Après une traversée du désert qui aura duré plus de trois ans, le marché des véhicules neufs devrait amorcer sa relance en Algérie à partir de 2023.

Par Feriel Nourine
Les dernières décisions prises par les pouvoirs publics pour le dossier de l’automobile, à travers notamment la publication des cahiers des charges relatifs à l’importation de véhicules neufs et l’industrie automobile, annoncent, en effet, la rupture avec une pénurie qui n’a que trop duré, privant le citoyen de son droit à acquérir un véhicule, mais aussi les intervenants dans la sphère économique de modèles utilitaires pour leurs activités respectives.
Pendant ce temps, les importateurs multimarques, tout comme les spécialistes du marché de l’occasion, se sont donné le mot pour hisser les prix des véhicules disponibles à des sommets inédits. Lesquels vont à l’encontre de toute logique commerciale. Même celle d’une offre insignifiante et écrasée par une demande qui n’a cessé de grossir depuis que les quelques usines d’assemblage ont cessé leurs activités et leurs propriétaires emprisonnés pour de lourdes affaires de corruption.
D’où le nouveau cahier des charges portant sur l’Industrie automobile, publié le 17 novembre dernier, avec des mesures qui ouvrent la voie à l’implantation de chaînes aptes à assumer pleinement leur mission. Ce qui se fera désormais à travers notamment la mise en place d’une sous-traitance et d’une intégration locale, porteuses de plus-value pour l’économie nationale. De leurs côtés, les constructeurs étrangers intéressés par une expérience de fabrication de véhicules en Algérie bénéficieront d’avantages multiples dont notamment un régime fiscal préférentiel.
Sur ce registre, le groupe Stellantis n’a pas attendu la publication du nouveau texte dédié à l’industrie automobile pour s’engager dans cette filière en Algérie en signant un accord avec le ministère de l’Industrie, le 13 octobre dernier, pour l’installation d’une usine Fiat à Oran. S’en est suivie la signature du cahier des charges et celle de l’accord d’investissement entre le Groupe propriétaire de la marque italienne et l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), qui met le projet Fiat en Algérie sur les rails de la concrétisation.
Ce qui devrait permettre à l’usine du constructeur italien, qui sera implantée dans la zone industrielle de Tafraoui, d’entrer en service avant la fin de l’année 2023, avec une capacité productive de 60 000 véhicules/an, avant d’atteindre les 90 000, selon les affirmations des responsables chargés du dossier, dont le ministre de l’Industrie Ahmed Zeghdar.
L’année qui arrive pourrait également être celle du retour de Renault par la voie d’une véritable industrie automobile. Première usine installée sur le territoire national, en novembre 2014, l’usine Renault d’Oued Tlelat (Oran) a repris du service récemment pour l’assemblage d’un stock de kits. Mais les responsables de Renault Algérie Production se disent décidés à relancer l’usine algérienne du groupe dans le cadre d’une activité réellement industrielle, conformément au cahier des charges fixant les règles de cette activité.
En octobre dernier, lors du Mondial de l’automobile de Paris, le Directeur général de Renault, Fabrice Combolive, avait donné quelques indications sur les ambitions du groupe en Algérie à des journalistes algériens. A ces derniers qui voulaient savoir si la reprise de l’usine RAP était temporaire ou allait s’inscrire dans la durée, M. Combolive a répondu que le groupe français « suit avec attention ce qui se passe en Algérie, parce qu’on a une usine qui a produit près de 80 000 véhicules dans ses meilleures années ». « On est très fier de ce niveau de production. Là, l’usine reprend pour utiliser les pièces qu’on avait envoyées en Algérie, et c’est déjà un premier signe positif, surtout après un arrêt de deux ans et demi », a-t-il avoué, avant d’évoquer l’avenir de cette usine. « Il faut qu’on regarde quelles sont les prochaines étapes. Je sais que nos responsables sur place discutent avec les représentants du ministère pour voir quelles vont être les prochaines phases », a-t-il souligné, alors que des échos d’Oued Tlelat font état d’un retour de Renault dans la durée par la porte de l’industrie mécanique.
Après Stellantis et son usine Fiat, d’autres projets d’industrie automobile devraient voir le jour en 2023. Ceci d’autant plus qu’après la publication du cahier des charges, plusieurs responsables étrangers ont manifesté l’intérêt de leurs constructeurs pour une implantation en Algérie. Sur ce registre, nous pouvons citer les déclarations les plus récentes, émanant de l’Allemagne, du Japon ou encore de la Chine.
Maintenant que le ministère de l’Industrie et le groupe Stellantis ont fait le premier pas pour asseoir une véritable industrie automobile en Algérie, d’autres constructeurs ne devraient pas tarder à transcender le stade des vœux et des souhaits pour s’inscrire, à leur tour, dans la stratégie mise en place par l’Etat algérien suivant le principe gagnant-gagnant.
Importations : l’heure des premiers agréments
Dans le cas de l’importation de véhicules neufs, l’année 2023 sera celle du retour des concessionnaires. Un retour qui devrait être entamé par l’attribution des premiers agréments aux opérateurs ayant déposé un dossier pour cette activité.
Ces derniers ne devraient pas tarder à recevoir une réponse des commissions chargées de l’examen et du suivi des dossiers, sachant que le délai maximal fixé pour cela est de 30 jours à partir du dépôt des dossiers. L’entame des dépôts ayant eu lieu le 28 novembre, ce délai a donc expiré. Néanmoins, une réponse des commissions ne signifie pas forcément l’octroi d’un agrément. Elle pourrait porter sur un rejet pour différentes raisons et obliger l’opérateur à passer par un recours auprès de la commission concernée.
Cela étant, sur les dizaines d’opérateurs ayant déposé un dossier pour la commercialisation de véhicules neufs, tous segments confondus, ils sont nombreux à affirmer qu’ils remplissent l’ensemble des conditions introduites par le nouveau cahier des charges et qu’ils n’attendent que la réponse du ministère de l’Industrie pour lancer les procédures d’importation et l’ouverture de leurs showrooms au public.
En ce sens, des responsables du ministère de l’Industrie n’hésitent pas à fixer « le premier trimestre 2023 » comme période d’entrée en Algérie des premiers véhicules importés par les concessionnaires, alors que ces derniers auront un long chemin à parcourir et de démarches à accomplir après l’obtention du fameux agrément qu’ils attendent depuis plus de deux années. C’est pourquoi, il y a ceux qui préfèrent évoquer le début du second semestre 2023, au plus tôt, pour l’entrée des premiers véhicules.
D’ici là, on aura sans doute un aperçu sur la portée de l’option importations de véhicules de moins de trois ans qui fera son retour dès l’amorce de l’année 2023 en offrant des exonérations de taxes douanières conséquentes aux acquéreurs. n