Par Bouzid Chalabi
Il est connu que les marchés de gros de fruits et légumes sont approvisionnés par un nombre considérable de particuliers qui ont pour stratégie d’acheter sur pied des récoltes entières chez les exploitants agricoles et de les revendre en gros. Ces derniers, plus communément appelés «collecteurs livreurs», sont visés par le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations Kamel Rezig, cherchant à leur soustraire le monopole dans le commerce de gros de fruits et légumes.
Ce dernier a, en effet, instruit les directeurs du commerce de wilaya à suivre sur le terrain la commercialisation et la distribution de certains produits à partir de leur lieu de collecte afin de «barrer la route aux tentatives de monopole ou de spéculation», rapporte dans un communiqué le ministère publié sur sa page facebook. On pourrait croire à travers cette démarche que le premier responsable veut casser cette transition et ainsi faire baisser les prix sur les étals des détaillants. Autrement dit, rendre les prix concurrentiels «notamment au niveau des marchés de proximité qui seront ouverts pendant le mois de ramadhan», lit-on. Pour ce faire, toujours d’après cette même source, «Rezig a appelé les directeurs régionaux du secteur à coordonner leurs efforts avec les différents partenaires, d’assurer l’approvisionnement en produits frais et de large consommation desdits espaces de commerce du détail».
Notons que le ministre a donné ses directives lors d’une réunion de coordination qu’il a présidée jeudi dernier par visioconférence, en présence des cadres de l’administration centrale, et les directeurs régionaux et de wilaya du secteur pour «faire le point de la mise en œuvre des instructions relatives à l’ouverture des marchés de proximité en prévision du mois de Ramadhan», indique encore le communiqué. On apprend également que Rezig a insisté sur «la nécessité de coordonner les efforts avec les autorités locales et d’associer les producteurs, les commerçants et les partenaires du secteur pour mener à bien l’opération d’ouverture des marchés de proximité à l’occasion du mois de Ramadhan».
Rappelons par ailleurs que le ministre, comme à chaque veille de ramadhan, mène tambour battant des réunions avec ses proches collaborateurs afin d’assurer aux citoyens que les marchés et les lieux de commerce seront bien fournis à et des prix abordables. Pour ce faire, selon des sources concordantes, Rezig va redoubler ses sorties sur le terrain pour s’enquérir du niveau d’exécution de ces directives.

Les viandes rouges et blanches plus chères ?
Les cours des matières premières agricoles sont en train de flamber en conséquence de la crise actuelle entre la Russie et l’Ukraine. Mais c’est surtout les prix des oléagineux, du maïs et du soja qui pourraient inquiéter l’Algérie dans le sens où elle importe de gros volumes de ces composants principaux pour la production de l’huile de table et de l’aliment de bétail et de volaille. Une crainte tout à fait légitime dans la mesure où il s’agira pour le gouvernement d’éviter toute surenchère sur le litre d’huile produit et l’aliment de bétail.
Dans cette optique, il faut dire que si pour le cas des oléagineux, le gouvernement ne va pas hésiter de maintenir les prix sortie d’usine en augmentant le montant des subventions accordées aux producteurs, par contre, en ce qui concerne l’aliment, ce sera une autre paire de manches. En effet, il sera difficile à l’Exécutif d’éviter que les cours locaux de l’aliment de bétail et de la volaille grimpent dès lors où ce marché est, non seulement déstructuré, mais pis encore, il est dominé par l’informel. Ce qui laisse croire qu’autant la viande rouge que la viande blanche pourraient connaître dans les semaines à venir une autre envolée des prix après celle enregistrée au début de l’année. Et si cela venait à se confirmer, tout en sachant que trois semaines nous séparent du mois de ramadhan, c’est bien entendu une mauvaise nouvelle pour les consommateurs dont les achats en produits carnés frais sont beaucoup plus importants en cette période.
A moins que les pouvoirs publics ne décident de casser les prix de la volaille par l’entremise d’une offre de 7 800 tonnes de poulets vidés issues des trois groupes d’élevages de l’Office national de l’aliment de bétail et avicole (ONAB), comprenant chacun 60 unités de production à travers le pays et provenant aussi d’éleveurs privés. Quant à la viande rouge, c’est l’alternative de l’importation qui pourrait être retenue. On se rappelle à ce sujet que la décision prise à la veille du mois de ramadan 2021 par le ministre du Commerce Kamel Rezig, d’autoriser l’importation par des opérateurs privés pour la seule période du mois sacré, n’a jamais connu de concrétisation sur le terrain. Les opérateurs invoquant comme raison principale un délai trop court par rapport au temps que nécessite l’acte d’importer.
Pour l’heure, il s’agira de savoir si la cherté à venir de la viande blanche et rouge ne va pas pousser les consommateurs à leur tourner le dos.