professionnels de la santé et se recueillir à la mémoire de ceux qui ont payé de leur vie cette lutte contre la pandémie, sans oublier ceux qui subissent les complications du Covid long».
Dr Mohamed Yousfi se désole que malgré les efforts des professionnels de la santé dans des conditions difficiles, «jusqu’à présent rien n’a été fait pour eux malgré les annonces et les instructions du président de la République en faveur des travailleurs de la santé depuis 2020», affirmant que «pour l’instant les instructions du président de la République n’ont pas été appliquées ou tardent pour leur majorité à être appliquées, à l’instar des mesures d’encouragement du dossier Covid pour l’ensemble des professionnel de la santé ou de la mise en application des mesures incitatives pour les médecins spécialistes».
2023, les grandes attentes pour l’amélioration des conditions socioprofessionnelles
Il tient également à souligner que «cette année 2022 a été marquée par une rupture totale du dialogue entre les syndicats et l’ancien ministre de la Santé qui a rejeté tout dialogue malgré les instructions du président de la République pour redynamiser le dialogue social».
Ainsi, il a fallu attendre l’arrivée du nouveau ministre de la Santé pour que le dialogue puisse reprendre avec les partenaires sociaux. «C’est n’est que depuis le mois de septembre dernier mois que le dialogue a repris avec le nouveau ministre, notamment concernant les différentes moutures des statuts particuliers envoyées à la fonction publique en tenant compte des propositions faites par les syndicats»
Ainsi cette année 2022 est marquée par le fait que «les moutures de la révision des statuts particuliers des professionnels de la santé envoyées à la fonction publique ont été finalisé d’un commun accord entre le ministère de la Sante et ses partenaires» ajoutant que l’on espère que «pour 2023, la fonction publique adoptera nos propositions et exauceront les attentes des professionnels de la sante»
Pour l’année 2023, le Président du SNPSSP déclare que «ce qui est attendu pour l’année prochaine, c’est la réhabilitation des professionnels de la santé en général et des spécialistes en particulier, car il y a une hémorragie importante des spécialistes dans le secteur public à laquelle il faudra trouver des solutions en leur rendant leurs droits les plus élémentaires».
Il insiste ainsi sur la réhabilitation des professionnels de la santé notamment à travers l’accélération de la révision des statuts particuliers qui touche les salaires de base et les conditions de travail, mais également à travers de la révision des régimes indemnitaires. «On parle beaucoup des statuts particuliers, mais on oublie l’urgence de la révision des régimes indemnitaires qui n’a pas été du tout soulevé.» Dr Mohamed Yousfi précise à ce sujet que cette «réhabilition ne peut se faire sans la révision du régime indemnitaire qui représente la majorité du salaire des professionnels de la santé».
Concrétisation rapide des annonces sur le terrain
Concernant les attentes des spécialistes de la santé en 2023 en termes statutaires, le président du SNPSSP lance un appel pour mettre «fin à l’injustice du statut particulier des spécialistes qui est le plus pénalisant de toutes la fonction publique». «Nous attendons toujours la régularisation de la prime d’intéressement qui est toujours en attente d’être libérée au niveau du Premier ministère malgré le fait que le dossier technique soit bouclé.» Il appelle également à mettre un terme à la discrimination de l’impositions. Pour Dr Mohamed Yousfi l’urgence pour 2023 est la concrétisation rapide, c’est-à-dire dès le début de l’année 2023, des mesures incitatives annoncées à deux reprises par le président de la République au profit des spécialistes de la santé qui permettraient progressivement d’abroger le service civil».
Au final, il rappelle les attentes de tous les professionnels de la santé quant à la mise en place des réformes profondes du secteur de la santé à travers la publication des textes d’application de la loi de la santé 2018 notamment ceux concernant la contractualisation, la numérisation et les modes de gestion. Il s’agit également d’appliquer la carte sanitaire et arrêter de la transgresser au détriment des spécialistes, ainsi que la mise en application du document de la réforme hospitalière validée par le Conseil des ministres depuis des années et qui est pratiquement une feuille de route de l’application de la loi sanitaire de 2018. n