La consommation de drogues sous toutes ses formes se répand en milieu scolaire. Les parents d’élèves appellent à l’impliquant l’intervention de tous les acteurs afin d’endiguer ce fléau. Les autorités compétentes et la société civile doivent multiplier les journées de sensibilisation contre les dangers de stupéfiants, réaliser un diagnostic précoce et lutter contre la déperdition scolaire.
PAR MILINA KOUACI
La consommation de drogue en milieu scolaire relance le débat après que le directeur de l’éducation de la wilaya de Biskra a lancé une alerte au sujet d’une poudre de jus de la marque Amila mélangée à des produits stupéfiants, consommée par les écoliers, et qui serait dangereuse pour leur santé. Dans une correspondance adressée aux directeurs des établissements scolaires, la direction de l’éducation explique que cette poudre est mixée avec des produits alcooliques comme les parfums, pour ensuite les sniffer ou les consommer par voie orale. Des pratiques qui se répandent dans le milieu scolaire et constituent un danger sur la santé des écoliers, prévient la direction de l’éducation. Elle indique que le nombre d’élèves accrocs à ce produit augmentent «par la facilité de son acquisition et son prix dérisoire». Le directeur de l’éducation demande de renforcer la surveillance dans les écoles et de faire face à ces agissements qui nuisent au secteur de l’éducation.
L’Organisation nationale des parents d’élèves (Onpe) appelle de son côté à la lutte contre les réseaux de trafic des drogues dans les établissements scolaires, en commençant par la prévention à travers l’implication des associations de parents, des responsables des établissements scolaires afin de sensibiliser les élèves sur le danger des drogues. Les premières victimes des dealeurs et des narcotrafiquants sont les élèves en déperdition scolaire et qui ne trouvent pas de place pédagogique dans les centres de formation professionnelle, indique le président de l’Onpe, Ali Benzina.
Il est impératif de lancer une stratégie de lutte contre la commercialisation des drogues dans les entourages des établissements scolaires. «Les dealers exploitent des élèves qui ont quitté les bancs de l’école pour écouler leur marchandise et la faire parvenir aux élèves», dénonce M. Benzina.
Ce dernier a proposé quelques solutions qui pourraient diminuer ce fléau.
Il s’agit de la révision des programmes scolaires en introduisant des cours intensifs sur les dangers de la drogue, l’implication du ministère des Affaires religieuses et des imams lors des prêches, l’implication du ministère de la Santé à travers des diagnostics précoces de cas de toxicomanie sur place. Il demande également au ministère de la Justice de protéger «ceux qui dénoncent les dealers et d’établir des lois répressives pour faire face à ce fléau». Il demande également au ministère de l’Education d’ouvrir les portes des établissements scolaires à la société civile pour sensibiliser contre ce phénomène. Dans une étude de 2010, l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie estimait qu’environ 300 000 Algériens faisaient face à une addiction à la drogue. Un chiffre bien en deçà de la réalité, selon plusieurs experts. Car si elle est reconnue comme un problème de santé publique majeur par les autorités depuis 2017, la toxicomanie demeure un sujet tabou dans le pays. <