L’inextirpable «pérégrination identitaire» de la ville nouvelle Ali Mendjeli, destinée préalablement à permettre à Constantine, la cité-mère, d’atteindre un meilleur équilibre spatial et démographique, est arrivée au bout du tunnel avec la création d’une circonscription administrative pour mettre fin à un interminable et chaotique ballotage de prérogatives entre institutions et collectivités locales.

Réceptacle grandeur nature de la quasi-majorité des programmes de logements et de relogements, la circonscription administrative Ali Mendjeli ambitionne de réussir sa reconfiguration morphologique, sociale et territoriale avec en toile de fond l’incorporation de la commune de Aïn Smara, désormais territorialement dépendante de son portefeuille d’activités constituant, de ce fait, l’événement majeur en 2019 dans la capitale de l’Est. S’étendant sur une superficie de 2 200 ha, Ali Mendjeli accueille de nombreuses directions de wilaya, notamment celles des équipements publics, l’hydraulique, le cadastre, la Chambre régionale de la Cour des comptes, ainsi qu’un bloc administratif comportant 17 administrations. Cela, en plus du siège de la circonscription administrative de Ali Mendjeli qui a vu l’installation, durant la dernière semaine du mois de septembre 2019, du wali délégué, Ahcène Khaldi, conformément au décret présidentiel n° 18-337 du 25 décembre 2018 portant création de 14 nouvelles circonscriptions administratives dans plusieurs wilayas, dont celle de Constantine. Considérant cette décision comme «un plus pour le développement de la ville pour davantage d’efficacité à l’avenir «, M. Khaldi a affirmé à ce propos, à l’APS, que son rôle consistera à «animer, coordonner, conduire les différentes actions de mise à niveau des services et des établissements publics, et contrôler les activités des communes de la circonscription administrative ainsi que les services de l’Etat qui y sont implantés comme cela est stipulé par le décret n 18-337». Ce même responsable a fait savoir néanmoins que «Ali Mendjeli est pour l’instant dans l’attente de la création du conseil de la circonscription administrative qui représente le cadre de concertation des services déconcentrés de l’Etat au niveau de cette ville nouvelle et de coordination de leurs actions et activités». M. Khaldi a précisé que «seul le directeur délégué de la jeunesse et des sports a été pour le moment installé sur les 11 directions déléguées siégeant au conseil». Selon le wali délégué de Ali Mendjeli, «ce conseil aura pour rôle de traiter des sujets principalement liés au développement et les problèmes de la vie quotidienne soulevés au niveau de la ville», ajoutant que son action reste tributaire de la nomination des directeurs délégués restants, du secrétaire général de la wilaya déléguée et du chef de la daïra de Aïn Smara.
Un gigantesque conglomérat de béton !
Constituée de 5 grands quartiers, composé chacun de 4 unités de voisinages (UV) subdivisées en îlots, en plus de deux extensions Sud et Ouest, Ali Mendjeli est gérée à hauteur de 80% environ par la commune d’El Khroub et 20 % par celle de Aïn Smara. Selon M. Khaldi, avec une population évaluée actuellement entre 430 000 et
440 000 habitants et un parc de logements s’élevant à 84 523 unités tous segments confondus, dont 78 098 achevées, «cette circonscription administrative est confrontée à une gestion anarchique, d’interférences et d’absence de complémentarité entre les secteurs». D’où l’importance, estime ce même responsable, du Conseil de la circonscription administrative qui permettra une «meilleure coordination et efficacité» eu égard aux projets encore en cours ou en voie de réalisation dans cette méga-cité. Parmi ces projets, M. Khaldi a rappelé celui relatif à l’extension du tramway de Constantine et les travaux de mise à niveau (voiries, éclairage public…) des UV 6, 7 et 8 de Ali Mendjeli et la réalisation d’une délégation communale à l’UV 18 et des maisons de jeunes notamment. La circonscription administrative Ali Mendjeli abrite également 2 universités (Abdelhamid Mehri- Constantine 2 et Salah Boubnider- Constantine 3), 19 résidences universitaires, 56 écoles primaires dont 52 sont opérationnelles, 18 collèges d’enseignement moyen (CEM), 10 lycées, 5 stades de proximité, 14 mosquées, 8 marchés couverts pas entièrement exploités, 1 hôpital militaire, 1 hôpital civil, 1 polyclinique et 4 salles de soins, a-t-il encore ajouté. Créée peu avant les années 2000, dans le but de résorber les problèmes de logements de Constantine confrontée au nécessaire relogement massif des habitants touchés par les glissements de terrains, ceux de la vieille ville menaçant ruine, et ceux des bidonvilles notamment, Ali Mendjeli n’a représenté jusqu’à présent qu’une «immense cité dortoir truffée de commerces en tous genres», selon certains de ses locataires. «Vingt ans après la construction des premiers logements, Ali Mendjeli n’est encore qu’un gigantesque conglomérat de béton, quasiment sans espaces verts, sans panneaux de signalisation et sans attrait», déplore Samia, une habitante de l’unité de voisinage (UV) 6, l’une des premières à avoir vu le jour. Et de renchérir : «j’attends davantage de développement et une meilleure structuration de Ali Mendjeli depuis sa promotion en wilaya déléguée, à même de permettre à ses locataires d’évoluer enfin dans un espace configuré en fonction de leurs besoins, car mis à part le commerce qui marche bien, pour le moment c’est vraiment une ville sans âme».
(aps)