L’Organisation nationale des moudjahidine (ONM) a contesté, hier, son exclusion des consultations que mène le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avec les personnalités nationales autour du chantier de la révision de la Constitution.
L’ONM, par la voix de son secrétaire général, se dit prioritaire lorsqu’il s’agit de discuter des questions sensibles telles que la révision de la Loi fondamentale, d’autant plus qu’il s’agit d’une catégorie d’Algériens qui se réduit. « Je pense qu’on fait partie du peuple et nous sommes des Algériens », a d’emblée réagi Mohand Ouamar Benelhadj, dans une vidéo postée sur la chaîne Youtube de l’organisation, se révoltant contre le fait que les moudjahidine soient devenus « invisibles » ces derniers temps ou, pire, que leur soit « déniée la qualité d’Algériens ».
Pour le secrétaire général de l’ONM, la question de la révision constitutionnelle est importante, d’où son débat au niveau du secrétariat national de l’organisation.
« Nous avons pensé à la révision de la Constitution au niveau du secrétariat général et nous avons des propositions », a-t-il précisé, ajoutant qu’il s’était attendu « à ce que la commission en charge de l’élaboration de l’avant-projet nous convie ». Hélas, regrette le même orateur, « nous assistons malheureusement à un défilé de personnes, parmi lesquelles des individus isolés qui ne sont pas législateurs ». Allusion on ne peut plus claire aux invités d’Abdelmadjid Tebboune ayant été reçus au niveau du palais d’El Mouradia.
Affirmant n’avoir reçu aucune invitation à ce sujet, Mohand Ouamar Benelhadj s’interroge ouvertement sur les raisons de cette omission.
« Pourquoi ne sommes-nous pas conviés en premier ? », lâche-t-il. Arguant : « Notre génération est en train de mourir. » La colère du secrétaire général de l’ONM va jusqu’à en vouloir au Président Abdelmadjid Tebboune, qui a initié et fait de ce chantier une priorité absolue. Il dira clairement que « si l’occasion m’est offerte, je reprocherais au Président de ne pas nous avoir invités ». Ceci dit, « ce n’est pas une affaire en soi, ni quelque chose de personnel », tient à préciser Benelhadj, pour qui, cela relève « de la collectivité nationale ».
Pour ce qui est des propositions, l’Organisation nationale des moudjahidine ne cache pas son désir de se voir inscrite en tant que symbole de l’Etat dans la prochaine Constitution, tout comme le drapeau, le Président … « Les symboles de la Révolution sont ceux de l’Etat. Pourquoi l’ONM ne le sera pas ? » s’est-il interrogé, regrettant qu’elle soit considérée comme une simple association régie par la loi sur les associations de 2012. « L’ONM a été créée quelques semaines avant le cessez-le-feu », rappelle-t-il pour la circonstance.
Dans son message, Mohand Ouamar Benelhadj a encore une fois réitéré son appel au dialogue entre le pouvoir et le Hirak, lancé en décembre dernier, espérant qu’il y ait « un esprit de tolérance ». « Nous n’avons qu’une seule Algérie et un seul peuple. Nous sommes pour l’indivisibilité du pays et du peuple. Nous demandons à nos frères au pouvoir et ceux du Hirak d’avoir un esprit de tolérance pour un vrai dialogue, car lorsqu’on parle avec soi-même c’est un monologue », a-t-il déclaré, appelant à « des concessions de part et d’autre ».
Sur un autre plan, le secrétaire général de l’ONM a fait savoir que le contact a été relancé entre son organisation et le ministère des Moudjahidine, après près de 20 ans de blackout où la tutelle « a presque oublié l’ONM ». « J’ai rencontré le ministre lors d’un événement et durant notre discussion, j’ai soulevé les problèmes de cette catégorie par rapport aux besoins quotidiens et aux soins notamment », a fait savoir Benelhadj, expliquant que Tayeb Zitouni s’est montré « réceptif et compréhensif».
D’ailleurs, une délégation s’est déplacée, le 28 janvier dernier, au niveau du siège de l’ONM et a débattu avec ses responsables des préoccupations des moudjahidine et des ayants-droit.
Des commissions de travail seront mises sur pied pour suivre différents dossiers.