Nul doute que la baisse de près de 50% sur les prix en vigueur du couscous et des pâtes alimentaires sur les étals du commerce du détail, en sus du gel des dispositions fiscales prévues dans la loi de finances 2022 sur certains produits alimentaires décidé à l’issue du Conseil des ministres de ce dimanche 13 février 2022, est une excellente nouvelle.
Il faut dire qu’avec cette décision de baisse de prix significative sur des denrées de large consommation, c’est donc une véritable bouffée d’oxygène pour tous ceux et celles qui, depuis une dizaine d’années, font face à une progression des prix à la consommation en raison, certes, d’une inflation franchement présente sur le terrain, conséquemment à une hallucinante dégringolade du dinar, alors qu’au même moment, les salaires des trois millions de fonctionnaires relevant de la Fonction publique, tout autant que les salariés des secteurs économiques publics et privés n’ont pas vu leurs revenus évoluer depuis une décennie. Mais ce sont surtout ces deux dernières années, où un état de fait criant a fini par mettre à très rude épreuve une grande majorité de nos concitoyens et concitoyennes : une poussée à la hausse sans pareil des prix à la consommation.
Les prix ont doublé en dix ans
Un constat qui a fait l’objet d’une étude comparative, menée sur le terrain par l’Association de protection et d’orientation du consommateur et de l’environnement (Apoce), rendu public à la mi-2021, afin d’alerter les pouvoirs publics sur la hausse des prix sur l’ensemble des produits de consommation, même ceux subventionnés. Cette étude, sous la direction du président de l’Apoce, Mustapha Zebdi, avait établi que les prix moyens pratiqués pour les biens de consommation et des services incontournables ont doublé au cours des dix dernières années, alors que les salaires ont stagné dans tous les secteurs d’activités.
De la longue liste d’exemples de produits sur laquelle s’est basée l’étude, il est relevé que les prix des pâtes alimentaires ont doublé en passant de 40 DA le paquet de 500 grammes à 75 dinars pour finir à 90 DA. Le kilo de couscous a plus que doublé, passant de 80 DA à 170 DA, le quintal de semoule, aujourd’hui cédé à 4 500 DA, valait 2 500 DA il y a une dizaine d’années. Idem pour les prix d’une boîte de lait en poudre, passé de 220 DA en 2010 à 350 DA en 2021, la tomate industrielle de 500 grammes qui atteint les 250 DA, alors qu’elle coûtait 160 DA.
Quant aux viandes blanches, le prix moyen d’un kilo de poulet était moins de 250 DA en 2010, alors qu’aujourd’hui, il dépasse souvent 350 DA, voire même 450 DA.

La sardine, quant à elle, a vu son prix passer de 250 DA le kilo, en 2010, à une moyenne de 500 à 700 DA actuellement, avec des prix records, il y a quelques semaines, de 1 000 DA puis 1 500 DA.
Cela dit, et comme nous l’a souligné Mustapha Zebdi, approché par Reporters hier, la baisse des prix du couscous et des pâtes alimentaires et l’annulation des taxes sont «une sage décision, quand on sait, comme nous l’avons signalé dans notre dernière étude, que le pouvoir d’achat des Algériens a décliné ces dix dernières années d’au moins 50%».
Ce dernier estime, par ailleurs, que la levée de toutes les taxes sur les produits algériens, décidée par le président de la République, «arrive à un moment opportun comme cela témoigne de la prise en considération du président de la République du difficile vécu de tous ceux dont les revenus sont faibles». Et de conclure : «Nous espérons que d’autres décisions seront prises à l’égard des consommateurs.»
Il convient de rappeler enfin que, suite à deux textes de lois, les producteurs de couscous et de pâtes alimentaires n’avaient pas, jusqu’ici, accès à la matière première, c’est-à-dire le blé dur au prix subventionné. Du coup ces derniers sont obligés de répercuter le différentiel entre le prix de soutien de l’Etat et celui des fournisseurs sur le tarif de vente de leurs produits. «Le prix des pâtes a été subitement multiplié par trois, voire quatre, chez les grossistes et les détaillants. Face à cette flambée inattendue des prix des pâtes et de la semoule, les services des ministères de l’Agriculture et du Commerce ont demandé au Premier ministère le gel de l’application de ces deux décrets dès le 30 novembre 2021», nous a affirmé une source concordante, proche du ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Nous précisant aussi que le prix subventionné sur le blé dur destiné aux transformateurs avoisine les 2 280 DA. En somme, l’Etat va soutenir dorénavant, jusqu’à 10 000 DA le quintal, la production des pâtes et des semoules dans le but de maintenir les prix de ces produits de large consommation à des niveaux accessibles à toutes les bourses.